mercredi 31 août 2016

la rentrée scolaire

La rentrée scolaire du 6 septembre approche et on s’agite de toute part dans les familles pour les achats de préparation : uniformes, cahiers, bike (le mot tshiluba pour dire stylos !) etc...

Dans notre paroisse, pour contrer le manque patent de finances des parents, nous avons organisé une « Action Rentrée Scolaire » (merci à tous ceux qui m’ont aidé à la mettre sur pied). Elle a bien fonctionné puisqu’elle a permis à 120 jeunes (des niveaux des écoles secondaires et tertiaires) de travailler pendant quelques jours pour la paroisse et de recevoir un petit pécule qui mettra du beurre dans leurs épinards scolaires !

Il y en a même qui ajoutent du beurre au beurre. Jean-Claude a utilisé une partie de son argent pour acheter un bidon de carburant et le vend au détail à un carrefour de la colline ! Cela ajoute du bénéfice au produit de son travail.

C’est la débrouille qui sauve ce pays d’un naufrage total. Ce serait bien que les Jean-Claude soient de plus en plus nombreux !

jeudi 25 août 2016

le tri des déchets

Avant la messe de ce dimanche matin, c’est un moment délicat, je dois me faire couper les cheveux. Même s’il s’agit d’un simple rasage de la tête à 6 mm, j’ai peine à trouver un coiffeur qui soit d’accord de s’attaquer à une chevelure si étrange et exotique. Un de mes amis s’y risque. Me voilà donc sur la pelouse entre la maison et l’église et sur une chaise en plastique bleue. L’opération ne prend pas beaucoup de temps et après le « C’est fait », je vois mon coiffeur ramasser mes cheveux coupés, dans l’herbe, avec l’intention de les mettre à la poubelle.

Les poubelles, c’est mon domaine et c’est exaltant de voir une colline de plus en plus propre. J’en ai installé trois sur la colline et j’en projette encore trois autres à des endroits stratégiques. Maintenant le défi est le tri. Il s’agit d’expliquer à toutes les bonnes volontés qu’une feuille d’arbre ne se met pas nécessairement dans la poubelle mais que par contre la feuille en papier froissé oui ! que la tige de la fleur coupée est bien où elle est, dans le jardin, mais que le bâton en plastique de la sucette doit aller à la poubelle. J’aurais pensé que les choses étaient plus simples mais c’est presque aussi compliqué que d’enseigner les conjugaisons latines...

Et des cheveux coupés ? Peut-on les laisser sur la prairie ? Je pense que oui, c’est de l’organique, et donc éventuellement de l’engrais à gazon... Mais j’hésite. Mon coiffeur pas : - Pour nous les Africains les cheveux humains ne doivent pas être laissés n’importe où. - Respect de la vie ? – Oui... (et après un temps de silence) Et puis un féticheur pourrait trouver tes cheveux de blanc et en faire quelque chose de mauvais pour toi et pour nous !


Et dire que je croyais être le meilleur de la colline quant au tri des déchets. On n’a jamais fini d’apprendre.

vendredi 19 août 2016

l'insécurité


Le gouvernement central a décrété trois jours de deuil national suite au massacre d’une quarantaine de personnes, à Beni. Des soldats djihadistes de ADF (groupe islamiste fanatisé venu de l’Ouganda) ont attaqué et tué de paisibles habitants de cette ville de l’Est du pays en guerre.
La RDC a sa part dans la violence islamiste internationale, mais cette part n’est pratiquement pas répercutée dans les médias. Le Pape François s’en est ému dans son discours de l’Angelus du août, et il a raison. D’autres personnes vont encore plus loin et dénoncent le manque de volonté du gouvernement dans la lutte contre les milices qui grangrènent l’Est de la RDC, dont seule une petite partie est islamistes.

Dans notre province du Kasaï central, la rébellion du chef coutumier de la ville de Tshimbulu a fait long feu et on enterre les morts : 11 soldats et policiers tués par les milices rebelles, qui de leur côté déplorent la mort de 8 miliciens. Le chef serait mort, tué par les gouvernementaux, et enterré mais les rumeurs à ce sujet sont contradicatoires. De plus on annonce que 40 personnes de la milice ont été capturés et parmi eux « 14 mineurs agés de 5 à 12 ans » !

La radio de l’ONU affirme que 20 cercueils ont été acheminés à Kananga, la capitale provinciale, par camion pour y être enterrés. Les soldats ont reçu un hommage gouvernemental dans le stade, avec foule. Les autres cercueils sont restés dans le camion. La foule a demandé qu’on ouvre le cercueil du chef mort, pour qu’une identification claire puisse être faite. En vain... et donc les rumeurs peuvent parcourir à cœur-joie la savane...

Dans cette situation incertaine et troublée le gouvernement provincial augmente la présence de l’armée sur le territoire soi-disant pour la sécurité mais c’est l’inverse qui se passe et j’en ai fait moi-même l’expérience. Allant en ville dimanche matin pour la première messe de mon confrère Albert dans sa paroisse d’adoption, je voyage avec une moto-taxi. C’est un de mes amis qui est taximan. Sur la grand-route je vois de loin une patrouille de soldats qui nous fait signe de nous arrêter, mais mon chauffeur au lieu de ralentir accélère et les dépasse dangereusement, ne tenant aucun compte de leurs cris et de leurs gesticulations alors qu’ils ont des armes en main. Je ne peux pas dire que j’ai eu peur mais je lui ai tout de même demandé pourquoi il n’avait pas obtempéré. Réponse : «Ils nous arrêtent pour nous demander de l’argent, je n’ai pas envie de leur en donner »... Peut-être mais ils auraient pu nous tirer dessus !

Au retour après la messe, même scénario mais mon chauffeur s’arrête et se fait vertement réprimandé par le chef de l’escouade sur notre attitude du matin. Il reste calme et dit humblement que nous étions en retard pour la messe ! Pieux mensonge, que je ne rectifie pas, vu la situation.  La présence d’un prêtre blanc les calme et ils nous laissent passer. A l’arrivée en plus du prix de la course, je laisse à mon chauffeur un pourboire pour les soldats qu’il retrouvera en retournant en ville... Mais cela m’agace.

dimanche 14 août 2016

les labours


Dans ma campagne tropicale, nous sommes à la fin de la saison sèche. C’est le temps des labours et de la préparation de la prochaine saison agricole qui arrivera avec les premières pluies de la fin août. Dans ce contexte, mon confrère Albert me raconte ce joli conte africain, moderne et évangélique.

Dans un village, une importante somme d’argent a été volée. Un suspect est arrêté et incarcéré. C’est le fils unique et le seul soutien d’un vieux monsieur impotent. Sachant que son fils est en prison, ce dernier désespère de voir ses champs laissés à l’abandon à la période des labours, mettant en danger toute la saison des récoltes et donc son propre avenir.

Dans la prison, le fils a une idée. Il écrit à son papa une lettre dans laquelle il lui dit qu’il a caché la somme volée dans « le grand champ que tu connais bien ! ». Et il confie la lettre aux militaires qui le gardent pour qu’ils la remettent à son père.

Ceux-ci flairant le coup, ouvrent la lettre et la montrent à leur chef. Aussitôt celui-ci prend un détachement de soldats avec des houes et se dirigent vers le village. Ils arrêtent le vieux papa, le ligotent et lui demandent de leur indiquer le champ. Le vieux monsieur le fait et assiste mains liées au labourage gratuit de son champ !


Le prisonnier est content. Même en prison, il peut aider son père et lui témoigner de son respect filial !

dimanche 7 août 2016

Albert, nouveau prêtre, Père de Saint Maurice


La communauté de la Colline au Congo a vécu une belle journée ce samedi 6 août 2016. Notre confrère Albert a été ordonné prêtre par l’archevêque de Kananga avec 8 autres jeunes. Une belle et longue cérémonie sur le parvis de la cathédrale Saint-Clément fut suivie d’un repas convivial au centre diocésain le Thabor (coïncidence : c’était la fête de la Transfiguration !).
Dans son homélie Monseigneur Madila a invité les nouveaux prêtres à être des hommes des deux montagnes : hommes du Tabor (contemplation) et du Golgotha (renoncement) ; et aussi des hommes de l’écoute de la Parole et des hommes de Miséricorde.

Quelques impressions personnelles
Nous avons failli être en retard à la cérémonie. En effet notre voiture a été ralentie par un troupeau de 50 vaches, venant du Rwanda et allant en Angola, qui bloquait le pont entre la colline et la ville. Il y a 800 km entre les frontières rwandaise et angolaise. Sans doute l’Esprit Saint voulait-il nous rappeler que le prêtre est le pasteur d’une longue transhumance.


Pour la messe, sur le parvis de la cathédrale, avait été monté un échafaudage improbable de chevrons et de bâches colorées pour protéger le chœur improvisé. Au début de la cérémonie un coin de bâche se déchire et se met à flotter avec ampleur dans le vent rafraîchissant du matin. Sous le coup je m’étais presque fait ma petite colère intérieure contre les toiles chinoises attachées par des Congolais..., puis je me suis aperçu que j’avais tort, car durant toute la cérémonie une immense toile rouge flottait comme une flamme d’Esprit sur les différents gestes de l’ordination ! Belle image du Don de Dieu à son Peuple.