Un ami me fait parvenir une photo magnifique de la croix de l’Aboillon. Dans la région valaisanne d’Émosson, la pointe d’Aboillon domine des vallées enchanteresses qui languissent dans les lumières de l’automne. Et le regard de ceux qui l’ont conquise s’émerveille des crénelures grises et blanches de l’horizon lointain. La montagne telle qu’on l’aime.
Comme sur de nombreux pics de nos Alpes catholiques, une croix signe le paysage. Même contestées par quelques idéologues du laïcisme pur-sang, la plupart de ces croix sont en fer forgé ou en bois très massif, capables de résister aux rigueurs des climats d’altitude et de certaines rognes anti-chrétiennes.
La croix de l’Aboillon porte sur elle un crucifié, qui au premier abord, semble mal en point. Un des bras s’est détaché du Corps du Christ et semble comme projeté en avant. Non, ici le Christ n’est pas défiguré, au contraire il semble tellement désireux d’embrasser le monde que ses bras précèdent et accompagnent le désir. L’effet est saisissant.
Il n’y a pas toujours lieu de polémiquer sur la présence de signes chrétiens sur des hauteurs qui sont à tous. Mais justement ici, le crucifix de l’Aboillon semble tellement humble et candide avec son bras déchiqueté qu’on lui pardonne de vouloir embrasser l’univers entier. Il le fait avec une telle délicatesse désintéressée que même un alpiniste athée en reste bouche close. « La neige et les rochers s’étaient unis pour l’arracher... », mais peut-on ôter un si simple désir d’aimer.
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