« Depuis la nuit des temps, Internet constitue pour le monde entier un système d’exploitation rapide d’analyse des données et de l’information... » Moi qui suis né avant Internet, je prends soudain un sérieux coup de vieux et je me sens contemporain de Mathusalem.
En fait je suis en train, de corriger un exercice de dissertation française, fait par mes élèves congolais qui se préparent au baccalauréat. Ils vivent dans une brousse pleine de serpents et d’épines, dorment sur des nattes dans de minuscules cases de chaume, font des heures de trajet sur des pistes défoncées et sablonneuses, mais ils connaissent Internet pratiquement depuis toujours et rêvent d’avoir un petit téléphone comme leurs cousins de la ville qui se connectent sur les réseaux sociaux. Je soupçonne d’ailleurs l’auteur de la phrase en exergue d’avoir emprunté le téléphone d’un autre enseignant pour dénicher sur Internet la définition d’Internet !
« Depuis la nuit des temps », c’est ainsi qu’on leur a appris à commencer une composition. Et les plus intelligents placent la formule, sans fautes d’orthographe, à toutes les sauces et pour tous les sujets, et donc aussi pour cette vieille lune d’Internet née dans un siècle où ils n’ont pas vécu.
Je pense tout à coup que la nuit des temps devient de plus en plus longue, année après année, mais peut-être une lumière, une toute petite flamme, toute autre que celle de nos écrans, y luit-elle déjà, discrètement. C’est la fin de l’Avent.
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