dimanche 24 avril 2016

les Europes

Ljubljana, en Slovénie, s’enorgueillit d’être l’une des plus petites et charmantes capitales européennes, une cité dont le nom signifie « L’Aimée ».

Au centre de la vieille ville blottie contre une colline couronnée de son château se trouvent « les Trois Ponts ». C’est en fait un ouvrage architectural unifié à trois tabliers qui permettent de passer le fleuve, l’épine dorsale de la cité historique. Le symbole est là, nous sommes à la transition entre plusieurs mondes, plusieurs Europes.

En cet après-midi de printemps, sur un côté du pont se trouve un musicien ambulant avec son accordéon et son costume folklorique tyrolien, chapeau compris. Il y va de sa ritournelle allègre qui fait penser à « la Mélodie du bonheur »...

On passe nonchalamment le pont et de l’autre côté un vieux « paysan des Balkans » chante une mélopée fragile et grave, rauque et tragique, accompagné d’un intrument à corde unique qu’il fait vibrer avec un petit archet. J’ai mis une obole dans la boîte de celui-ci ! Il me paraissait plus authentique que le Slovène tyrolien, mais peut-être me suis-je fait avoir !


Un peu plus loin, dans une rue interlope, un tag me recommande : « Don’t think » (ne pense pas !)... Est-ce une autre sorte d’Europe qui s’invite ici ? Laquelle ? Un reliquat de communisme totalitaire, où tout était fait pour qu’on ne pensât pas ? Ou alors le consumérisme du capitalisme dont les magasins de marques envahissent les rues pavées ? Je ne trancherai pas.

samedi 9 avril 2016

la Bible

Le temple de Villars-le-Grand, dans le Vully vaudois, a une forme orthogonale allongée, typique d’une certaine époque de l’architecture protestante de Suisse romande. Les bancs sont disposés autour d’une chaire monumentale en beau bois et d’une très petite table eucharistique.

Un petit bijou de simplicité et sobritété. Tellement sobre et simple qu’il semble – en apparence et au premier abord – qu’on n’a pas trouvé de lieu spécifique pour déposer la Bible, qui est pourtant centrale à la liturgie protestante. Qu’à cela ne tienne. On l’a ouverte sur le rebord d’une fenêtre, une des grandes ouvertures à sommet arrondi, qu’on ne peut appeler vitrail car ses verres sont de simples vitres. Et pourtant quel vitrail : dehors des feuillages s’agitent dans un printemps verdoyant et apaisant ; c’est très beau ; on a l’impression que les arbres sont commes des prophètes criant la prophétie sortie du Livre sacré.

Ainsi la Bible nous invite à l’extérieur. Tout ce qui est écrit en elle, tout ce qui est proclamé à partir d’elle nous invite bien sûr à l’intérieur de nous mêmes vers une exigence de vérité et d’intimité, mais en même temps et plus encore vers le monde, là, hors de nos églises et de nos temples.


La Parole Sainte nous apprend à lire le monde, à le regarder avec bienveillance, à être de plus en plus lucides sur ce qui s’y passe et ce qui s’y vit.  La Parole est destinée à envahir le « dehors » tel qu’il est, avec ses arbres et ses humains qui s’agitent aux vents de toutes les saisons.