J’ai été
cambriolé. Profitant d’une de mes innombrables allées et venues, quelqu’un
s’est introduit dans la mission de la Colline et dans ma chambre que j’avais
négligé de fermer à clé : j’y entre et sors trop souvent et sans savoir
combien de temps je reste dehors.
J’ai ainsi
découvert progressivement qu’on m’avait volé six billets de 50 dollars, mon
appareil de photo neuf et performant... et deux boites de sardines sur les 10
que j’avais laissées sur ma bibliothèque en prévision d’une disette...
Il y a une
violence terrible dans un cambriolage. Je me suis senti frappé au profond de
moi-même, parce que ce qui me fait rester sur ma colline malgré la guerre, la
pauvreté, les différences culturelles, etc. , c’est une empathie avec ceux qui
me côtoient : les ouvriers, les jeunes et les voisins du village et tous
les pauvres diables qui passent sur notre route près de la maison, avec leur baluchons
ou leur marchandises...
Comment
faire pour ne pas tous les mettre dans le même sac des voleurs ? Comment
ne pas commettre une injustice sur une autre injustice en accusant, ou en soupçonnant,
des innocents ? Comment ne pas prendre de mesure de rétorsion envers ceux
qui n’en peuvent mais et qui ne pourront plus entrer chez nous parce qu’un
autre y a commis un délit ?
En fait je
suis sauvé par les deux boites de sardines. S’il a été ébloui par les sardines
et pas par les livres voisins de ma bibliothèque, c’est qu’il avait faim. C’est
mon frère, ou ma sœur... cette fraternité me fait aller mieux...
Trois jours plus tard :
J’ai retrouvé 200 $ et mon appareil de photo,
grâce à la sorcellerie. Enfin indirectement! Les villageois et leurs chefs coutumiers
étaient tellement dépités de me savoir volé par l’un d’entre eux qu’ils ont
lancé une grande opération de déstabilisation du voleur par la peur, avec
menaces de faire intervenir les forces magiques contre le coupable. Il a
effectivement pris peur et jeté l’argent qu’il n’avait pas déjà dépensé, puis l’appareil de photo dans le sanctuaire de
Marie et sur un gazon de la Colline !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire