vendredi 28 janvier 2022

Humanité



La ville italienne de Gènes a une histoire magnifique de maîtresse de la Méditerranée et de mère de Christophe Colomb. Mais sa situation coincée dans cet espace étroit entre mer et montagne a de la peine à digérer le développement exponentiel de son urbanisme ; le génie civil ne suit plus ; les autoroutes, sur des ponts vertigineux et dangereux, voisinent les immeubles et semblent entrer dans les salons des citoyens...

Même le vieux port du centre historique est défiguré par un viaduc qui par-dessus les quais emmène les véhicules dans quelques banlieues voisines. D’une hideur désespérante.

Mais il ne faut pas désespérer de l’homme et du génie italien. Sur un pilier de cette horreur bétonnée qu’il a coloré en un bleu-vert de la mer toute proche, un artiste a peint un adolescent de dos en train de griffonner un soleil... et voilà que tout désormais est transfiguré dans la poésie.

Un tag commente la peinture : Restiamo umani, nous restons humains. C’est en fait une citation du journaliste Vittorio Arrigoni, mort assassiné à Gaza durant une des crises palestiniennes. Mais cela a une portée universelle. Et en cette ville ouverte sur le monde par les chemins historiques de la mer, cette phrase prend un sens particulier. Malgré les laideurs de beaucoup de nos actions et réalisations, nous restons humains, tous ensemble et chacun en particulier ; c’est notre dignité et nous avons à l’être toujours davantage. 

mardi 25 janvier 2022

la solution de l'énigme biblique ... saint Luc !


Dans la cathédrale de Tulle, en Corrèze, se trouvent plusieurs magnifiques tapisseries. Il faut dire que c’est une spécialité du coin. Aubusson n’est pas loin et cette petite ville a porté loin à la ronde l’art de la tapisserie. Il est normal que, dans l’église-mère du diocèse, on ait mis en évidence ce produit d’origine contrôlée ! 



Une d’entre ces oeuvres représente les quatre évangélistes avec leurs attributs. Saint Luc est accompagné de son taureau mais il est assis à une table spéciale. Sur le plateau on voit des instruments médicaux et sur des étagères des fioles. C’est que la tradition s’appuie sur un mot de saint Paul, qui faisait référence à lui en tant que « le médecin bien-aimé » (Lettre aux Colossiens 4,14)

 

samedi 22 janvier 2022

l'art

Je tombe sur une revue d’information immobilière, j’en feuillette quelques pages et je m’arrête au début d’un article sur cette phrase : « Il travaille dans et avec la nature et considère l’arbre comme la plus parfaite des sculptures ». 

Il s’agit de Giuseppe Pennone, un artiste italien, membre d’un courant appelé l’Arte povera, l’art pauvre, parce que ses adeptes utilisent, par résistance à l’industrialisation forcenée du monde, des matériaux pauvres : du carton, des tuyaux rouillés, du charbon, des cordes, du bois...

A l’intérieur de ce mouvement, Giuseppe Pennone se caractérise par une attention amoureuse pour les arbres et la nature en général. Il déstructure nos idées sur la nature que l’art est censé copier. Pour Pennone il n’y a pas lieu de séparer l’art de la nature qui est elle-même la première et la grande artiste. On est assez d’accord et il nous l’illustre avec brio. 

Il a moulé sa main et en a fait un bronze qui enserre un petit arbre. Mais celui-ci est naturel et vivant, et donc la « sculpture » initiée par l’artiste, va se transformer au fur et à mesure que l’arbre grandit, s’approprie le bronze et se laisse transformer par lui. 

Année après année, le couple siamois, arbre et bras, s’épouse plus « profondément »... et l’arbre devient comme un artiste maudit, martyrisé par l’art qui lui triture la chair. Un peu comme la nature est martyrisée par les élucubrations de l’humanité, cette folle artiste qui rêve toujours plus loin... Mais là je suis sûr de m’éloigner des aspirations de Pennone. 


samedi 15 janvier 2022

le temps qui passe

 Je considérais la petite ville de Viège dans le Haut Valais comme une cité industrielle, ce qu’elle est assurément dans la plaine où s’étalent les infrastructures pharmaceutiques qui fabriquent des vaccins anti-coronavirus. 




Mais dans la pente, proche de la vallée qui monte vers les célèbres Zermatt et Saas-Fee, s’étire une charmante vieille ville médiévale qui se laisse facilement apprivoiser à travers venelles et placettes. 

En haut, devant l’église paroissiale Saint-Martin, une sculpture rappelle l’épisode du saint partageant son manteau avec un pauvre. A l’autre bout de la place, un très élégant palais de justice, à la délicate architecture ancienne, y va aussi de sa petite exhortation morale. Sur son mur un cadran solaire livre une énigme latine : omnes time propter unam, crains -les toutes à cause d’une seule. 

De qui s’agit-il ? Des femmes, qu’il faut toutes craindre à cause de sa légitime ? Des bouteilles de païen, le vin du cru tout proche, à cause de celle qui nous culbutera dans le ravin ? Non, il s’agit bien sûr des heures, qu’il faut toutes craindre à cause de la dernière qui nous fera basculer de l’autre côté ... Je trouve cette morale un peu pessimiste. Soyons plus enthousiastes avec ce temps qui s’écoule. Usons au mieux de ce qui nous est donné, partageons-le, comme saint Martin, avec les autres et les heures fileront sans crainte, allégrement, vers une éternité bienheureuse, vers un bonheur éternel. Carpe omnes. (C’est une énigme !)

samedi 8 janvier 2022

des mésanges en hiver



En Haute-Savoie, près de la vallée de l’Arve, pas très loin de la Suisse, se trouve la petite ville de Taninges qui s’étend sur un plateau rural et touristique. C’est dans ce cadre que se trouvait la chartreuse de Mélan. Il n’en reste plus grand chose : une église, un cloître et quelques communs, le tout rassemblé en un espace culturel dernier cri. J’y fais un tour, mais préfère les extérieurs. 

De belles pelouses accueillent une exposition permanente de sculptures d’art moderne. L’esprit et le cœur y vagabondent. Une installation attire particulièrement mon attention. C’est un bosquet d’herbes hautes d’où émergent de longues perches de métal sur lesquelles sont perchés des passereaux. Ils ont l’air de monter, de descendre et de s’y accrocher vigoureusement.

Ce serait simplement joli, si cela n’évoquait une tragédie. Car cette œuvre est un mémorial. Après la fermeture du monastère à la Révolution, la chartreuse est devenue un collège puis un orphelinat départemental. Le 6 mars 1967, un incendie éclate faisant dix-huit jeunes victimes et détruisant la majeure partie des bâtiments. 

Il y a une résilience dans l’histoire des hommes ; ainsi a-t-on relevé ce qui pouvait l’être et le site est devenu un magnifique centre culturel départemental.  Mais il reste le cri du destin de ces 18 enfants...  

Y a-t-il une résilience possible ? Les petites mésanges de bronze sur leur perche rappellent que chaque vie humaine fauchée par le malheur est une mélodie de moins dans le chant de l’histoire. 

vendredi 7 janvier 2022

la solution de l'énigme de l'Epiphanie : Charles-Frédéric




Charles-Frédéric Brun, plus connu sous le nom du « Déserteur » est un peintre très mystérieux. On n’a aucune certitude sur sa nationalité et son origine peut-être alsacienne.  

Parlons un peu de ce personnage mythique. Brun, peintre imagier venu de France, arriva en Valais (Suisse) à la moitié du 19ème siècle. D’abord caché au Trétien dans la vallée du Trient, il a ensuite sillonné les chemins de montagne entre Nendaz et Hérémence, accueilli dans les familles pour qui il réalisait ses images colorées, simples et naïves. Le Déserteur amenait un peu de gaieté dans les chambres paysannes basses et sombres, aux petites fenêtres, où se réunissait toute la tribu. En contrepartie, on lui offrait la soupe, une tranche de pain et de fromage, et même la nuit dans le foin de la grange voisine. « Il vécut en SDF, la peur des gendarmes au ventre, se cachant entre Nendaz et le val d’Hérens jusqu’à sa mort en 1871 ».

Toute un part d’ombre dans sa vie, toute une épiphanie de lumière dans sa peinture ! 

 

mercredi 5 janvier 2022

l'énigme oblique de la semaine de l'Epiphanie

Voici une Epiphanie, dans un genre naïf et populaire, mais admirablement bien composée, avec un trait très sûr et des couleurs très fines. 

Quels sont le prénom et la nationalité de l’auteur ? 




lundi 3 janvier 2022

la solution de l'énigme des santons de la crèche : Cézanne

Bravo à tous ceux qui ont reconnu Paul Cézanne (1839-1906), en train de peindre une vue de la campagne provençale qui avait toute sa faveur, le Mont Sainte Victoire.




Parmi les santons de la crèche provençale, Cézanne a la particularité de se dédoubler. Les santonniers le représentent avancé en âge devant sa maison en train de peindre et mais aussi comme jeune peintre courant la lumière sur les chemins de Provence.