Un point de contrôle de véhicules en RDC (photo GL) |
La frontière sud de la Suisse, à Chiasso, est
sous pression à cause de l’arrivée des migrants par la Méditerra
née et
l’Italie. Les Européens ont l’impression que tout ce que le Moyen Orient et
l’Afrique du Nord ont de damnés de la guerre se précipite chez eux.
Malheureusement il y a aussi d’autres itinéraires tragiques.
En son extrème sud, la RDC s’avance en Zambie
dans une curieuse bande de terre traversée par une route internationale
conduisant vers l’Afrique du Sud. Ainsi, pour passer d’une portion de territoire
zambien vers une autre il faut passer la frontière congolaise.
Le 15 juin 2016, les douaniers congolais
arrêtent un camion empruntant ce tronçon et découvrent à l’intérieur du
container, une centaine de personnes entassées. 19 sont déjà mortes et les
autres allaient mourir avant peu, de suffocation ou de soif, après une odyssée
terrifiante, qui n’était pas supposée s’arrêter là. Ces passagers clandestins
étaient des Ethiopiens fuyant la famine et la misère de leur pays pour tenter
leur chance dans l’eldorado sud-africain.
Je peux imaginer que les douaniers congolais,
mal payés ou pas payés du tout, envisageaient de rançonner officiellement ce
camion louche dont ils prévoyaient une cargaison Illégale et donc lucrative. Lorsqu’ils s’enquièrent du contenu, on leur répond : du
fretin (poissons minuscules très prisés en Afrique) ! Sans doute
furent-ils surpris de voir que, quelle que puisse être sa propre misère, on
trouve encore plus misérable que soi !
Cette histoire devrait faire réfléchir les
Européens. Bien sûr ils ont le droit inaliénable de défendre leur prospérité
(très réelle, quoi qu’ils semblent dire souvent) et leur sécurité (réellement
en danger). Mais ils ne doivent pas se cacher que cette prospérité et cette
sécurité se sont construites sur le dos du monde entier. Et donc le minimum
qu’ils puissent faire, c’est de ne pas fermer les yeux sur les tragédies qui se
passent ailleurs. Chaque fois qu’une portion d’humanité est bafouée, c’est
toute l’humanité qui est blessée. Quand j’ai mal aux pieds, ma tête trinque
aussi !
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