mardi 29 décembre 2015

2016

Une nouvelle année s’annonce. Il paraît qu’elle s’appelle 2016 et est logée dans le grand cycle des ans entre 2015 et 2017... Oui... Mais qu’importent les dates, moi je préfère les dattes.

Les dates finalement cela n’a pas tellement d’importance. A chaque jour suffit sa peine et chaque jour permet d’accueillir quelque chose du projet de Dieu sur nous et sur le monde. L’histoire de l’humanité, avec à l’intérieur notre propre petite histoire à chacun d’entre nous, coule vers son but...

Les dates c’est pratique, mais ce n’est finalement pas si important que cela .... Moi je préfère les dattes.

Chaque année a son lot de joie et de peines, d’événements positifs ou négatifs. Lorqu’on passe d’un an à un autre, on regarde en arrière et on espère en avant... C’est normal, mais moi ce que je préfère ce sont les dattes.

Pourquoi je préfère les dattes aux dates ?

Parce que je me souviens de ce conseil des sages africains :
« Fais comme le palmier ; on lance des cailloux et ce sont des dattes qui tombent. »

C’est mon souhait pour une année positive. En 2016, il est possible qu’on va nous lancer des cailloux de toute sorte, surtout psychiquement et affectivement, sachons faire comme le dattier, rendant le bien pour le mal, transformant le négatif en positif.



samedi 12 décembre 2015

la Porte Jubilaire, porte de derrière

A Rome, la porte du Jubilé de la Miséricorde a été ouverte... Dans les diocèses du monde, des portes jubilaires s’ouvrent aussi pour nous inviter à accueillir la Miséricorde de Dieu sur nos vies.

Le thème de la porte a trois couleurs spirituelles qui se mèlent pour donner d’intéressantes nuances. C’est d’abord la porte que je franchis pour accueillir en moi la miséricorde. Mais c’est aussi la porte que Dieu franchit pour venir chez moi m’embrasser et m’embraser de pardon. Ce beau « va-et-vient » trouve sa synthèse dans cette Porte qu’est Jésus lui-même (selon Jn 10). Le Christ est l’ouverture parfaite qui permet à l’homme de rencontrer Dieu et à Dieu de rencontrer et de chérir l’homme. A ces trois couleurs on peut apporter une touche insolite pour compléter le tableau.

Réfléchissant sur le sens du verset de l’Apocalypse (3,20) qui parle d’un Dieu à ma porte qui souhaite entrer et souper avec moi, un moine oriental se demandait si cette porte n’était pas « la porte de derrière ».

Au début des relations avec Dieu, nous permettons témérairement à Dieu de passer par derrière pour entrer chez nous, laissant la grande porte de devant pour les « autres ». Nous lui permettons de devenir un intime de chez nous. Et c’est très bien, c’est ce qu’il aime et ce qu’il veut...

Mais sur le long terme cela peut devenir gênant car en entrant par derrière il peut voir et traverser les pièces familières mal tenues, celles qui ont de la poussière et du désordre, celles qu’on ferme à clé lorsqu’on invite les « autres »...

C’est peut-être justement là l’enjeu principal d’une porte de la Miséricorde. Permettre à Dieu de rester l’intime de notre intimité, être tellement à l’aise avec lui et sa miséricorde qu’on ne se gêne plus d’exposer à son regard les coins les moins reluisants de chez soi.



vendredi 27 novembre 2015

l'Avent

Ombre d'un enfant montrant l'homme de Lascaux, au fond du Puits de la Grotte
Une suggestion pour bien vivre l’Avent. Visiter lentement l’exposition Lascaux à Palexpo, Genève. 
La découverte à cette merveille artististique est proposée de façon très didactique, comme le prouve d’ailleurs la présence de nombreuses classes : audioguides sur les oreilles, les enfants, à qui surveillants et maîtresses disent « chut » avec ténacité, se donnent à cœur joie aux activités multimédia proposées dans les différents espaces. Une ambiance très vivante et pourtant comme sacrée... surtout dans l’espace où se trouve la reconstitution d’un troncon de la grotte avec de très belles peintures de vaches, de chevaux, de bouquetins et de cerfs... On fait silence comme par enchantement...
A un certain moment, une paroi reconstitue la paroi du « Puits ». Pour atteindre cette zone de la grotte de Lascaux, il faut, comme son nom l’indique, descendre dans les profondeurs... Et c’est là que se trouve la seule figure humaine représentée, en compagnie d’un bison et d’un oiseau perché ! Que fait cet homme tout au fond du fond de l’obscurité ? On ne sait que répondre et on voudrait l’attirer vers la lumière, l’attirer vers le présent, l’attirer vers l’avenir, cette petite figure d’homme, notre frère...

C’est une belle parabole de l’Avent. Entouré de chuchotements enthousiastes d’enfants, on se surprend à penser à ce Mystère qui nous dit que tout au fond d’un puits un homme est venu pour guider les hommes vers la lumière de l’avenir. Contempler les images de Lascaux c’est s’entendre dire un message qui vient du fond des âges et qui nous parle de lumière dans l’ombre et de beauté à chercher dans le présent pour avancer vers l’avenir. Avent de l’Homme, parabole insolite de l’Avent de Dieu.

jeudi 22 octobre 2015

HUMAN

visages de la Colline, Malandji (RDC)
Quel regard chrétien pouvons-nous porter sur le film HUMAN du photographe et réalisateur Yann Arthus-Bertrand, dont tout le monde parle aujourd’hui ?

Le film est beau et toute beauté mérite d’être saluée par un regard chrétien. Techniquement époustouflant et bien construit, le film alterne les plans larges de paysages et les plans très rapprochés de visages interviewés.

Cette alternance fait la force du film. Elle permet une respiration dans la réflexion et une contemplation quasi sacrée. Lorsque des hommes et des femmes de partout et de toutes conditions ont fait leur témoignage sur les grands thèmes qui rythment le film (amour, justice, sens de la vie, souffrance, bonheur), les panoramas larges leur répondent par une profondeur de silence et de majesté.

Les paysages eux-mêmes donnent leur témoignage, puis en contrepoint les visages deviennent paysages lorsque les rides s’épanouissent et que des filets de larmes font rivières.

Le croyant en vient à penser à ce refrain « tout homme est une histoire sacrée... »

Il ne s’agit pas de racoler ce film à un quelconque idéal chrétien. Très loin de là. Mais il y a quelque chose d’à la fois franciscain et augustinien dans ce film. Franciscain dans ce chant allègre à la beauté du monde même investi par l’humain. Augustinien dans cette tension un peu douloureuse vers la beauté, la justice et la vérité qui soutend tous les témoignages, de chaque visage.

Il y a bien sûr des ombres, que l’article de Libération du 11 septembre, met bien (trop peut-être) en exergue : le côté artificiellement « touristique » des grandes prises de vue, le côté déconnecté de tout environnement local, politique et existentiel des témoignages, le côté new-age, bobo et gentil de la facture générale du film, etc, etc...

Mais sans être trop dupes d’une énorme machine commerciale, il s’agit aussi de ne pas bouder notre plaisir quand le cinéma nous offre autre chose que du sexe, de la violence, du désespoir, de la musique assommante et de vaines paroles dites par des drogués de toutes sortes...



samedi 10 octobre 2015

les réfugiés

En même temps que les premiers grands flots de réfugiés syriens déferlaient sur l’Europe centrale, je passais mes vacances en Normandie et j’ai eu l’occasion de contempler la fameuse tapisserie de Bayeux.
C’est une bande de lin brodé, longue de 70 mètres, qui relate  la conquête de l’Angleterre par le duc Guillaume de Normandie en 1066.
L’œuvre est artistiquement d’une beauté remarquable et historiquement d’un intérêt majeur pour l’histoire de l’Europe... et pour l’histoire de la guerre.
Lorsque les troupes normandes arrivent sur le site d’Hastings où aura lieu la célèbre bataille qui changera l’histoire anglaise, les soldats doivent brûler des maisons pour faciliter les manœuvres.
Une femme doit s’enfuir de chez elle, tirant son fils par la main. Pour aller où ? Vers quel destin ? La main démesurément grande de cette maman implorante et son visage figé dans la douleur sont impressionnants.  A travers les âges elle rejoint tant de visages implorants et de mains tendues...
 L’histoire charrie son lot de tragédie à l’échelle des peuples et aussi à l’échelle des destins individuels. Parler de ces destins chahutés aujourd’hui et hier, c’est aussi un moyen, dérisoire mais bien réel, d’être solidaire de toute humanité maltraitée, humiliée et martyrisée.

lundi 5 octobre 2015

des reliques écologiques

Premier octobre : fête de Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus. Cela m'évoque le petit pèlerinage fait à Lisieux en septembre. A l'hôtel, je tombe sur une brochure qui explique les lieux saints de la ville : basilique, cathédrale, carmel, maison familiale de sainte Thérèse... Tout autour du plan, il y a des publicités pour des commerces, des hôtels et des restaurants. Jusque là rien que de très ordinaire.

Puis voilà une publicité qui sort du lot : « Le rosier de la petite Thérèse. Arrosé et contemplé par sainte Thérèse de Lisieux, dans sa maison de vacances à Saint Ouen le Pin, 500 rosiers de cette relique végétale sont à vendre. Commander sur internet : la-petite-therese.com ou par téléphone... »

Abasourdi dans un premier temps, je ne sais s’il faut rire ou m’émouvoir. Puis je réfléchis. En fait tout végétal est une relique de contact, puisqu’avec la multitude de saints qui se sont succédés dans les siècles et le croisement de tous les pollens au cours des saisons, chaque plante trouve dans son histoire proche ou lointaine un « point de contact » avec la sainteté. Et l’on pourrait dire la même chose de toute rivière, de toute pierre chariée par les ans. Et si finalement tout était relique, c’est -à-dire porteur de traces de sainteté. Nous sommes en plein dans la thématique de l’encyclique écologique du pape. Il y a au cœur de la création un ADN du Sacré...

Sur internet, les rosiers sont en rupture de stock, par contre on peut voir une carte du monde où des rosiers-reliques ont été plantés... Là c’est un peu fort, car en fait c’est toute la terre qui est une relique vivante du Dieu vivant.

lundi 28 septembre 2015

les toiles d'araignées

Eglise Saint-Pierre, Coutances, Normandie
S’il est un art chrétien qui supporte bien la modernité, c’est bien celui des vitraux. Lorsqu’ils sont simples, audacieux et modernes, comme ceux de Soulages à Sainte-Foy de Conques ou ceux de Brian Clark à la Fille-Dieu de Romont, ils donnent des émotions qui aident vraiment à prier...
Pendant mes vacances je visite la petite ville de Coutances en Normandie, que domine « la première belle cathédrale depuis Chartres », écrivait en chemin Victor Hugo à sa femme ! Coutances recèle aussi deux belles églises gothiques du 15e siècle, dont Saint-Pierre qui attire mon attention.
Les vitraux semblent très modernes : dans des vitres transparentes qui laissent vibrer le ciel, les arbres et les maisons environnantes, de fins dessins en nervures très délicates donnent à l’ensemble une impression de légerté et d’humilité. Très beau.
Je m’approche et m’aperçois que ce ne sont pas des vitraux mais de simples vitres, en grandes parties brisées et rafistolées à qui mieux mieux, avec des restes de toiles d’araignées qui s’inscrustent dans les fentes.
Mais je ne peux pas m’empêcher de trouver cela très beau.
Si le Seigneur, maître de l’art et du hasard, réussit avec sa finesse de goût habituelle à faire de beaux vitraux avec du verre brisé et des toiles d’araignées, peut-être arrivera-t-il à faire quelque chose des brisures et des poussières de nos propres vies. 
Ma visite de Saint-Pierre de Coutances a été un bon moment de contemplation et de méditation.

 
Eglise Saint-Pierre, Coutances, Normandie


Cathédrale, Coutances, Normandie

Cathédrale, Coutances, Normandie