samedi 7 avril 2018

Les plus jeunes poussent le ballon, les plus âgées la chanson!


Aujourd’hui samedi, match de classement (ou petite finale) de notre Tournoi pascal. L’équipe CASM s’est inclinée (4e) face à Notre-Père (3e) par 2 à 0, même si, je le dis sans parti-pris, l’équipe de la Maison des Pères a bien joué, a dominé un adversaire nettement plus brouillon et nettement plus chanceux ! Fin de commentaire. D’ailleurs maintenant et tous ces derniers jours, la tension monte en vue de la Grande Finale du 2e dimanche de Pâques. Tout le monde s’échauffe depuis les tout-petits... jusqu’aux vieilles dames !

Dans ma paroisse congolaise les veuves âgées forment un groupe typé et pittoresque ; elles sont très pauvres et l’aide de la paroisse leur est bienvenue ; mais pour préserver leur dignité nous les engageons, contre rémunération, à de petits travaux autour de notre mission : sarclage du maïs, préparation du manioc avant sa transformation en farine. Elles mettent donc de l’ambiance en racontant des histoires avec leur argot très vert qui laisse les jeunes pantois.

On se comprend elles et moi par gestes et je décode toutes leurs mimiques quand elles essaient de me soutirer un petit verre d’alcool ou une cigarette, avec lesquels elles s’encouragent... plus à la causette qu’au travail...

Cette semaine elles sont les héroïnes de la Colline. Les chefs coutumiers les ont appelées pour favoriser leur « peuple » dans la Finale qui va opposer l’équipe du village et celle d’un hameau éloigné. Parmi les préparations au match, il faut s’attirer les faveurs des ancêtres et éloigner les mauvais esprits. C’est la spécialité des vieilles dames qui chantent des mélopées mi-religieuses, mi-patriotiques pour que le clan ne sort pas dans la honte de l’épreuve d’une guerre, d’un conflit, d’un match...

Finalement cela me plaît bien cette utilité sociale de tous. Les plus jeunes et musclés poussent le ballon ; les plus âgées et ridées poussent la chanson pour s’attirer la faveur de mânes encore plus anciens. Et le monde, ici et au delà, s’organise tant bien que mal avec une place pour chacun.


Et que dans tout ceci le meilleur gagne ! 


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