dimanche 27 janvier 2019

Tout contre

Samedi dernier, j’ai proposé, lors de la récollection mensuelle de notre noviciat, une méditation sur un des tout petits psaumes de la Bibile, le Ps 130 qui présente un portrait de la simplicité chrétienne :
Seigneur, je n'ai pas le coeur fier ni le regard ambitieux ; * je ne poursuis ni grands desseins, ni merveilles qui me dépassent.
Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ; * mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère.
Attends le Seigneur, Israël, * maintenant et à jamais.
Je me plais à imaginer qu’il s’agit d’une prière que Jésus, dans ses récollections solitaires de la montagne, devait dire à son Père avec une humble vérité toute profonde. 
Et, nous les croyants, nous marchons sur ses traces. Tant bien que mal, souvent plus mal que bien, mais ce qui est plutôt bien c’est que nous sommes, quoi qu’il en soi, tout contre Dieu (bizarre ce « contre » !), comme un petit enfant contre sa mère. 
Le lendemain dimanche, nous visitons la famille d’un des novices et on me glisse dans les bras, un bébé neveu Augustin ! Cadeau de Dieu parce que les psaumes parlent de la vie.

vendredi 25 janvier 2019

un nouveau président


24 janvier 19. Investiture du nouveau président de la République, Félix Tshisekedi.
Le village a envahi la cour intérieure de la maison des Pères pour voir à la télévision l’événement de Kinshasa ! Sans autre commentaire.

jeudi 24 janvier 2019

Facebook au Congo

En ce jour, je me réinstalle sur Facebook, dont depuis trois semaines le gouvernement de la République démocratique du Congo par précaution anti-démocratique avait privé le peuple, pourtant seul garant de la vie démocratique !
Je ne suis pas citoyen congolais donc je ne reviens pas sur ce fait lamentable ni sur les côtés lamentables de l’élection qui vient d’occuper toutes les énergies dans le pays (cf. mon article précédent sur ce blog).
Ce petit Carême de Facebook m’a fait du mal car je me plais bien dans la compagnie des groupes d’intérêt que je fréquente : poésie, littérature, calligraphie, monarchies d’Europe, patrimoines architecturaux et même athées et autres laïcs bouffeurs de curés (il ne faut pas avoir que ses amis comme Amis de Facebook !)... 
Mais cette cure d’austérité informatique m’a fait aussi du bien car j’ai plus lu : je suis arrivé au bout d’une œuvre terrible : « L’œuvre », roman de Zola, noir au possible sur la peinture colorée de la fin du 19; puis j’ai attaqué le plus court mais tout aussi passionnant « Joueur d’échec » de Zweig...
Il faudrait que chaque minute dure deux minutes, et ainsi avoir de la place pour tout faire dans ce monde si passionnant.
Et aussi pour avoir le temps de regarder les pique-bœufs de ma Colline au Kasaï, s’envoler majestueusement, comme le nouveau Congo du Président Tshisekedi, investi aujourd’hui, nouveau Congo qui va prendre un essor de justice, de paix et de prospérité. Il faut espérer. 

dimanche 13 janvier 2019

la vérité des urnes ou la paix des urnes


Habitant le Congo, je n’y suis pas citoyen, ce qui me permet de parler avec une posture spéciale et un recul que certains n’ont pas. Je peux donc m’essayer aussi à faire un bilan de l’exercice électoral récent en RDC et qui est regardé avec attention dans le monde entier.

Après plusieurs années d’attente, de report et de cafouillage, ces fameuses élections ont eu lieu et se sont déroulées dans un calme que personne ne pouvait prévoir. Après plusieurs jours d’attente, de report et de cafouillage, la proclamation des résultats a eu lieu et s’est déroulée dans un calme que personne ne pouvait prévoir, sauf dans quelques zones chaudes et violentes et au Kasaï dont le président élu est originaire et où tout a explosé en liesse après de longues années d’espoir autour du nom des Tshisekedi. On peut dire que s’est manifestée la paix des urnes, dans la mesure où le peuple est en gros content de cette élection et ne semble pas vouloir se révolter en masse contre une confiscation de leurs droits... Paix des urnes, oui, mais vérité des urnes et justice des urnes ?

Suite à la proclamation des résultats, la Conférence des Evêques, qui est un acteur majeur de la vie politique dans ce pays sinistré tant au point de vue économique que politique, s’est rapidement trouvée dans l’embarras. Car il semble que le candidat proclamé vainqueur par la CENI  (Commission électorale indépendante !) n’est pas celui qui se trouve en tête de listes des observateurs de la CENCO, qui pourtant souhaitait l’élection d’un opposant à Joseph Kabila.

Que faire ? Faire en sorte que tous les acteurs cherchent vraiment la vérité, la paix et la justice, les trois en même temps et de façon équilibrée. Je suis frappé que dans les micro-trottoirs de Kinshasa des gens qui n’avaient pas voter le président proclamé sont contents « parce qu’enfin l’alternance ! ». Cela est aussi la vérité des urnes.  Il faut juridiquement tout faire pour qu’on connaisse cette vérité. Ceux qui pensent qu’il vaut mieux oublier les PV et aller de l’avant avec le nouveau président doivent comprendre que tôt ou tard les vérités cachées finissent par exploser, pour le plus grand malheur de la paix et de la justice. 

Mais en même temps, il est important que ce peuple qui les mendie depuis des décennies puisse avoir sa part de paix et de justice. Or quelle que soit la vérité des urnes, les alliances et combinaisons diverses ont occupé le terrain, avant, pendant et après le processus dit démocratique. Je pense que trop de tractations nuit à la justice démocratique car ce sont surtout les intérêts individuels et oligarchiques qui tirent leur épingle de ce jeu-là. 

Ainsi on peut redouter que la subite lune de miel entre le parti de l’ancien et celui du nouveau président va faire de l’alternance un leurre et une tromperie. Alors la justice et le développement du peuple congolais risquent de s’éloigner dans un horizon incertain. Mais le pire n’est pas toujours certain. 





jeudi 3 janvier 2019

Elections au Congo : un témoignage

Sylvain Kalamba a 21 ans, il habite le village de la colline de Malandji, au Kasaï central, sur la paroisse des Pères de Saint-Maurice. Ceux-ci, en partenariat avec l’association franco-suisse ABLFC (a better life for children), ayant détecté en lui un certain potentiel l’ont parrainé et envoyé à l’internat du lycée catholique de Mikalayi, où Sylvain est actuellement finaliste (dernière année, celle du diplôme d’Etat, le bac congolais) en option pédagogie générale. Il a vécu ces élections avec un regard tout particulier. 

QUEL RÔLE AS-TU JOUÉ DANS CES ÉLECTIONS ?
J’étais observateur de leur bon déroulement! Techniquement OCTS (observateur à court terme supérieur), c’est-à-dire que j’étais le responsable, le coordinateur des observateurs de mon centre de vote.

QUI T’A CONTACTÉ POUR TE DEMANDER DE TENIR CE RÔLE ?
C’est mon professeur de méthodologie générale et spéciale qui m’a sollicité. Quand il a vu mon application dans ses enseignements, surtout lorsqu’il dictait le résumé de ses cours,
il m’a dit qu’il allait m’engager comme observateur de la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo). Cet enseignant était lui-même choisi par le prêtre coordinateur des observateurs de la CENCO pour toute la province.

POURQUOI AS-TU ACCEPTÉ ?
Je ne pouvais pas refuser. Il m’avait expliqué la tâche qui consistait surtout à être capable d’envoyer des messages SMS depuis un bureau de vote jusqu’au serveur central de la CENCO. Des messages sur ce que je voyais dans le centre d’élection, sur le contrôle des numéros officiel du centre. Au départ j’ai accepté surtout pour des raisons techniques... 
Puis nous avons été formés, dans notre école, en quatre soirées. Etant interne, je ne pouvais pas me déplacer dans un autre village pour la formation ; alors j’ai dû trouvé trois amis et nous avons reçu notre formation au lycée : Nous devions étudier sept formulaires :
1. sur les membres du bureau de vote et de dépouillement.
2. sur l’aménagement et l’ouverture du bureau de vote
3. sur la présentation des urnes, l’encre indélébile, les bulletins vierges, les 5 premiers membres votants.
4. sur le dépouillement. 
5. sur les résultats de l’élection présidentielle
6. sur les résultats des députés par partis ou regroupement politiques
7. sur les incidents.

EN QUOI CONSISTAIT TA CHARGE ?
Je devais contrôler si les contenus des 7 formulaires étaient bien respectés 

OÙ SE TROUVAIT TON CENTRE ?
C’était un des 3 centres électoraux de ma paroisse, dans le hameau Tshiamua Bantu. Dans ce centre il y avait 6 machines à voter, 3 fonctionnaient et 3 en réserve. 

POURQUOI AS-TU ÉTÉ PLACÉ DANS CE CENTRE ?
On a choisi de me mettre dans ma paroisse plutôt que d’aller dans un centre plus éloigné, pour des raisons pratiques de transport... 

COMMENT S’EST PASSÉE TA JOURNÉE ?
J’ai quitté la maison des Pères (pendant les vacances j’habite près des Pères de Saint Maurice) à 17 h le samedi pour arriver à 19h. Je me suis présenté aux agents et je leur ai montré ma carte d’accréditation. Ils ont vérifié la validité de la carte et j’ai dû rester avec les agents et deux policiers toute la nuit ; nous étions 13 personnes. Le matin on s’est réveillé à 5 h. On a installé la machine à voter pour qu’elle fonctionne. On a installé les files d’attente devant les bureaux avec les bandes de la CENI (Commission électorale nationale indépendante).
À 5h45, les témoins sont arrivés. Un témoin est un représentant d’un parti qui surveille les votes des candidats. Par exemple : ils donnent les numéros des candidats aux électeurs qui ne les savent pas. 
6h, la première personne a voté : le directeur de l’école ; puis un assesseur ; puis moi ; puis deux témoins ; puis les gens du village. Au début il y a eu peu de monde à cause de la menace de la pluie, mais à partir de 8h il y a eu du monde. Beaucoup. La cour était pleine de gens.... Jusqu’à 17h ; puis nous avons encore attendu les retardataires...
J’ai eu l’impression que, malgré tout, cela s’est bien passé. 

C’EST LA PREMIÈRE FOIS QUE TU VIS DES ÉLECTIONS. QUEL EST TON SENTIMENT ?
Je pensais qu’il y aurait des violences et en fait il n’y en a pas eu. Les gens me respectaient. À cause du gilet officiel que je portais, avec son inscription : Observation électorale ; JPC (Commission Justice et Paix) / CENCO. Je n’ai pas eu de mauvaises surprises. 

PENSES-TU QUE TON RÔLE A ÉTÉ IMPORTANT ET UTILE ?
Oui, parce que j’ai senti que les gens me respectaient quand je disais qu’il y avait trop de monde dans le bureau. Et par exemple quand j’ai dû intervenir : une maman était venue élire son mari candidat. Mais sur la machine elle s’est trompée de numéro et elle a pleuré. Un agent voulait la chasser et je suis intervenu. On a pu annuler le bulletin et elle a pu revoter, grâce à moi ! 

COMMENT VOIS-TU LA SUITE DE CES ÉLECTIONS ?
J’ai contrôlé le dépouillement, je suis resté jusqu’à 2 heure du matin le lundi. Puis quand ils eurent fini, je me suis reposé, les témoins étant partis. Nous avons dormi avec les machines et les urnes. J’ai fermé le kit bureautique où se trouvaient les PV. On a fermé la machine... 
Dans mon centre de vote cela s’est bien passé, mais je sais que ce n’était pas toujours le cas et cela dépendait aussi de la formation des observateurs qui n’était pas toujours idéale. 

ET GLOBALEMENT, POUR L’ENSEMBLE DU PAYS ? 
D’après moi, les élections se sont bien passées, 
Pour la suite du processus, nous attendons ... un nouveau président. 






mercredi 2 janvier 2019

2019 neuf

365 marches 
Pour un escalier 2019 
Tout neuf
Tout est ouvert
Mais il faudra monter
Mais il faudra descendre
Accepter d’être seul-e
Accepter la main qui se tend
Tendre la sienne
Accueillir les danses 
Transformer les pleurs
En chemin de grandeur
En chemin d’humilité 
De solidarité...
C’est possible 
C’est déjà un peu fait
L’année a commencé... 














Photos : sur les escaliers de l’église, après la messe, durant le concert de la chorale de jeunes de la paroisse. Concert du Nouvel An aussi bien qu’à Vienne ! 

PS Cet article qui normalement aurait dû être posté également sur Facebook est un hommage à tous les Congolais qui sont privés de réseaux sociaux durant cette période d’attente des résultats électoraux ! En espérant que la RDC retrouvera le 21esiècle dans peu de temps !