Souvenir de vacances. L’Abbaye de Fontevraud, en Touraine, est un glorieux monastère disparu à la Révolution, mais dont la survie est due à Napoléon qui l’a transformé en prison. Les derniers prisonniers ont quitté les lieux à la fin du dernier siècle et l’Etat en a fait un espace culturel dédié à son histoire (monastique et carcérale) mais aussi au présent. Ainsi va-t-il falloir accepter des élucubrations contemporaines si nous souhaitons apprécier les splendeurs médiévales.
L’église dans sa sobriété romane récemment restaurée est sublime et la lumière y glisse délicatement sur la blancheur des pierres. Malheureusement, un artiste a « installé » à l’entrée du chœur, devant l’autel, un ensemble assez laid de marionnettes en carton qu’un mécanisme fait tourner. Intitulé « le Roi nu », cet attirail est supposé représenter la ronde des ambitions des seigneurs Plantagenêt, grande famille du cru, dont l’importance pour le monastère et pour l’Europe n’est pas à démontrer.
Cela pour dire que, dans un art qui se voudrait eschatologique (mais il suffirait d’enlever la première syllabe de l’adjectif), chaque humain, tout grand ou petit qu’il soit, est égal à tous les autres lors du Jugement dernier. Oui, mais qu’en est-il des artistes ? On en vient pour certains à espérer un enfer éternel...
Aliénor d’Aquitaine, reine de France puis d’Angleterre, ne semble pas de formaliser de ce manque de goût. Son gisant, trônant au milieu de la nef, la représente en train de lire un psautier. De quoi oublier ce qu’on fait aujourd’hui de sa mémoire !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire