Pendant quelques semaines un nouvel objet liturgique a
occupé une belle place dans l’oratoire de ma communauté au Congo. C’était un
gros sac en plastique imitation jute, qu’on utilise ici pour mettre tout ce que
l’on transporte vers le marché, ou du marché à la maison : le charbon
de bois, les farines, le maïs ...
Il se trouvait droit sur ma trajectoire diagonale
lorsque je m’asseyais à ma place devant le tabernacle. La première fois que je
l’ai vu, il a heurté mes yeux toujours à l’affût, soit d’une beauté à admirer, quand
je vais bien, soit, quand je suis mal tourné, d’un sujet de mécontentement
décoratif. Ce sac, si nul, si commun, si banal, que faisait-il là ? Il eut
d’abord l’heur de m’agacer. Puis, lui et moi, nous nous sommes apprivoisés, il
m’a appris à mieux prier, et j’ai regretté que samedi dernier il soit parti au
feu.
Le jour de la fête des Rameaux, nous avons organisé le
traditionnel Grand Pèlerinage des Jeunes. Ils sont arrivés par milliers des
quatre coins de l’horizon vers notre Colline. Dans la chapelle mariale, fermée
à clés mais largement ouverte à ses quatre faces grillagées, ces garçons et ces
filles ont jeté qui un billet de 20 centimes, qui un papier griffonné d’une
intention de prières : pour un papa malade, une petite sœur qui va faire
son diplôme d’Etat, une maman en voyage, un ami amoureux, un avenir
incertain...
Après le pèlerinage, nous avons recueilli tout
l’argent dans un petit sac, et toutes les prières dans un grand. Et notre
communauté a distillé ces cris de la terre vers la Paix du ciel, dans un
alambic mystérieux.
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