samedi 30 juin 2018

la grève des trains

La SNCF est sous les feux de l’opinion publique à cause de la grève à répétition de ses employés qui protestent certainement avec de bonnes raisons sur les détériorations de leur outil et de leurs conditions de travail.

Je ne peux ainsi m’empêcher de mettre en parallèle la SNCF et la SNCC (Société nationale des chemins de fers du Congo). Cette dernière est un héritage héroïque de l’histoire de colonisation (Que de morts indigènes le long des voies des premières lignes aménagées par la pure barbarie des colons !) et de la décolonisation : l’entretien ayant été abandonné, les grandes lignes pourtant essentielles à la cohésion économique du pays végètent et s’enfoncent dans la végétation !

Kananga, la grande ville proche de ma Colline, est située sur l’artère ferroviaire qui - après les fleuves navigables - relie Kinshasa à l’ouest à Lubumbashi à l’extrême sud-est. Dernièrement les cheminots de Kananga ont fait grève, parce qu’ils n’avaient plus reçu leur salaire depuis 120 mois (10 ans !) Cela paraît à peine croyable. Mais le gouvernement a abandonné le réseau ou plutôt en pille les dernières ressources sans améliorer les structures ni payer les employés.

Pourquoi ceux-ci restent-ils ? Sans doute ne travaillent-ils pas beaucoup, mais demeurent accrochés à un avenir meilleur... et comme en Afrique on a le temps !

Toujours est-il que pour marquer ce triste jubilé, les travailleurs se sont mis en grève et les autorités, n’ayant pas d’argent ou ne voulant pas le sortir, ont permis aux employés de lotir la très vaste concession de la gare, de s’approprier des lots et d’y construire des maisons... Cela a mis fin à la grève.


Autre drame ferroviaire : dernièrement un des derniers trains qui circulent au Kasaï a déraillé. Il semble qu’il manquait de carburant et que dans une montée, le train a fait marche arrière à toute allure et s’est renversé. Il était bien sûr bondé.  Il y a eu des morts. Mais impossible de savoir combien : deux informations sur internet font état d’un mort ou de trois morts. Mais il semble qu’ils étaient beaucoup plus nombreux d’après l’augmentation des deuils en ville. On a parlé de 500 morts. C’est sans doute exagéré, mais « internet » a certainement exagéré dans l’autre sens ! Un tel déni de réalité serait impossible en Europe.

vendredi 22 juin 2018

l'oecuménisme


La visite du Pape à Genève est un événement œcuménique considérable, une pierre blanche sur un chemin de sable.
La semaine passée je parcourais les chemins de ma paroisse congolaise à moto pour aller célébrer dans une chapelle lointaine (dans la quelle se trouvent mes petits paroissiens de la photo !).
Sur un de ces bancs de sable qui rendent la circulation à moto dangereuse durant la saison sèche, je pense à la visite du pape à Genève et je demande à mon confrère chauffeur de s’arrêter pour que je puisse photographier un de ces hangars de prière que les sectes et églises évangéliques diverses sèment partout dans la brousse (en paille) ou en ville (en tôle ou tissu !) ...
Les sectes, micro-églises, communautés diverses sont si nombreuses que j’ai l’impression un peu cynique que leur principal souci est de trouver un nom qui les distingue de la voisine qui prie à deux pas. On rivalise d’ingéniosité (Eglise du Christ du Congo, du Réveil mondial, de la foi des derniers temps), d’obscurité théologique (Logos-Rhéma...) ou de poésie (Lys Tabernacle des témoins...)
Mais j’ai aussi eu l’impression que l’imagination s’essoufflait lorsque j’ai vu écrit sur un panneau décrépit : Eglise interdénominationnelle (9 syllabes !). Je me demande si elle regroupe des communautés qui n’ont pas encore trouvé un nom qui leur convienne !
Ici les Eglises naissent et meurent que l’herbe des champs qu’on utilise pour couvrir le toit des lieux de prière ! L’œcuménisme est donc difficile, et souvent peu souhaité car chacun a tendance à développer son « affaire » en critiquant le concurrent et en assurant qu’il est mieux que lui, plus efficace que lui. Or l’Eglise catholique et les autres Eglises depuis longtemps implantées au Congo et que je nommerai « stables », ne sont pas exemptes de cette triste tentation.
Nous sommes là au cœur du problème œcuménique.

PS : de toute façon la grande religion mondiale c'est le foot, même les enfants de ma paroisse exhibent avec joie un ballon artisanale qui ressemble, malgré eux à un globe terrestre! 



samedi 16 juin 2018

les papas


Vu l’énorme succès de mes photos de mamans pour la fête des mères au mois de mai, voici quelques papas de ma paroisse en hommage à tous les papas du monde pour la fête des pères de la France !






samedi 9 juin 2018

le haïku du papillon

Le papillon s’endort
Paresseux
Sur un lac d’or :
Une fleur

l'Afrique !


Joie. Je viens de terminer le meilleur livre sur l’Afrique d’aujourd’hui que j’aie eu en mains! 
AFRICA TREK 1 et 2, 14'000 km sur les pas de l'Homme
(Robert Laffont, 2005, 2 tomes en Pocket!).
de Sonia et Alexandre Poussin.
 Ils ont fait entièrement à pied, avec de petits sacs à dos, une immense randonnée du Cap (Afrique du Sud) à Tibériade (Israël) en traversant l’Afrique, du Sud au Nord, en privilégiant les lieux des origines des hommes…
On passe avec eux, depuis la pointe de l’Afrique du Sud, au Lesotho, au Zimbabwe, au Mozambique, au Malawi, en Tanzanie, au Kenya, en Ethiopie, au long du Nil au Soudan et en Egypte, pour finir en beauté au Mont des Béatitudes en Israël... Chaque pays, chaque région y est accueillie avec humilité et simplicité et décrite avec une vérité poétique et une grande solidarité humaine.
Cet ouvrage est vraiment génial pour ceux qui voudraient connaître ce continent : ce qu’il a de beau, ce qu’il a de désolant, l’espoir et le désespoir, la culture et les coutumes, les guerres, les problèmes d’aujourd’hui… au ras du sol puisqu’ils vont à pieds au milieu des tribus, mais aussi des lions, des serpents et des merveilles.
Et c’est un couple (ils vont d’ailleurs finir le périple à trois !), ce qui donne du piment à l’affaire. Un couple très fin dans ses synergies conjugales, très ouvert aux perspectives religieuses, à l’art et aux sciences de l’homme (sociologie, politique, ethnologie, paléontologie, écologie humaine...)
Ils touchent à tout avec un regard léger, frais (malgré des chaleurs étouffantes même pour le lecteur). Un regard vrai qui fait plaisir et qui grandit.
Et c’est très, très bien écrit, un peu à la façon de Nicolas Bouvier, qui est pour moi le sommet de l’écriture! (celui dont on voudrait avoir écrit les livres!). J’ai toujours regretté que Bouvier, qui a su si bien peindre le Japon comme l’Ecosse, la Serbie comme Ceylan n’ait pas posé ses pas en Afrique. Grâce à Sonia et Alexandre, je le regrette moins.