vendredi 23 avril 2021

le dallage et la fourmi




Un jeudi soir de mars, 18h, heure de Kigali, notre fuseau horaire au Kasaï. Je suis dans notre petit oratoire de communauté pour notre heure d’adoration hebdomadaire. J’aime bien cette pause de silence un peu frais après les chaudes agitations de la journée. Le soleil descend sur l’horizon dans mon dos. Moi je regarde le Saint Sacrement enchâssé dans un ostensoir en bois décoré à l’africaine par la menuiserie « d’art » de la colline. 

De temps en temps, j’ose l’avouer, mes yeux partent ailleurs. Notamment sur le dallage de la chapelle. Il est décoré de volutes croisées rouges et noires qui font comme des chemins bien agencés sur le sol gris. 

Je vois une fourmi, toute petite, déambulant sur ce bel enchevêtrement. C’est passionnant, une fourmi. Qu’est-ce qui se passe dans sa minuscule tête pour agiter fébrilement ses pattes sur des chemins de hasard ? Elle avance, puis rebrousse chemin, vire à gauche, puis fonce en avant. Qu’est-ce qu’elle cherche ?

Il me faut tirer une leçon de ma fourmi pour que cet instant de mon temps d’adoration devienne aussi prière devant mon Seigneur... Alors je me demande si, alors que nous nous efforçons de le regarder, ce n’est pas lui, le Seigneur Très haut et surplombant tout, qui regarde par terre et se demande ce qui se passe dans nos minuscules têtes, dans nos âmes infimes, pour courir à tout-va sur des chemins peu ordonnés. Heureusement, contrairement à moi, sa bienveillance légendaire n’est pas tentée de nous écraser d’un fatal coup de semelle. 

samedi 17 avril 2021

la solution de l'énigme de la semaine


Un exercice de groupe d'une session de formation médicale !


Peu à peu ma colline kasaïenne se profile comme un lieu privilégié pour organiser des sessions de formation. Pour le moment nos structures d’accueil sont déficientes mais notre succès repose malgré tout sur la beauté des lieux ombragés, des pelouses bien entretenues piquetées par le vol des hérons blancs derrière lesquels le fleuve se laisse voir en contrebas....

 

Cette semaine nous accueillons une vingtaine de médecins en session de formation continue. Nous essayons de les choyer tant la situation sanitaire est ici désastreuse quand le coronavirus s’insinue au milieu de la malaria, de la typhoïde et des malnutritions... 

 

Un matin j’arrive sur la vaste esplanade lorsque je vois docteurs et doctoresses en groupes de quatre ou cinq répartis largement à travers notre vert gazon. Ils ont tous un bandeau sur les yeux et sont reliés les uns aux autres par une corde qu’ils tiennent en mains. Consigne : sans voir, ils doivent ensemble former une figure géométrique avec la corde. Ils se débrouillent comme ils peuvent. 

 

La leçon de l’exercice, au premier abord assez ésotérique, consiste à se rendre compte qu’on peut travailler ensemble, à une cause commune (la santé des concitoyens), même si on ne se voit pas. Il y a mille et une manières de communiquer et de faire confiance en l’autre. 

 

Confiance, malgré tout. C’est le mot clé. Savoir se relier et communiquer même dans des situations critiques. Et Dieu sait si la situation de ce pays est difficile. Mais la confiance est bienvenue partout.


 

samedi 10 avril 2021

le dimanche de la Miséricorde

 Allons plonger encore et encore dans l'immense Bienveillance de notre Dieu ...


(piqué sur Facebook)

samedi 3 avril 2021

la solution de l'énigme : une lyre de brousse




C’est un instrument de musique, une sorte de lyre de brousse que j’ai trouvée comme abandonnée sur un mur dans un village de notre paroisse congolaise.


 

Comme je demande comment on en joue, je m’aperçois que c’est un instrument à corde à la fois très traditionnel et très moderne puisqu’il lui faut une bassine en plastique pour faire caisse de résonnance. L’installation demande l’agilité des pieds d’un enfant, qui tiennent liés le système des cordes et la bassine, en même temps que la dextérité de ses petits doigts pour développer des mélodies. 


La démonstration faite sous mes yeux fut magistrale et le concert applaudi par petits et grands. 


 

Alors je me prends à rêver et j’imagine qu’il y avait un enfant comme celui-ci sur le rivage de la Mer Rouge lorsque la sœur de Moïse a entonné le chant de victoire sur Pharaon. 

Peut-être y avait-il, derrière les arbres du jardin, un enfant comme celui-ci - un ange - avec sa lyre de l’aube, pour chanter, délicatement et si doucement, le psaume 29 au matin de la résurrection :

 


Quand j’ai crié vers toi, Seigneur,
mon Dieu, tu m’as guéri ;
Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme
et revivre quand je descendais à la fosse.

Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles,
rendez grâce en rappelant son nom très saint.
Sa colère ne dure qu’un instant,
sa bonté, toute la vie.

Avec le soir, viennent les larmes,
mais au matin, les cris de joie.
Tu as changé mon deuil en une danse,
mes habits funèbres en parure de joie.

Que mon cœur ne se taise pas,
qu’il soit en fête pour toi,
et que sans fin, Seigneur, mon Dieu,
je te rende grâce !

 

BONNE FÊTE DE PÂQUES À TOUS