mardi 26 septembre 2017

deux premières africaines pour saint Maurice



Me voilà sur ma colline depuis dix jours, tout à la joie d’y avoir bien fêté nos patrons Maurice et ses compagnons, martyrs, le 22 septembre.

Plusieurs éléments ont fait de cette fête de la colline une réussite : Les quatre aspirants de notre communauté (dont je suis le maître de formation) sont devenus postulants, deuxième étape pour devenir Pères de Saint Maurice. Ils ont reçu la petite croix « de saint Maurice » aux vêpres de la veille de la solennité.

Ensuite toute la communauté, habillée d’une chemise commune, a proclamé, après la messe, la Passion de Saint Maurice en tshiluba, la langue du Kasaï. Ce fut une belle aventure de créer un texte français qui raconte l’histoire de Maurice de façon à être compris dans cette culture kasaïenne, puis de lancer les jeunes formés dans la traduction en langue locale. Dans notre Kasaï meurtri, les mots de la foi « jusqu’au bout de l’adversité » avaient quelque chose de profondément émouvant.

Autre émotion. A Saint-Maurice-en-Suisse, le 22 septembre résonne souvent du magnifique refrain « Les âmes des martyrs sont dans la main de Dieu ». C’est le leit-motiv de la fête. Une inspiration subite m’a permis de proposer une traduction qui se calque sur la mélodie :

MIOYO YA BAKANE MU TSHIANZA TSHIA MFUMU
( LES COEURS DES JUSTES DANS LA MAIN DU SEIGNEUR!) 


Peut-être en première africaine, la mélodie dans ses nouveaux habits inculturés court désormais par la savane.

dimanche 17 septembre 2017

le retour sur la Colline


Je suis de retour sur ma colline au Kasaï depuis vendredi 15. Le voyage s’est bien passé dans les petites péripéties habituelles, et j’ai trouvé la colline calme avec son lot de petites aventures, joies et tristesses. Anthologie en quelques anecdotes (toutes vraies !)

A l’aéroport de Kinshasa et en partance pour Kananga, j’arrive pour me faire enregistrer dans l’habituelle cohue indescriptible. Je demande de l’aide à une dame qui semble être une auxiliaire de sécurité, vu son gilet fluo (qui peut être un faux). Moyennant un pourboire, elle est d’accord de passer par les différents gichets à ma place et la première question qu’elle me pose : Est-ce que vous voulez qu’on contrôle vos bagages ? Si vous me donnez 5 dollars, on ne les ouvrira pas. Donc moyennant 5 dollars, j’aurais pu prendre une bombe dans ma valise... je paie tout de même car cela m’agace qu’on manipule mes slips et mes bréviaires.

Entre Kananga et la Colline il y a désormais une nouvelle barrière. Pour mieux rançonner les cyclistes qui apportent péniblement leurs énormes ballots de marchandises en ville, les militaires ont installé une barrière « de contrôle » près du pont. Le passage du pont étant obligé, plus moyen pour les pauvres vélos d’éviter les militaires par de savants raccourcis ou détours.

La vieille Rosalie est morte, vendredi, dans sa petite case du village.  Elle venait souvent nous titiller les nerfs à la porte de la maison. Durant la première nuit du deuil, ses petits hamsters lui ont mangé les doigts. Ce qui ne décourage pas les voisines qui vont hériter des hamsters pour s’en nourrir.

Pendant le match à la télévision, dans la cour de notre maison, ce samedi soir, un serpent a essayé d’entrer par la grande porte. Voulait-il voir le match lui aussi ? Il a été illico envoyé dans un autre monde par un des quarantes jeunes qui voulaient être tranquilles pour leur loisir dominical. L’équipe congolaise a vaincu une équipe soudanaise 2-1.

Ce dimanche à la messe nous avons fêté les 70 ans de Maman Emérence, la caissière de notre paroisse. Elle voulait la discrétion mais c’est loupé. Après la quête en espèces (qui a rapporté 5 CHF pour environ 300 personnes – le curé était exaspéré, moi moins !), elle s’est avancée pour offrir une bouteille de vin de messe et des hosties, avec sa belle fille qui a offert un lapin et ses deux petites filles qui apportaient des cierges et des allumettes ! Magnifique.