mercredi 28 août 2019

le chemin de saint Augustin

« Mieux vaut suivre le bon chemin en boîtant,
que le mauvais d’un pas ferme. »
Saint Augustin
Aujourd’hui nous avons célébré notre Père Saint Augustin qui nous a donné non seulement une règle de vie, mais un chemin de foi et de charité sur lequel nous essayons d’avancer... pas toujours d’un pas très ferme, mais le plus courageusement possible
En notre célébration de la solennité, nos trois novices du prieuré de la Colline ont prononcé leurs premiers engagements (vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance). Charles-Théodore, Charles-le-Bon et Augustin sont désormais en chemin avec nous. 
Boîtons ensemble, mais avançons ! 










mardi 27 août 2019

dix novices


Il serait intéressant que l'archiviste de l'Abbaye de Saint-Maurice nous dise depuis quand nous n’avons plus eu 10 novices "canoniques" (c'est-à-dire qui sont dans leur année de noviciat canonique dans leur chemin religieux) chez les Pères de Saint-Maurice, comme ce soir, 27 août 2019!
5 novices qui feront leur professions demain, fête de notre Père Saint-Augustin : Maurice, Simone, Charle Théodore, Charles le bon, Augustin 
et 5 qui ont commencé leur noviciat ce soir, premières vêpres de la solennité : Jean-Pierre, Alphonse, Jean, Emery, Pierre. 
En duplex, deux cérémonies jumelées entre l'Abbaye valaisanne et le prieuré kasaïen...

Avant la cérémonie, devant notre maison! 

Une nuit bénie. Prions pour que cela dure! Et que le Seigneur envoie les ouvriers dont il a besoin pour le vaste champ de ce monde si difficile, si passionnant !
Après la cérémonie de prise d'aubes et d'entrée au noviciat pour  4 d'entre nous!

nos jeunes

Nous avons vécu de jeudi à dimanche dernier (22 au 25 août) une session de formation (université d'été!) pour les jeunes de notre paroisse et de notre secteur pastoral. 110 jeunes garçons et filles de 13 à 25 ans environ se sont présentés. Il y a eu des conférences, des liturgies, des distractions, des matches de foot et des concerts de chorales de jeunes des paroisses présentes.
De très beaux moments de vie avec une jeunesse qui donnent de l'espérance à l'Eglise.
J'ai fait une conférence sur la "prière et son lien avec le travail"; j'ai été édifié par la qualité de l'écoute et par les questions pertinentes qui m'ont été posées après...


vendredi 23 août 2019

l'émerveillement




Début août, la saison sèche touche à sa fin. Comme chaque année des inconscients mettent le feu à la brousse en vue de la préparation des champs pour les labours de la prochaine saison agricole. Mais ici le feu se maîtrise peu et rapidement des flammes impressionnantes et conquérantes avoisinent notre chapelle mariale. Heureusement elles ne l’atteignent pas.
A la mi-août les premières averses de la saison des pluies arrivent et, un soir aux vêpres, je remarque des fleurs blanches piquant d’un blanc éblouissant des restes calcinés de buissons. Depuis la chapelle, on peut penser à de petits lys sauvages ou des jasmins. La prière terminée je m’approche, j’admire et je continue ma prière en me remémorant l’admiration de Jésus : « Observez les lys : comment poussent-ils ? Ils ne filent pas, ils ne tissent pas. Or je vous le dis : Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’était pas habillé comme l’un d’entre eux.
Si Dieu revêt ainsi l’herbe qui aujourd’hui est dans le champ et demain sera jetée dans le feu, il fera tellement plus pour vous, hommes de peu de foi ! »
Cela résonne fortement en moi. D’autant plus que ces jours, l’atelier de peinture de la mission bat son plein. Les jeunes illustrent sur du bois les paraboles de la bible. Et il est plus difficile de rendre la beauté d’un lys que la robe royale de Salomon. Quand je pense que le Verbe éternel a pu être fasciné par des fleurs des champs qui poussaient au bord de son chemin, je me rends compte que j’ai une marge de progression dans l’émerveillement.





mardi 20 août 2019

l'esclavage

Ce n’était peut-être pas un canular, mais cela en avait tout l’air. Notre communauté de la savane a reçu un programme de réjouissances venant d’une communauté religieuse jubilaire de la ville. On nous invitait à des conférences, des concerts et même à une kermesse. 
Un NBvenait conclure ce petit calendrier alléchant : Prière d’amener l’argent pour acheter ceux dont vous avez besoin. 
Comme je n’ai besoin d’acheter personne, j’ai éclaté de rire devant le lapsus orthographique. J’ai immédiatement pensé à la traite d’esclaves dont le continent qui m’accueille a été la triste victime ; c’est presque du passé, un passé terrible dont on ne va pas faire mémoire par une kermesse (peut-être une messe !).
J’ai pensé aussi à la corruption qui ici n’est malheureusement pas du passé. On achète tout le monde :  pour passer une barrière routière sans encombre on glisse un billet dans la manche distraite du policier armé ; pour hâter l’officialisation d’une école privée, on donne un billet à l’inspecteur après lui avoir offert la bière, le repas et le transport ; pour ne pas avoir trop à attendre debout à l’aéroport, on glisse l’air de rien un billet à celui qui connaît le chemin du salon vip... etc...
Je me demande alors s’il n’y a pas une parenté profonde entre l’esclavage d’antan et le système de corruption généralisée dans lequel se débattent aujourd’hui beaucoup de pays du Sud... Il y a un tissu serré d’oppressions de l’homme sur l’homme dont il faut être conscient pour le déchirer courageusement et sans répit. 

jeudi 15 août 2019

la doctrine chrétienne

Notre Père Abbé bénissant les muridé notre Noviciat
Faisant chemin sur mon réseau social préféré, je rejoins volontiers certains groupes de discussions tant européens que congolais, ce qui est plus intéressant - depuis ma brousse - que de contempler la photo de la glace princière ou du kir royal que certains de mes amis « partagent » avec moi depuis une terrasse alpine...
Les Congolais sont très actifs et chauds dans leurs échanges sur la politique ou la religion... Avalanches de réponses, d’insultes ou d’ «Amen ! ».  Un de ces jours quelqu’un a lancé une discussion qui a eu son succès : « Qu’est-ce qui te motive à rester attaché à ton Eglise, malgré certaines erreurs commises par les dirigeants ? »... 
Je m’attarde, épinglé par la question, si cruciale en Europe où l’on pense aux « affaires » que l’on sait, moins cruciale en Afrique où les abus des dirigeants qui sont pointés du doigt sont pour le moment plutôt politiques, financiers que sexuels... 
Je parcours les réponses lorsque je lis ceci : « l’enseignement propre du christ, une doctrine battue sur le fondement des apôtres et prophètes »...J’aime bien le « battue » qui me fait penser à une lessive qu’il faut battre énergiquement sur un socle solide pour qu’elle soit bien propre. L’image est très poétique. 
Puis je me rends compte que c’est une faute d’orthographe. Les langues congolaises n’ayant pas le son « u », on le mélange allégrement avec le son « i » et donc il ne fallait pas lire battue mais bâtie ! N’empêche qu’une bonne bastonnade sur la doctrine contribue à la rendre pure... mais pas pire !

vendredi 9 août 2019

l'accueil

Dans le salon de notre mission de la Colline, nous avons installé, près des fauteuils, de petites crédences en formica blanc devenu gris sale dont les tubes de structure en plastique sont douteux. Rebuts d’Europe apportés en Afrique dans un coin de container, elles nous permettent maintenant de disposer pour nos invités des verres d’eau, des canettes de bière et des coupelles d’arachides: très pratiques mais particulièrement laides...

Comme mon atelier de peinture est désormais ouvert et bat son plein, j’ai décidé de leur donner un coup de neuf et les peindre en un brun jeune et revigorant qui se marie judicieusement avec le bois et les housses des fauteuils. Ce qui fut prestement fait. Puis j’ai eu l’idée de pousser plus loin la décoration et de calligraphier des mots positifs, comme des souhaits à l’intention de nos hôtes. 

Trouver huit mots, pour huit crédences, ce fut un défi, vite relevé quand se sont présentés à mon imagination les fruits de l’Esprit que saint Paul énumère aux Galates (5, 22-23) : l’amour, la joie, la paix, la foi, la patience, la douceur...

Litanie sur mesure. Nous recevons des gens, ils s’assoient chez nous, nous leur offrons l’amitié, la fraternité et leurs signes concrets qui sustentent le corps et le coeur. Un Esprit plane, mystérieusement au-dessus de cette simplicité évidente. De tout cela jaillissent des fruits qu’opportunément nos petites crédences rappellent en lettres rouges. Couleur de toutes les sortes d’alliance ! 

jeudi 1 août 2019

le sexe


Alors qu’en Europe on patauge dans des idéologies de plus en plus asexuées ou multisexuelles, mon Kasaï a peur des « tueurs de sexe ». 
La rumeur et les racontars pourraient donner lieu à de franches rigolades si l’on ne déplorait déjà un mort brûlé vif sur un marché de Kananga, la métropole kasaïenne... 
L’histoire commence à Tshikapa, une ville de l’ouest. Un riche diamantaire paie des féticheurs pour voler la puissance sexuelle des hommes à qui ils toucheraient la main. Le but est d’anéantir les concurrents en les ... démoralisant.  Et il semble que cela marche. 
Dans un village, un soldat parti dans les buissons se soulager revient « à plat » après avoir touché la main d’un quidam. Effrayé et désarçonné, il crée la panique en tirant en l’air pour tuer le féticheur qui lui aurait pris un de ses biens les plus précieux. 
Les histoires de ce genre se répandent partout, de bouches à oreilles et de réseau social en réseau social. Avec des avertissements : ne touchez plus la main des inconnus, etc. etc...
Je me prends à rêver. Serait-ce un moyen, magique mais pratique, pour réguler les naissances dans ce pays qui va au-devant d’une catastrophe démographique, les infrastructures n’arrivant plus à suivre l’évolution de la natalité ?
Tout cela pour dire qu’il est difficile d’annoncer ici un message clair et vivifiant sur la sexualité alors que les problèmes nous assaillent de toute part. Pour le moment mon message consiste à serrer la main de ceux que je rencontre avec encore plus d’empathie que d’habitude.