samedi 30 avril 2022

mon ami minimaliste



Je fais une petite promenade de délassement à travers les fourrés de mon réseau social habituel. Après quelques clics et quelques défilements, je rencontre un « minimaliste ». Un minimaliste est une bête rare dans notre humanité contemporaine, mais c’est une rareté qui interroge. 

Il s’agit d’un individu qui fait partie d’une mouvance rebelle qui pense qu’on peut vivre, et vivre bien, avec beaucoup moins de choses autour de soi et à soi. C’est d’abord un mouvement de réflexion sur le nécessaire et le superflu, qui tend à développer un vrai art de vivre avec peu, avec presque rien. 

Mon minimaliste - celui que j’ai rencontré au hasard de mon réseau social - a décidé de ne vivre qu’avec cent objets. Oui, vous avez bien lu, il ne possède que cent choses. Au début je me disais que cent c’est déjà pas mal, mais j’ai déchanté humblement quand j’ai compté que sur ma table de travail, où j’écris cet article à l’ordinateur, j’avais déjà 42 objets sans compter les papiers rangés dans les chemises, parce que je me flatte d’être assez ordré. Je me lève, regarde ma bibliothèque, puis bifurque vers mon lavabo, et je me sens complètement largué malgré mes aspirations à la sobriété. 

Le plus intéressant de l’affaire n’est pas de compter ses objets mais de leur donner une importance. Pour ne pas dépasser cent possessions, il faut remplacer chaque objet usé par un autre vraiment utile. Alors on regarde mieux son univers, on se l’approprie mieux. Et on arrive à cette conclusion paradoxale : quand on a moins, on possède plus ! parce qu’on possède mieux.  

la solution de l'énigme

Il s’agit de la parabole de la perle, en Mt 13, 45-46 :

« Le royaume des Cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines. Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète la perle. »



On y voit le négociant contrôlant la grande valeur de la perle que lui présente un vendeur. 
Il s’agit d’une lithographie d’Eugène Burnand.



Ce peintre vaudois, né à Moudon en 1850 et mort à Paris en 1921, ne manque pas d’aura, car certaines de ses œuvres sont exposées dans les plus grands musées parisiens. Je pense notamment, à cause du temps pascal, au Pierre et Jean courant vers le tombeau de Christ ressuscité, qu’on peut admirer au Musée d’Orsay...


J’ai photographié cette petite, magnifique et délicate lithographie dans un temple vaudois que je ne nommerai pas parce que je trouve qu’elle y est insuffisamment protégée des pilleurs modernes, qui recherchent autre chose que le Royaume des cieux ! 





samedi 23 avril 2022

le livre d'or

La cathédrale de Tulle dans le Limousin a une histoire mouvementée. Sans être très grande, elle a été construite dans un gothique solide et élégant avec quelques beaux restes romans. Elle a traversé les âges avant d’être torturée par la Révolution. Vouée au culte de la déesse Raison, puis saccagée et fermée, elle voit en 1796 sa coupole centrale s’effondrer, détruisant complètement le transept et le chœur... 
La cathédrale actuelle est donc réduite à une simple nef, fermée à l’orient (là où se prolongeait le chœur) par un mur et un immense vitrail scintillant de bleus profonds, devant lesquels on a « bricolé » un chœur. 

Une restauration récente a essayé de donner plus de force à cet espace de célébration et on a eu une idée géniale. 

La région est connue pour le patrimoine de ses tisserands. Aubusson n’est pas loin, le poinct de Tulle et le tissu du même nom ont porté loin à la ronde cet artisanat délicat. On a donc demandé aux artistes du tissage d’élaborer une grande tenture, témoin de leur savoir-faire. Le résultat est comme un immense livre d’or, pétillant de vie en fonction des lumières larguées depuis les vitraux. 

Lorsqu’on entre dans la cathédrale l’effet est saisissant. On a l’impression que toutes les perspectives gothiques de l’église plongent vers une grande bible ouverte derrière l’autel eucharistique. J’y ai vu une remarquable évocation de mon chemin chrétien. J’avance vers une Parole qui m’offre un Pain et un Vin sacrés à partager. 



 

vendredi 22 avril 2022

Solution de l'énigme pascale : les clous du cierge

Il s’agit effectivement des cinq « clous » du cierge pascal. 
Ces clous devraient être de gros grains d’encens, apposés sur le cierge au moment de sa bénédiction lors du feu de la veillée pascale. 
Ces clous-ci sont ceux de la paroisse de Vernayaz, paroisse de l’Abbaye de Saint-Maurice (Suisse)




 

Voici la version puriste, que les paroisses adaptent à leur conditions propres (pastorales, techniques et ornementales) :
 
« Après avoir béni le feu nouveau, le célébrant grave sur un long cierge de large section les symboles suivants : une croix, l’Alpha et l’ Oméga (voir A), enfin les quatre chiffres de l’année ; il pro­nonce, ce faisant, les formules prévues dans le missel. Cinq grains d’encens enflammés peuvent alors être implantés dans le cierge, rehaussant la croix déjà tracée, en symbole des cinq plaies glorieuses du Christ en sa Passion. On allume le cierge pascal au feu nouveau, le diacre le porte en tête de la procession et pénètre dans l’église obscure où il marque trois arrêts pour proclamer : « Lumière du Christ ! ».
 (Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie)  

lundi 18 avril 2022

Enigme oblique et pascale

Qu'est-ce que c'est ?  



la solution de l'énigme oblique et biblique de la Semaine sainte

Il s’agissait d’un détail du cycle de la Passion dans le baptistère de Parme. 

Cela fait référence principalement au verset 27,31 de Saint Mathieu, ainsi que dans les évangiles parallèles : 

« ... il l’emmenèrent pour le crucifier » 





samedi 9 avril 2022

Le tissu de la vie

Tulle est une petite préfecture de France, bâtie tout en long autour de la Corrèze, qui donne son nom au département et serpente langoureusement dans les collines du Limousin. 



Entre le parking et la cathédrale, mon chemin me fait longer la rivière et franchir une passerelle. Je regarde bien sûr les eaux grises. Une drôle d’installation retient mon attention. Au-dessus des flots, un gros filet de cordes tendues et tressées occupe l’espace entre deux petits ponts de ballade citadine. Comme un immense hamac qui s’étire sur toute la largeur et une bonne longueur du cours d’eau! A quoi cela sert ? Les mailles sont beaucoup trop grosses pour retenir un désespéré qui voudrait en finir dans la rivière ou un enfant imprudent qui aurait joué trop près des flots. Mais à quoi cela sert ?

Question typique de l’homme contemporain ; tout doit avoir une utilité... En fait cela ne sert à rien, si ce n’est à valoriser le patrimoine local. La région a une tradition pluriséculaire de tissage. Le poinct de Tulle (avec son c intercalaire) est une célébrité dans le monde des tissus. 

Cette installation est « artistique » et mon filet qui flotte dans l’air au-dessus des eaux est élaboré en poincts de Tulle. L’œuvre, conçue par la plasticienne Delphine Ciavaldini, s’appelle Lachesis, comme une des trois Moires qui dans la mythologie tissent notre destin.  Une évocation délicate, posée sur la Corrèze, comme pour dire que l’art et l’artisanat sont là pour transfigurer le cours tranquille - ou plus tumultueux - de nos vies. 

mercredi 6 avril 2022

la solution de l'énigme : un prosopophorion

Il s’agit d’un prosopophorion, littéralement un porte-masque. Cette pochette contenait un masque contre la peste.




Il replacer cet objet liturgique dans son contexte historique. Le début du siècle XXI est très tourmenté en Europe ainsi que dans le monde entier. Entre l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris (MMXIX) et la Grande Guerre Slave (MMXXII), une peste amenée de l’Empire oriental par la Route de la soie décime les populations d’Europe puis du monde entier. En quelques mois des millions de morts sont comptés. Les Eglises chrétiennes sont prises entre deux feux : il faut prier plus et en même temps éviter de contaminer les fidèles en les rassemblant. Après des semaines d’hésitations, s’établissent quelques règles liturgiques simples : ablutions à l’entrée des églises, ports de masque antipeste, distanciation sociale, contingentement. Notons que c’est à cette date qu’a disparu de la liturgie catholique le très traditionnnel geste de paix. Il n’a pas survécu à la peste. 
En matière de prévention et d’hygiène, les prélats présidant les cérémonies montrent l’exemple. Mais, comme ils doivent parler, ils ne portent pas le masque antipeste durant toute la cérémonie, mais le mettent seulement au moment de la distribution eucharistique (la gestion de celle-ci quant aux récipiendaires est assez chaotique, malgré les incitations du pontife romain François Ier de communier sur la main...). Quand il n’est pas utilisé, le masque pour rester hygiénique est glissé dans une petite pochette dont s’occupe le servant géloféraire...

C’est ainsi qu’est apparu dans certains lieux d’avant-garde ce petit sac au liséré violet, signe qu’il appartient à un prélat (ici le Père Abbé de l’Abbaye territoriale de Saint-Maurice). Par contre l’énigme continue : pourquoi y a-t-il des sapins comme symbole sur le prosopophorion ? 

(NB : Vu sa rareté, cet objet n’est pas montré dans le trésor de l’Abbaye de Saint-Maurice, il faut faire une demande écrite au Père Abbé actuel pour le voir !) 

dimanche 3 avril 2022

l'énigme oblique de la semaine

Il s’agit d’une petite pochette qu’on utilisait dans les liturgies pontificales. Elle n’est plus utilisée aujourd’hui. A quoi servait-elle ? 



vendredi 1 avril 2022

Solution de l'énigme biblique : 6

Il s’agit des 6 jarres des noces de Cana, représentées sur une tapisserie au Foyer de Charité de Châteauneuf de Galaure (Drôme). 


Coincidence : il fallait répondre 6. C’est le numéro du verset du deuxième chapitre de l’évangile de Jean qui relate donc le changement de l’eau en vin au mariage de Cana en Galilée : 

Jn 2,6 : « Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres). »

Dieu donne à profusion. Ils n’ont pas réussi à tout boire. A chaque eucharistie, nous finissons le vin nouveau des jarres de Cana !