samedi 28 mars 2020

le Crucifié

A mon arrivée sur la Colline début mars, Célestin, un jeune que je soutiens dans son désir de faire de la sculpture, m’apporte un Christ crucifié qu’il a fait durant mon séjour en Europe. À peu près un mètre de haut, les bras très longs, détachés pour le moment du corps auquel on pourra les rattacher lorsqu’on fixera le Christ sur une croix.

Pour le moment, j’ai d’autres défis et j’ai laissé le Christ sur une étagère dans ma chambre, les bras sur le côté. Sans m’en rendre compte vraiment, j’ai déposé  aussi une petite natte en raphia qu’on m’avait offerte à Kinshasa...

Ce matin j’entre dans ma chambre et mon regard est fixé désormais sur le Christ qui a l’allure d’un malade sur un lit d’hôpital, le visage penché du côté du mur...
Oui, j’y crois : le Christ est malade, couché dans nos hôpitaux, couché seul à la maison. Il est avec nous. Mais il guérira, son Corps malade se guérira par la puissance de Dieu, et nous avec...
Me revient cette phrase de Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face : « Courage, Jésus entend jusqu’au dernier écho de notre douleur »

vendredi 27 mars 2020

l'humour en temps de crise

Tout va mal
Je propose
D’aller chanter
Au fond de la mer !

(Quatrain en rimes libres... de sortir de chez elles!
...et image de circonstance piquée sur Facebook!)


mercredi 25 mars 2020

le Corona et les anti-virus




Tressaillez de joie, même s’il faut que vous soyez affligés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves ; elles vérifieront la qualité de votre foi qui est bien plus précieuse que l’or.
1 Pierre 1, 6-7

Nous sommes le 25 mars, fête de l’Incarnation du Fils de Dieu, neuf mois avant Noël, fête de la naissance du Sauveur.

Que s’est-il passé le 25 mars avant le premier Noël ? Un petit bout d’humanité s’est incrusté en Marie, la Mère Sainte, qui en même temps a accepté un destin très obscur et très éclatant.  Ce petit bout de chair est devenu un fœtus formé, puis un bébé, puis un enfant, puis un adolescent puis un homme fait, puis un homme crucifié, puis un Homme ressuscité, dont le Corps se répand par toute la terre et sauve le Monde. 

N’est-ce pas l’antithèse symbolique du virus, qui s’est incrusté dans un Chinois, a contaminés d’autres Chinois, d’autres pays, d’autres continents pour se répandre par toute la terre et éventuellement détruire le monde !

Le parallélisme est troublant pour le croyant, même s’il est incompréhensible pour celui qui n’a pas la grâce de la foi. Peut-on alors dire que le Christ est l’antivirus du Corona ? L’analogie est éclairante mais dangereuse. Le corona détruit le corps mais ne détruit pas l’âme et il faut un combat scientifique et social pour le vaincre physiologiquement.  

L’antivirus Christ Sauveur a lui la vocation de sauver tout l’homme en privilégiant l’intérieur, l’âme. Ceux qui souffrent et meurent du coronavirus, ont leur personne qui reste mystérieusement intacte... dans le Christ. 

Il faut donc un double combat : un combat physiologique pour sauver les corps et un combat spirituel pour garder intactes les personnes. Le Christ est là pour cela. 









un peu d'humour

Cette image (tirée de Facebook) montre que le coronavirus change beaucoup de choses dans les rapports familiaux, nationaux et mondiaux.
Il est à souhaiter malgré tout que la solitude mise en avant soit positive et non un repli sur soi par simple peur de l'autre.

Sur notre merveilleuse colline, nous mettons en place des mesures de confinement. Les écoles sont toutes fermées par décision gouvernementale et notre vie liturgique est confinée à l'intérieur de la famille communautaire (les pères, les novices et les aspirants). Nos paroissiens des hameaux sont éloignés de nos corps (si tant est que ce soit possible) mais ils dans notre coeur et notre prière.

lundi 23 mars 2020

Le Corona et son premier mort congolais

Le premier mort congolais du Coronavirus est le directeur de cabinet adjoint de la ministre de l’économie. Il rentrait d’Europe, a été diagnostiqué positif après deux jours de travail et de convivialité dans l’immeuble qui abrite plusieurs ministères...  

Cette mort enflamme les réseaux sociaux et, au-delà de son côté tragique, elle révèle beaucoup sur les problèmes récurrents de gouvernance dans ce pays déjà sinistré sans les épidémies et qui doit faire désespérément avec elles (quand la RDC en a fini avec Ebola, elle doit vivre avec Corona !).

Pourquoi cette flambée sur les réseaux sociaux. Parce que ce directeur de cabinet adjoint est le propre frère de la ministre de l’économie, elle aussi infectée, que la famille a été elle aussi soumise au virus et que tout laisse à penser que bien d’autres dans l’immeuble des ministères ont été infectés. Est mis en lumière tout un contexte catastrophique au sommet de l’Etat dont les incompétences ne sont plus à dire. Certains « coups de gueule » sur les réseaux sociaux révèlent les liens familiaux de plusieurs membres du cabinet de l’Economie. Lorsqu’une personnalité obtient un ministère, il lui est pratiquement impossible de résister aux pressions du clan ; les charges et prébendes s’arrachent en famille ; ainsi des gens parfaitement incompétents obtiennent des postes et des salaires et rongent les rouages de l’Etat ; ceci peut se voir à tous les niveaux politiques !

Mais il y a une raison supplémentaire qui met cette mort sur le devant de la scène médiatique. Le directeur de cabinet est un médecin. Au moment où l’on voit plus que clairement que les structures sanitaires (et les ressources humaines de ce domaine)  sont très défaillantes, cela passe mal à travers les réseaux qu’un médecin travaille au ministère... de l’économie. N’avait-il pas mieux à faire ailleurs. 

Entre l’opportunisme, les arrangements douteux et le traditionnel impact négatif des liens familiaux dans les gestions publiques, rien ne permet de voir que le Congo va changer et s’améliorer.

Le nouveau président, le nouveau parlement qui ont concocté ce gouvernement de 65 membres (qui ont chacun une famille derrière eux) ne sont pas sur la bonne voie pour sortir le Congo de son marasme éternel. Le peuple qui croupit dans la misère et qui va mourir plus de famine que du Corona, est le dindon d’une farce folle. 

Quelques avis diffusés sur Facebook : 



samedi 21 mars 2020

le Corona et la Liberté

J’ai reçu du hasardun cadeau magnifique, une grâce du ciel. Préparant mon voyage de retour au Kasaï avant l’épidémie, j’avais glissé au fond d’une valise un petit livre pas lourd : Anselme Grün, Conquérir sa liberté intérieure, Editions de l’Atelier 2006.
Ce livre est parfait pour trouver de la stabilité et des gués en période de crise. 
Il réfléchit autour de cette idée qui vient de la philosophie païenne (le stoïcien Epictète) et qui a été reprise par les Pères de l’Eglise, en particulier Jean Chrysostome : Personne n’est blessé par un autre que lui-même. C’est une pensée profonde qui demande des explications et des nuances mais qui est un vrai chemin de liberté.
En temps de crise une réflexion en profondeur sur ce qui nous fait souffrir vraiment est plus que nécessaire pour acquérir un vrai espace de liberté intérieure que rien ne peut fondamentalement troubler.

Citation (p. 17-18) :
Une voie importante conduit à la liberté intérieure : elle consiste à se faire une juste représentation des choses qui sont souvent différentes des idées qui orientent nos actions et qui les faussent, ainsi que des représentations considérées comme valable dans notre milieu. Epictète écrit : Les hommes ne sont pas déconcertés pas les événements mais par l’idée qu’ils s’en font ». Ce n’est pas la mort qui est terrible mais la représentation que nous nous en faisons. Ce n’est pas le vase brisé qui nous blesse, mais le fait que nous considérions ce vase comme indispensable, que nous y tenions de tout notre cœur...

Situation au Congo
La situation est tendue à Kinshasa (entre 10 et 20 mio d’habitants) où le nombre de cas augmentent rapidement de jour en jour, mais pour le moment seulement 29 contaminés (officiellement)  et un mort (officiellement)
Le grand problème du Congo c’est que toute la culture politique et sociale est basée sur une méfiance totale par rapport aux politiciens dont l’efficacité avoisine le 0 absolu, méfiance à laquelle s’ajoute l’article 15 de la Constitution qui stipule « Débrouille-toi ». Avec ces deux tares de la vie sociale, la lutte contre l’épidémie est certainement mal partie, puisqu’on sait que ce qui marche c’est la discipline. Ici on est aux antipodes...
La situation est pour le moment sans épidémie au Kasaï, mais si on se rend compte que le Kasaïen est un « Congolais qui sait mieux que les autres ce qu’il faut faire», on aura de la peine à être discipliné face à un désastre sanitaire et économique. 

vendredi 20 mars 2020

le Corona ... et saint Joseph

Lendemain de la fête de Saint Joseph. 
Je l’ai célébrée chez les sœurs de saint Joseph de Tarbes dans la banlieue de Kananga : belle fête avec trois sœurs : une Indienne, une Française, une Congolaise, et l’ensemble du monde souffrant au cœur de notre prière. 
Mais le diocèse, au moment même où tombaient les mesures de restrictions, célébrait à la cathédrale Saint Joseph l’ordination de 5 prêtres et d’un diacre.... les mesures se mettent en place petit à petit. 
Ma prédication du jour tournait autour d’une qualité maîtresse de la vie de Joseph : sa capacité d’adaption. Adaptation aux événements comme adaptation aux projets souvent mystérieux de Dieu. Pour Joseph sa capacité d’adaptation l’a mené sur des routes (celle de Bethléem, celle de l’Egypte...) 
C’est d’actualité. Même si notre capacité d’adaptation nous mène plutôt dans des confinements que sur le grand air des routes, nous pouvons l’avoir cette vertu chrétienne parce qu’éminemment humaine. 
Alors je me demande si, en période de crise majeure, une bonne définition de « l’homme de bien » ne serait pas : un "être capable de s’adapter" tant aux défis physiques, qu’aux défis psychique et spirituels...

jeudi 19 mars 2020

le Corona en RDC

Je vais bien, mais nous entrons nous aussi dans une période de grande turbulence. 

La République démocratique du Congo vit désormais avec la ronde des mesures gouvernementales pour enrayer le Coronavirus
Sans surprise, le Président Félix Tshisekedi a annoncé une serie de mesures drastiques pour faire face à la pandémie de Coronavirus. 14 cas ont été testés dans la Capitale Kinshasa,  mais les 13 mesures concernent toute la République.  

Voici les mesures  : 

1.suspension, pour 4 semaines dès ce vendredi 20 mars 2020, de tous les vols en provenance des pays à  haut risque et des pays de transit. Seuls les avions et les navires cargos et autres moyens de transport frets seront autorisés à accéder au territoire national et leurs personnels soumis aux contrôles ;

2.  report de  voyage pour tous  les voyageurs à destination de la République Démocratique du Congo de tous les passagers résidant dans les pays à risque jusqu’à nouvel ordre ;

3. Obligation  à tous les passagers, à leur arrivée aux frontières nationales, de remplir une fiche de renseignements et de se soumettre, sans exception, à l’obligation de lavage des mains et du prélèvement de la température ;

4.  une mise en quarantaine de 14 jours maximum à toute personne suspectée à l’issue du test de température, pour un examen approfondi et au besoin d’interner, dans les hôpitaux prévus à cet effet,  les personnes qui seront testées positives ;

5. Dotations  aux postes d’entrée maritime, fluviale, lacustre et terrestre du territoire national du même dispositif de surveillance pour renforcer le contrôle des passagers en provenance de l’étranger ;

6. Soumission  systématiquement des personnes en partance de Kinshasa vers les différentes Provinces de notre pays aux mesures de contrôle dans le but d’éviter la propagation de cette pandémie sur le reste de notre pays.

  S’agissant des rassemblements,  il a été  décidé :

  7. L'interdiction de tous rassemblements, réunions, célébrations, de plus de 20 personnes sur les lieux publics en dehors du domicile familial ;

8.  la fermeture des écoles, des universités, des instituts supérieurs officiels et privés sur l’ensemble du territoire national à dater de ce jeudi 19 mars 2020 pour une durée de 4 semaines ;

9. La  suspension de tous les cultes pour une période de 4 semaines à compter de ce jeudi 19 mars 2020 ;

10.  La suspension se toutes les activités sportives dans les stades et autres lieux de regroupement sportif jusqu’à nouvel ordre;

11. L'interdiction,  jusqu’à nouvel ordre, de l' ouverture des discothèques, bars, cafés, terrasses et restaurants ;

12. L’interdiction et  l’organisation des deuils dans les salles et les domiciles. Les dépouilles mortelles seront conduites directement de la morgue jusqu’au lieu d’inhumation et en nombre restreint d’accompagnteurs;

13. La prise  en charge aux frais du Gouvernement de  tous les cas testés positifs sur l’ensemble du territoire.

La coordination de la riposte  contre le Corona virus est confiée  à Dr Jean - Jacques Muyembe, Virologue et directeur général de l'Institut national de recherche biomédicale (INRB). 

Christine Tshibuyi (actualité RDC)

dimanche 8 mars 2020

la femme, la femme africaine, la femme kasaïenne


 Après la messe dominicale de  ce 8 mars, la paroisse a célébré comme il se doit LA JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME, sur la grande esplanade de l’église ombragée par les manguiers dont les feuilles tombent en cette saison !

C’est surtout notre école secondaire qui s’est mobilisée pour donner du relief à cette manifestation : danses modernes africaines de groupes de filles, récitation de poème, saynètes, concours et jeux ont entouré le moment politique de la manifestation : le discours bien senti d’une des enseignantes de l’école. Ce fut un bon moment apprécié par tous..euh, par toutes ! 

samedi 7 mars 2020

la liturgie

Je suis de retour au Congo...
Et vous aurez désormais des articles kasaïens mais voici quelques REGARDS OBLIQUES SUR quelques pérégrinations en Europe en janvier et février et d'abord ma retraite à Paray-le-Monial

« Souviens-toi, Seigneur, de ton Eglise répandue à travers le monde » A ce moment de la messe, le soleil fait son entrée dans l’abbatiale, il s’insinue par les vitraux blancs, vient lécher les colonnettes romanes et descend sur les murs ocres des absides. Puis un peu plus tard – « Ne nous laisse pas entrer en tentation » - le voilà qui fuit aussi vite qu’il est venu...

C’est que le temps est très changeant en cette fin d’hiver. Les nuages et le bleu se disputent le ciel et le soleil joue à cache-cache. Je concélèbre une eucharistie dans la magnifique basilique de Paray-le-Monial en Bourgogne. Je l’imagine comme la réplique, en plus petit, de la gigantesque abbatiale, romane et disparue, de Cluny, qui n’est pas loin. Une restauration récente l’a embellie d’un enduit de couleur ocre sur les colonnes et les arcs, et blanc cassé sur les murs. L’effet, lorsque le soleil s’en mêle, est magnifique...

Mais c’est aussi un cache-misère. Car cette petite merveille a subi tout ce que l’histoire a malheureusement voulu lui infliger. Sur ses beautés médiévales, les guerres de religion, les orgueils baroques, puis la révolution française sont passés en rouleaux compresseurs, la laissant épuisée ; puis l’école de Violet le Duc a reconstitué et rafistolé les structures de base et le 21e siècle l’a mise dans une lumière ocrée. 

Sous les chatoiements d’une belle liturgie, on en vient à ne voir que ce qui est beau et les errances de l’histoire s’estompent . Un peu comme dans l’Eglise avec un grand E. 

mon blog : www.regardobliquesur.blogspot.com