samedi 25 novembre 2017

l'art et la beauté


Nous savons que l’art africain, et particulièrement sa sculpture, a eu une influence majeure sur l’art européen dès le début du 20e siècle : les visages peints par Braque, par le dernier Picasso ou même par Modigliani.

Au cœur de l’Afrique, j’ai rencontré cet art, mais très rarement. Je me souviens de la bonne surprise que j’ai eue, en 2012, lors de notre premier accueil sur la Colline par les villageois. Au milieu des cadeaux de bouteilles d’alcool et de bassines de maïs, est arrivé un sublime masque sorti d’on ne sait où. Les confrères ne l’ont pas trouvé intéressant et m’ont laissé le pendre dans ma chambre sur mon lit, où la divinité tutélaire qui l’habite veille sur mes rêves kasaïens. Malgré quelques tentations, j’ai préféré ne pas le prendre en Europe... Il est chez lui !

Depuis plus rien ! Si ce n’est des marchands ambulants voulant me fourguer des statuettes en bois peint qui semblaient avoir été fabriquées en Chine, ou en tout cas en Série !

Et voilà que l’autre jour, un jeune du village me demande si je suis intéressé par les statues. Je lui dis que oui mais que je suis très difficile et je lui montre quelques exemples dans la maison de ce que je n’aime pas, mais aussi le masque que j’aime. Il voit que mon esthétique vise haut et il part sans grand espoir de faire une bonne affaire financière...

Mais le lendemain il arrive avec une merveille. Une sculpture d’un homme assis sur ses talons (40 cm de haut, 20 de large). Deux petites mains posées sur ses cuisses. Un pagne qui semble fait de peaux de crocodiles minusculement stylisées. Une grande tête haut perchée sur le cou donnant  un air de noblesse. Une coiffe de chef est percée d’un trou mystérieux. Des yeux immenses et ironiques dialoguent avec une bouche de la même forme d’amandes grillées. Un nombril gros comme un enfantement de monde...

Un roi coutumier d’un époque révolue ? Un dieu oublié ? ... Il est dans ma chambre sous mon masque. J’avais encore la tentation de l’amener en Europe mais je pense qu’il va finalement rester au pays...

Si quelqu’un peut m’aider à faire davantage connaissance avec mon nouvel hôte, c’est bien volontiers que j’accepte tout indice.

Mais terminons en beauté avec Aimé Césaire :
AUCUNE RACE N’A LE MONOPOLE DE LA BEAUTE, DE L’INTELLIGENCE, DE LA FORCE !


mercredi 22 novembre 2017

les insectes et les masques africains





Les insectes ont plutôt une mauvaise réputation esthétique, quand ils ne ressemblent pas à un papillon ou à une coccinelle mais pour qui sait les regarder avec un regard distancié et artistique, ils prennent une certaine allure.

Sur ma colline congolaise il suffit que je pense à l’art africain des masques de bois colorés et stylisés pour que les insectes qui se posent sur mes murs se mettent à imiter des masques...


En fait on se demande qui imite qui.




samedi 18 novembre 2017

le silence

Je plonge régulièrement dans La force du silence (contre la dictature du bruit), merveilleux livre de méditation du cardinal Robert Sarah (Fayard, 2016). Il y a un souffle salvateur dans ce livre, même s’il demande pour être bien « écouté » une dose de silence et de paix que notre dictature du bruit offre avec parcimoine, même dans la brousse congolaise !

J’y pensais ces jours lorsque, sur la stèle d’entrée de la zone de prière de notre sanctuaire, j’étais en train de peindre une invitation à respecter le SILENCE et la PRIERE de notre belle colline.

La stèle vide et neuve est posée depuis quelques semaines, sur un talus de la route. La brousse était en train d’en envahir les abords quand j’ai demandé à un jeune de me les dégager, mais il n’a pas été assez large.

Par crainte des serpents, j’ai envoyé un autre gars pour bien débroussailler sur un rayon d’au moins 5 mètres autour de mon poste de travail de peintre... Et là encore je n’étais pas totalement serein et je regardais d’un œil mon pinceau et de l’autre la brousse proche. Ma méditation sur le silence en était un peu perturbée.

D’autant plus que les gens qui passaient sur la route venaient me faire la conversation et me demander si c’était vrai ce que j’avais fait les beaux-arts... Le dialogue ayant, avec un jeune, dévié sur les serpents des chaumes proches, il me dit :
- Non, rien à craindre, quand ils voient ce que vous faites, ils vont rebrousser chemin.
- Ah bon ! comment peux-tu en être si sûr ?
- Parce que les serpents s’éloignent de ceux qui prient !


Me voilà rassuré, je regarde mon pinceau et je pense davantage à la force du silence et de la prière.

mercredi 15 novembre 2017

le papier des toilettes

NB : à prendre au premier, au deuxième ou au troisième degré, au choix !

Dans la série : les tout petits malheurs de l’Afrique :
Le papier des toilettes



Disons d’emblée, la plupart des habitants de notre colline congolaise ne connaissent pas le papier wc et se débrouillent autrement. Les nantis qui au Kasaï connaissent les rouleaux ne sont pourtant pas moins en peine.

Nous achetons chez Maman Kamon, notre boutique attitrée en ville de Kananga, notre stock de rouleaux, fabriqués et conditionnés en Chine. Il semblerait qu’il ne devrait pas y avoir trop de différence entre un rouleau acheté en Europe et un rouleau acheté en Afrique, si l’emballage des deux précise qu’ils sont formés de trois douces couches et que l’allure générale est semblable. Or détrompez-vous !

Par un coup du destin incroyable les rouleaux du Congo ont bien des rainures permettant de les partager en coupons mais les rainures ne sont pas alignées sur les trois couches au même endroit mais décalées de quelques millimètres. Ainsi quand vous les déchirez, tout part en vrilles diverses et vous n’arrivez pas à avoir en main un papier en forme... Les bords ne se déchirent pas et font des filaments si vous persistez à tirer.

De plus, si vous n’y prenez garde le rond de carton central s’échappe bizarrement comme si le papier n’avait pas été enroulé assez serré sur ce cylindre.  

Et comme après coup la chasse d’eau du trône du roi solitaire ne fonctionne pas bien, votre petit malheur est à son comble.



samedi 11 novembre 2017

Sport+études

En cette fin de semaine, les écoles du Kasaï ont trois jours de vacances. Les étudiants des lycées et collèges sont rentrés en famille et cherchent à obtenir un petit argent de poche pour tenir ensuite jusqu’à Noël.
Nous les avons engagés pour mettre de l’ordre à notre nouveau terrain de foot. Il s’agissait d’enlever les mauvaises herbes qui après les pluies concurrencent la pelouse qui pousse bien. Et renforcer les installations contre les érosions dangereuses sur les talus en aval.
Dans quelques semaines, peut-être aux vacances de Noël, le premier match signera la fin de la grande aventure de l’aménagement de ce terrain et le début d’une autre : l’organisation de la coupe de la colline de foot entre les équipes des hameaux de la paroisse.



PS : mais je ne serai pas là pour le premier match, je rentre en Suisse le 20 pour revenir au Kasaï fin janvier. Rendez-vous à la conférence-dédicace du mardi 28 novembre au Collège de Saint-Maurice à 20h

jeudi 9 novembre 2017

Conférence-images-dédicace


A vous tous amis, parents, connaissances... en tout cas proche de cœur !

Je quitte ma Colline au Congo à la fin du mois et je rentre en Suisse pour un séjour de deux mois. A vous, chacun et chacune pour votre part, un grand merci pour votre soutien durant la période kasaïenne qui s’achève maintenant.
Vous souhaitez me rencontrer pour parler de la Colline ou la voir en images...
Vous voulez mieux la connaître après les épreuves qu’elle a connues...
Vous voulez rester solidaires d’un peuple qui souffre...
Vous voulez acheter mon livre comme cadeau de Noël....
Vous voulez que je vous le dédicace...
Venez, au Collège de Saint-Maurice, le mardi 28 novembre à 20h

Vous me feriez un grand plaisir.