Le gouvernement central a
décrété trois jours de deuil national suite au massacre d’une quarantaine de
personnes, à Beni. Des soldats djihadistes de ADF (groupe islamiste fanatisé
venu de l’Ouganda) ont attaqué et tué de paisibles habitants de cette ville de
l’Est du pays en guerre.
La RDC a sa part dans la violence islamiste
internationale, mais cette part n’est pratiquement pas répercutée dans les
médias. Le Pape François s’en est ému dans son discours de l’Angelus du août,
et il a raison. D’autres personnes vont encore plus loin et dénoncent le manque
de volonté du gouvernement dans la lutte contre les milices qui grangrènent
l’Est de la RDC, dont seule une petite partie est islamistes.
Dans notre province du Kasaï central, la rébellion
du chef coutumier de la ville de Tshimbulu a fait long feu et on enterre les
morts : 11 soldats et policiers tués par les milices rebelles, qui de leur
côté déplorent la mort de 8 miliciens. Le chef serait mort, tué par les
gouvernementaux, et enterré mais les rumeurs à ce sujet sont contradicatoires. De
plus on annonce que 40 personnes de la milice ont été capturés et parmi eux
« 14 mineurs agés de 5 à 12 ans » !
La radio de l’ONU affirme que 20 cercueils ont
été acheminés à Kananga, la capitale provinciale, par camion pour y être
enterrés. Les soldats ont reçu un hommage gouvernemental dans le stade, avec
foule. Les autres cercueils sont restés dans le camion. La foule a demandé
qu’on ouvre le cercueil du chef mort, pour qu’une identification claire puisse
être faite. En vain... et donc les rumeurs peuvent parcourir à cœur-joie la
savane...
Dans cette situation incertaine et troublée le
gouvernement provincial augmente la présence de l’armée sur le territoire
soi-disant pour la sécurité mais c’est l’inverse qui se passe et j’en ai fait
moi-même l’expérience. Allant en ville dimanche matin pour la première messe de
mon confrère Albert dans sa paroisse d’adoption, je voyage avec une moto-taxi.
C’est un de mes amis qui est taximan. Sur la grand-route je vois de loin une
patrouille de soldats qui nous fait signe de nous arrêter, mais mon chauffeur
au lieu de ralentir accélère et les dépasse dangereusement, ne tenant aucun
compte de leurs cris et de leurs gesticulations alors qu’ils ont des armes en
main. Je ne peux pas dire que j’ai eu peur mais je lui ai tout de même demandé
pourquoi il n’avait pas obtempéré. Réponse : «Ils nous arrêtent pour nous
demander de l’argent, je n’ai pas envie de leur en donner »... Peut-être
mais ils auraient pu nous tirer dessus !
Au retour après la messe, même scénario mais
mon chauffeur s’arrête et se fait vertement réprimandé par le chef de
l’escouade sur notre attitude du matin. Il reste calme et dit humblement que
nous étions en retard pour la messe ! Pieux mensonge, que je ne rectifie
pas, vu la situation. La présence d’un
prêtre blanc les calme et ils nous laissent passer. A l’arrivée en plus du prix
de la course, je laisse à mon chauffeur un pourboire pour les soldats qu’il
retrouvera en retournant en ville... Mais cela m’agace.
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