Voici un santon de la crèche provençale devant sa maison. Qui est-ce?
Dans la crèche provençale des nouveaux venus sont très bien accueillis! Tel est le cas de cette sainte hors du commun, qui est bien en place dans la tradition des santons qui fait la part belle aux petits et aux humbles.
Pour bien la connaître, on ne peut que recommander le magnifique livre de Véronique Olmi, Bakhita, Albin Michel 2017
C’est une formation des servants de messe qui se déroule dans une bonne ambiance, avec ses aspects tant pratiques que catéchétiques. On passe en revue les parties de l’eucharistie et on en arrive à l’offertoire. « L’offertoire c’est le moment où l’on présente les offrandes à Dieu. Pour que le prêtre puisse faire le geste d’offertoire, que devez-vous lui apporter ? » La dame se demande si les enfants vont répondre : « Le pain et le vin ! » ou alors : «le calice et le ciboire », mais c’est peu probable car les mots semblent un peu techniques pour leur âge. Quelle n’a pas été sa surprise d’entendre : « Le désinfectant. »
Rigoureusement juste, cette réponse, depuis que les consignes contre le coronavirus s’invitent au milieu de la théologie liturgique !
En fait il faut positiver et se dire que ce pauvre pain décliné en quelques hosties dans cette petite coupelle, cette pauvre lampée de vin versé dans cette humble coupe, opèrent la grande purification du monde. Il y faut une bonne dose de foi et d’espérance, mais cette réalité m’habite fortement au fur et à mesure que je deviens plus lucide sur l’état du monde. Car notre humanité en chacun de ses membres a surtout besoin de vraie purification de tous ces virus moraux et sociaux qui tournent autour de nos relations...
On aime poser des symboles au bord de nos crèches. Cette année je mets à côté de l’âne – ou carrément dans les mains de la Toute Pure - une petite bouteille en plastique de désinfectant et je pense à ce virus-là et surtout à tous les autres, de toutes sortes, dont Jésus vient peu à peu nous débarrasser.
Il y a d’abord dans la barque, deux héroïnes de la Camargue, les deux Maries vénérées aux Saintes-Maries-de-la-Mer : Marie Jacobé et Marie Salomé, présentes dans les différents évangiles de la résurrection (par exemple en Mc 16,1). A côté d’elles, débarquant sur le rivage, la célèbre fratrie des amis de Jésus : Lazare, Marthe et Marie, cette dernière étant souvent assimilée à Marie Madeleine, qui est aussi une grande sainte de Provence, à cause de son sanctuaire à la Sainte-Baume.
Cette année 2021 et pour la première fois, les trois saints : Marthe, Marie et Lazare de Béthanie sont célébrés le même jour le 29 juillet. La crèche provençale s’adapte en les présentant tous les trois au moment où, selon la légende, ils arrivent sur le rivage de Gaule après avoir fui la persécution de Palestine.
(En catimini, je remercie le Prieur de l’Abbaye de Saint-Maurice d’offrir à ses confrères, une magnifique crèche provençale avec ses centaines de santons, belle catéchèse de la bible et des traditions populaires !)
Dans la crèche des santons de Provence, qui sont ces cinq personnages, débarquant au Soleil levant, tout droit sortis de la bible et des belles légendes occidentales ?
Il s’agit de Baudelaire peint par Courbet au coin droit d’une immense toile qui se trouve au musée d’Orsay à Paris. L’œuvre s’intitule L’Atelier du peintre, avec comme sous titre : Allégorie réelle déterminant une phase de sept années de ma vie artistique (et morale).
Tout un programme pour une œuvre gigantesque représentant un bric-à-brac social incroyable, qui veut déstructurer les hiérarchies artistiques de son époque, en unissant des approches et des genres différents.
Charles Baudelaire est tout à droite, lisant dans le calme. Il représente la poésie : intégrée au monde, celle-ci en est en même temps séparée, comme pour nous ouvrir à un espace différent.
Un très beau détail : pour une fois c’est la peinture qui donne une bonne définition de la poésie.
Et quelquefois, ce qui se passe devant la toile est en connivence avec le thème même du tableau !
Un petit chemin tout ordinaire me mène devant l’ascenseur de mon monastère. J’appuie sur le bouton et j’attends pour monter. C’est bizarre : quand on veut monter en ascenseur, on regarde en l’air alors qu’on sait bien qu’il ne faut pas voir mais écouter vers le haut...
J’attends. J’écoute des bruits de ferrailles qu’il faut décrypter pour savoir si la cage va bientôt arriver. Il y a surtout des silences, puis les câbles en coulissant semblent se rapprocher, mais s’arrêtent à un autre étage ! Et il faut tout recommencer de ce guet impatient qui écoute les bruits de câbles ou de portes qui s’ouvrent et se referment...
Un confrère m’a assuré qu’en fait c’était tout à fait voulu que les ascenseurs soient si lents. Ils participent à la coalition sociale qui veut encourager les gens à bouger, à marcher et à monter les escaliers. Les entreprises d’ascenseurs règlent l’ouverture et la fermeture des portes, les réactions à la pression du bouton, dans une longueur juste assez exaspérante pour nous faire préférer l’escalier, pour nous convaincre de bouger, parce que c’est bon pour la santé.
On croit que les ascenseurs et les escaliers sont des ennemis. Que nenni ! Ils sont complices pour nous obliger à faire du sport, même quand on sort du repas et qu’on veut aller lire l’Écho Magazine tranquille dans sa chambre... Et voilà que je deviens complotiste. Je résiste encore un moment...
Bon, d’accord, je monte l’escalier et, lorsque je suis arrivé à mon étage, j’entends l’ascenseur qui arrive en bas et qui rigole de ne plus me voir.
Il s’agit bien d’un vitrail représentant les disciples d’Emmaüs.
Au premier abord, ce vitrail semble non figuratif et pourtant il illustre une scène biblique. Laquelle? Référence ?
Mon compagnon de route et moi, nous nous classons parmi les touristes, visant les belvédères et contemplant de haut l’eau émeraude qui glisse entre les parois vertigineuses. Tout en bas les amateurs de rafting s’en donnent à cœur joie.
Cela nous donne l’occasion de nous rappeler une parabole chère à un confrère commun : L’Eglise d’avant c’était une galère, tous alignés regardant en arrière, tirant les rames en cadence forcée, faisant confiance à celui qui, à l’avant, voyait la direction et imprimait le rythme...
L’Eglise d’aujourd’hui c’est plutôt un raft, canot-bouée en plastique, engagé en terrain très accidenté et en eaux tumultueuses, où chacun doit y mettre du sien (sa bonne condition physique, psychique et spirituelle) pour ne pas chavirer et garder le cap.
Je dis que l’image est ingénieuse mais un peu brute. Car le raft est un bateau de loisir qui ne sert à rien tandis que la galère peut transporter des marchandises... - Surtout du matériel de guerre, me réplique mon confrère...
Je cherche pour mon Eglise une image de bateau qui ne soit ni une galère, ni une bouée de vacances. Peut-être une barque de pêcheurs à Tibériade ?
Il s’agit d’une pelle à neige ! A quelques lacets de route au bas du col du Grand-Saint-Bernard, du côté italien, se trouve la chapelle de Notre-Dame des Neiges qui recèle cette peinture de la Vierge à l’enfant, avec l’attribut qui lui est attaché. Cette dévotion est liée aux travaux de déblaiement de la neige au printemps pour permettre l’ouverture du col aux voitures... Les travailleurs de la voirie, bravant le froid et les dangers d’avalanche, y demandent protection, même si les pelles et pelleteuses d’hiver ont actuellement une autre allure !
Collonges est un charmant village au bord du Rhône près de Saint-Maurice. On vient d’y restaurer la petite église paroissiale et le résultat est si magnifique qu’on ne peut qu’encourager les promeneurs du dimanche à aller faire une petite halte ravigotante dans la sereine atmosphère de ce joyau.
En plus de tout un travail d’assainissement des structures et de simplification de l’espace intérieur, la collaboration entre historiens et restaurateurs d’art, architectes et entrepreneurs, a permis de mettre en valeur quelques merveilles artistiques et d’en découvrir d’autres sous les revêtements que les restaurations antérieures avaient reléguées dans l’ombre des enduits.
C’est ainsi qu’une petite alcôve arquée est miraculeusement remontée à la lumière. Peinte d’un bleu délicat et ornée d’étoiles, elle s’est trouvée là, toute étonnée, candide et simple sur le blanc de l’arc principal, parfaite dans son humilité pour apporter une touche de bon sens paysan dans les décors peints et semer ses étoiles comme le semeur de l’évangile...
A elle seule cette petite excavation est déjà tout un message de délicatesse et de vérité. Mais on lui a redonné sa vocation première. On y a mis une belle Vierge, Notre-Dame de Liesse, présentant son fils aux visiteurs et aux priants.
Tout autour, des étoiles dansent, comme elles dansaient, il y a quelques lustres, lorsque les paysannes venaient lâcher sous elles quelques prières et quelques soucis... Et le coin est si vrai qu’on a envie de faire de même aujourd’hui.
Le village de Bondo fait partie du val Bregaglia, une de ces pittoresques petites vallées des Grisons (CH) tournées vers le Sud. Celle-ci a la particularité d’être à la fois italophone et protestante.
Son église romane date du 13e siècle et est dédiée à saint Martin.
A l’intérieur une grande peinture murale médiévale présente la Cène dans la disposition habituelle. Les apôtres et Jésus au centre, tous du même côté de la table. Pourtant quelques éléments sont très originaux. Le nom des apôtres est inscrit sur la nappe devant eux. C’est ainsi qu’on reconnait Jacobus Minor, Jacques le Mineur (non pas le terrassier mais le petit, le plus jeune par rapport au Majeur !)
Ce qui est aussi frappant, c’est qu’un des arcs de l’église tombe à droite de Jésus et défigure la composition, mais sans déranger outre mesure Jean qui dort sur les genoux de Jésus. Comme si l’église a connu après la peinture un remaniement architectural. On aurait dû faire autrement !
Ce qui est aussi très singulier c’est le contenu des mets de cette table très chargée. Outre de la viande, du pain, des fruits, les verres et les carafes diverses, on voit un nombre impressionnant de petits crustacés (genre écrevisses). Les apôtres se sustentent à cœur joie avec leurs mains et leur couteau. Rien n’empêche de penser que Jacques le mineur se laisse aller à se curer les dents, au grand dam ou à la grande joie du peintre qui « découvre » la scène, la Cène !
PS : l’église recèle aussi un magnifique Christ en gloire dans la plus pure tradition du Haut Moyen Age.
Un ami me fait parvenir une photo magnifique de la croix de l’Aboillon. Dans la région valaisanne d’Émosson, la pointe d’Aboillon domine des vallées enchanteresses qui languissent dans les lumières de l’automne. Et le regard de ceux qui l’ont conquise s’émerveille des crénelures grises et blanches de l’horizon lointain. La montagne telle qu’on l’aime.
Comme sur de nombreux pics de nos Alpes catholiques, une croix signe le paysage. Même contestées par quelques idéologues du laïcisme pur-sang, la plupart de ces croix sont en fer forgé ou en bois très massif, capables de résister aux rigueurs des climats d’altitude et de certaines rognes anti-chrétiennes.
La croix de l’Aboillon porte sur elle un crucifié, qui au premier abord, semble mal en point. Un des bras s’est détaché du Corps du Christ et semble comme projeté en avant. Non, ici le Christ n’est pas défiguré, au contraire il semble tellement désireux d’embrasser le monde que ses bras précèdent et accompagnent le désir. L’effet est saisissant.
Il n’y a pas toujours lieu de polémiquer sur la présence de signes chrétiens sur des hauteurs qui sont à tous. Mais justement ici, le crucifix de l’Aboillon semble tellement humble et candide avec son bras déchiqueté qu’on lui pardonne de vouloir embrasser l’univers entier. Il le fait avec une telle délicatesse désintéressée que même un alpiniste athée en reste bouche close. « La neige et les rochers s’étaient unis pour l’arracher... », mais peut-on ôter un si simple désir d’aimer.
Le baptistère de Parme qui se trouve sur la place de la Cathédrale est une œuvre exceptionnelle par son architecture, mais aussi par les sculptures et les peintures qui s’y trouvent.
Alors que l’extérieur présente une construction à 8 côtés, l’intérieur en a le double : 16 côtés avec presque l’aspect d’un cercle entourant la cuve baptismale centrale. Tout est fait pour que les baptisés et ceux qui les accompagnent bénéficient d’une large catéchèse et d’une belle méditation.
Un programme de décoration extrêmement sophistiqué fait défiler des thèmes liés au baptême mais aussi liés au déroulement des mois, des saisons et aux travaux des champs.
Cette statue-ci est intégrée à la présentation du mois de janvier, le mois de Janus. Elle représente le dieu symbolique de l’ouverture et de la fermeture de l’année. Janus a deux visages, un qui regarde vers l’avant et l’autre vers l’arrière.
Sur la photo nous remarquons qu’on a installé un miroir pour permettre aux visiteurs de voir la face arrière de Janus...
Je suis perplexe. Je m’apprête à visiter la petite église de Chandolin, sise parmi les mélèzes du Val d’Anniviers. Près de la porte et de quelques tombes, je lis cette inscription, bien façonnée dans du plomb noir : LE CORPS DE DIEU A SES ANCÊTRES.
D’abord A est-il le verbe avoir ou la préposition à ? Si c’est le verbe avoir, il est vrai que le corps de Dieu, c’est le corps de Jésus qui a des ancêtres dont la longue et magnifique liste de l’évangile de Mathieu, chapitre 1, témoigne...
Mais les ténèbres s’épaississent si l’on prend en compte que le corps de Dieu, ce n’est pas seulement le corps charnel de Jésus mais aussi son corps mystique, c’est-à-dire l’Eglise. Qui sont les ancêtres de l’Eglise ? Sans doute toute cette foule qui bouillonne dans l’Ancien Testament...
Si A est la préposition à, cela voudrait dire que le corps de Dieu, la communauté paroissiale actuelle rend hommage à ses ancêtres qui reposent en paix autour de l’église.
De retour chez moi, je trouve la solution. Le « Corps de Dieu » est l’association villageoise chargée d’organiser la Fête-Dieu de Chandolin. Par cette inscription elle veut rendre hommage à ceux qui ont fait vivre ce patrimoine.
Je me rends compte que les autres interprétations ne sont pas exclues mais au contraire donnent de la force à cette dernière.
Il s’agit d’une représentation du baptême de Jésus, dans le baptistère sis à côté de la magnifique cathédrale de Parme en Italie.
Sur un seul pan de fresque, le peintre représente plusieurs scènes qui défilent de droite à gauche. D’abord Jean-Baptiste baptisant au bord du Jourdain désigne Jésus qui vient à lui, puis il le baptise alors que le Père au-dessus lui insuffle l’Esprit et que des anges sur la gauche gardent les vêtements du Seigneur. La transition entre les deux scènes est subtilement aménagée par les gens qui se déshabillent pour recevoir eux aussi le baptême de Jean.
Oui il s’agit bien de Monsieur de Genève ! Saint François de Sales (1567-1622) est Savoyard à une époque où la Savoie n’est pas en France. Né d’une famille noble des environs d’Annecy, il étudie le droit à Paris, où il découvre la théologie. Prêtre, puis évêque de Genève, il réside à Annecy, car Genève est la "Rome" des calvinistes. Il fréquente les plus grands esprits catholiques de l'époque, notamment saint Vincent de Paul. Lui-même fonde, avec Sainte Jeanne de Chantal, l'Ordre des Visitandines pour mettre la vie religieuse à la portée des femmes de faible santé. Son "introduction à la vie dévote" est un ouvrage qui s'adresse à chaque baptisé. Dans un style tout sauf bigot, il y rappelle que tout laïc peut se sanctifier en faisant joyeusement son devoir d'état, en lequel s'exprime la volonté de Dieu. Ses ouvrages sont écrits dans une langue français savoureuse et restent des monuments de la littérature spirituelle.
Une pensée : On a besoin de patience avec tout le monde, mais particulièrement avec soi-même.
Son influence en Valais, dont les liens avec la Savoie sont immémoriaux, est claire. Le vitrail présenté ici est à l’église de Flanthey dans le Valais central.
Cette petite ville, au bord du Léman, n’est pas très loin de chez moi et pourtant, resté sur la rive du lac, je n’avais jamais traversé sa grand-rue ni pénétré dans la savoureuse atmosphère de son vieux temple.
C’est désormais chose faite. L’église a gardé son caractère médiéval et cistercien. Un mélange de roman et de gothique, délicatement sobre. Mais elle s’est permise aussi quelques audaces dont une particulièrement réussie. En 1936, on a demandé à Louis Rivier, un peintre protestant fort fécond en Suisse romande, de décorer toute une chapelle en haut dans le coin droit de l’édifice. Maniant avec une belle élégance le trompe l’œil et la fresque à l’italienne, navigant entre classicisme et art nouveau, Rivier livre une Nativité très originale. Il sort des compositions convenues avec l’enfant de la crèche au milieu, entouré de ses parents, et symétriquement de l’âne et du bœuf et ainsi de suite des personnages secondaires. Ici chaque berger, chaque ange, chaque fleur, chaque objet de l’humble ménage a son histoire propre baignée par une lumière qui vient de partout et de nulle part, ce qui accentue encore la chaleur du Mystère. Marie berce l’enfant Dieu dans un coin de mur ...
Et alors surgit une évidence. Dans un coin de l’église, dans un coin de la chapelle, dans un coin du mur, l’humilité de Dieu éclate dans toute sa gloire qui illumine Marie, Joseph, les bergers et les anges et finalement toute la création. L’humilité reste pour Dieu la manière la plus efficace de dire sa gloire. Il ne nous est pas interdit de l’imiter.
On a tous ses petits défauts, moi par exemple je déteste voir des plantes vertes posées sur les autels liturgiques. Cela m’agace. Mon esthétisme supporte des fleurs voisinant les cierges, mais tout juste, le vide disant mieux le mystère. Et donc quand j’en vois dans les églises mes humeurs intérieures s’aigrissent.
Je visite la basilique de Saint-Laurent-sur-Sèvre. Ce petit village de Vendée est un haut lieu de pèlerinage auprès d’un grand de l’histoire catholique, saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Prêtre d’exception, il a diffusé l’évangile et la dévotion mariale dans tout l’Ouest de la France et fondé des communautés religieuses qui ont d’ailleurs ici leur maison-mère.
Mais revenons aux plantes vertes. L’autel principal de la basilique – qui est très belle dans son style néogothique – est malheureusement affublé d’un immense pot en céramique blanche avec une plante dont l’allure triomphante m’exaspère. Je l’invective intérieurement et je la soupçonne, à l’allure de ses feuilles, d’être du chanvre ! La grâce du lieu faisant son effet, j’opte finalement pour un ricin qui me fait penser à Jonas :
« Le Seigneur Dieu donna l’ordre à un arbuste, un ricin, de pousser au-dessus de Jonas pour donner de l’ombre à sa tête et le délivrer ainsi de sa mauvaise humeur. Jonas se réjouit d’une grande joie à cause du ricin.» (Jonas 4,6)
Qui suis-je donc, moi, pour critiquer les plantes vertes si Dieu lui-même en fait pousser pour délivrer ses serviteurs de leurs mauvaises humeurs ?
Jean-Baptiste Scalabrini est un évêque de Plaisance en Italie (1839-1905). Il a mis la charité au cœur de son engagement d’évêque à une époque de grande insécurité économique. Il a vécu en un temps de forte migration des Italiens vers les Amériques et a désiré soutenir la foi et l’espérance de ces populations déplacées.
Fort de l’exemple du saint évêque de Milan en son temps, il fonde deux congrégations, les Pères et les sœurs de saint Charles Borromée, dévouées au soutien des migrants.
Il est béatifié en 1997 et son gisant se trouve dans sa cathédrale de Plaisance avec ses titres de gloire (que l’on peut voir sur la photo) : apostolo del catechismo (apôtre du catéchisme) padre dei migranti (père des migrants) amo il suo popolo (il a aimé son peuple)...
Les « Scalabriniens » , pères et sœurs, continuent leur charisme, même depuis que les communautés italiennes sont bien intégrées dans leur pays d’accueil. D’ailleurs ce charisme d’Eglise reste très important dans un monde où la migration demeure un problème majeur.
Il y a des sœurs scalabriniennes à Neuchâtel où elles travaillent dans la pastorale des migrants au sens large.
Cette semaine, on sort de l’art mais on reste dans une cathédrale qui contient le gisant d’un de ses évêques, un bienheureux qui a fait presque plus de bien hors de son diocèse que dans son diocèse, si l’on peut dire !
Une personnalité qui a influencé le catholicisme, jusque dans des communautés ecclésiales très lointaines...
Qui est-ce ?
Cela perturbe la préparation des connaissances pour accéder à la première communion. Les séances de catéchisme s’intensifient avec les agents pastoraux pour que tout soit prêt lors de la visite du curé qui vient vérifier l’état des connaissances : savoir réciter le Notre Père, le Je vous salue Marie et le Credo. Pour les deux premiers on s’en sort, pour le troisième moins. Mais sans doute mieux qu’en Europe où la mémorisation est ce huitième don de l’Esprit qu’on n’implore plus beaucoup !...
A l’inverse en Afrique, on n’est pas très regardant sur l’assimilation réelle, pourvu que les enfants ressortent de leurs entrailles les phrases constitutives de la foi. Mais parfois cela donne lieu à des quiproquos amusants.
Ainsi m’a-t-on raconté que, lors de la grande cérémonie où les premiers communiants crient à tue-tête le Credo, on entendait que Jésus est ressuscité et est descendu « aux uniformes », au lieu d’ « aux enfers » tant les deux mots ont des consonances proches lorsqu’on les a inculturés dans la langue locale : iniform, iferno... L’Esprit Saint, présent à l’église et à l’école, fait de l’hypertension.
Il s’agit bien (bravo à ceux qui l’ont trouvé) d’Isaac, fils d’Abraham, conformément au célèbre épisode de Genèse 22, 1-14. Pour tester sa fidélité, Dieu donna l’ordre à Abraham de sacrifier son fils unique Isaac sur la lointaine montagne de Moriah . Malgré la douloureuse incompréhension que lui inspire cette injonction vis-à-vis du fils de la promesse, Abraham obéit. Mais au dernier moment, lorsque Dieu a vu l’obéissance d’Abraham, l’ange du Seigneur intervient et lsaac est remplacé par un bélier, qui deviendra en christianisme le symbole préfigurant le sacrifice de Jésus, l’Agneau de Dieu...
Sur le portail central de la cathédrale de Laon (tout à gauche), Abraham, une main tenant un poignard et l’autre touchant la tête de son fils, se trouve en compagnie d’autres saints de l’Ancien Testament que j’ai de la peine à identifier.
Est-ce que les champions de mes énigmes ont des idées ?
Il a beau être un personnage biblique, il n’a pas l’air enchanté de figurer sur un portail de cathédrale. Qui est-ce ?
L’empereur romain persécuteur Valérien figure sur le tympan de la cathédrale San Lorenzo de Gènes. La cathédrale a été bâtie dans ce style italien et même ligure à pierres alternées claires et sombres, au 12e siècle. C’est un beau composé de roman italien et de sculpture gothique d’influence française.
La cathédrale est dédiée au diacre saint Laurent, grand martyr de l’Eglise romaine. Ce saint, originaire d’Espagne, serait passé par Gènes lors de son voyage entre sa patrie et Rome.
Sur le tympan figure au centre le Christ bénissant en majesté entouré des 4 évangélistes en leurs symboles traditionnels. En dessous, est présenté le martyre de Saint Laurent. L’empereur Valérien l’a condamné à mourir brûlé sur un gril, en 258, quelques jours après le martyre du pape Sixte dont il était le proche collaborateur. On voit donc l’empereur à gauche ordonnant à ses serviteurs d’attiser au soufflet le feu sur lequel est allongé Laurent. Le gril est l’attribut du saint et c’est une thème extrêmement répandu dans l’art chrétien.
Voici un détail du portail d’entrée d’une belle cathédrale d’Europe.
Sous l’ange de l’évangéliste Mathieu et le lion de Marc, siège un roi.
Est-ce un bon roi ou un mauvais roi ? Quels indices ?
NB. Pour le protéger des pigeons, tout l’ensemble est sous un grillage qui malheureusement n’améliore pas la photo... mais cela n’a rien à voir avec l’énigme !
L’art moderne s’est aussi emparé de cet emblème eucharistique. J’en ai vu une réplique extraordinaire dans une chapelle de la cathédrale de Plaisance dans la plaine du Pô.
Ulisse Sartini est un artiste, né en 1943 et aujourd’hui assez coté, de la vague hyperréaliste. On lui connaît de nombreux portraits, notamment des papes récents...
Chaque élément (les visages et les objets) raconte une histoire, inscrite dans le mystère de ce Dieu hyperréaliste qui se donne dans une bouchée de pain. Sur le bord gauche de la nappe, il y a un vase en porcelaine blanche. Très blanc et très proche du bord. Si on le regarde longtemps on se prend de vertige et on a envie d’aller le déplacer pour qu’un coup de coude d’apôtre ne le brise pas sur le sol d’un gris de granit. Une parole un peu trop forte de Jésus, le disciple attentif recule un peu et la porcelaine éclate en mille morceaux. Je ne sais pas si le peintre y a vu tout cela mais le spectateur retient sa respiration...
Sur ce détail nous pouvons voir la rencontre entre Pierre et Jean avec Simon le magicien qui exerçait son art en Samarie.
Cette rencontre met en évidence la sobriété de l’Esprit Saint dont témoigne les apôtres face à tous les artifices que met en œuvre Simon le Magicien.
Simon voulut notamment acheter le pouvoir des apôtres ; C’est de là que vienent les mots « simonie », péché de vouloir acheter des réalités sacrées spirituelles, et « simoniaque », l’adjectif-nom de la personne qui se livre à ce péché.
Cette « geste » se trouve au chapitre 8 (versets 9-21) du livre des Actes des apôtres mais est aussi développée dans des récits contemporains apocryphes...
Le cierge dit pascal, d’habitude beaucoup plus grand que des cierges liturgiques ordinaires, est béni et allumé au Feu de la vigile pascale et trône comme rayonnement de l’église durant tout le temps de Pâques...
Comme il représente le Christ ressuscité, sa décoration est à la fois très libre et très codifiée. On y trouve les signes de la passion dont les 5 plaies du Christ en croix, mais désormais glorifiés. On y voit aussi la date ainsi que l’Alpha (commencement de l’alphabet grec) et l’Oméga (dernière lettre de l’Alphabet grec) ; ces trois éléments démontrent la totale maîtrise du Ressuscité sur le temps, hier, aujourd’hui et demain !
Ce sont les cinq pièces de cire plantées dans le Cierge pascal lors de la Vigile pascale, qui symbolise (notamment) les cinq plaies du Christ, mais aussi le commencement et la fin. À l’origine, il s’agit de 5 grains d’encens. Après avoir allumé le cierge, le prêtre implante à chaque extrémité de la croix cinq grains d’encens symbolisant les plaies du Christ. Ce faisant, il dit : « Par ses saintes plaies, ses plaies glorieuses, que le Christ Seigneur nous garde et nous protège, Amen.
PS : On peut regretter qu’une paroisse catholique d’un village genevois et cossu ne soit pas en mesure de se payer un nouveau cierge pascal chaque année et doive maquiller la nouvelle date sur un ancien cierge !