mercredi 1 avril 2020

la situation en Afrique au début avril

Est-ce le calme relatif avant une tempête? Pour le moment la situation sur ma Colline kasaïenne est presque normale. Ce qui est surtout pénible, c'est le tri des informations - justes, un peu fausses, totalement mensongères ou fantaisistes - qui circulent sur les réseaux sociaux ou informatifs...


Article de "La Croix" du 1er avril 20 :

L’Afrique entre dans la crise du Covid-19
Le coronavirus est en train de s’étendre sur le continent. Au 30 mars, 46 pays africains étaient touchés par le virus. Les mesures de confinement se généralisent tandis que l’Union africaine et l’OMS tentent d’organiser la riposte contre la pandémie. Beaucoup craignent une catastrophe à venir.
La contamination n’est pas encore foudroyante mais elle n’épargne plus le continent africain. Au 30 mars, le Bureau Afrique de l’OMS enregistrait 4 613 cas de Covid-19 et 131 morts. Sur les 54 États du continent, 46 sont désormais infectés par le virus. Une situation moins dramatique qu’en Europe et aux États-Unis. Mais sans doute aussi, très largement sous-estimée.

La mobilisation

De nombreux pays ont informé leurs populations des mesures barrières à respecter, plus ou moins suivies : « ici à Douala (Cameroun, NDLR), presque tout le monde est dehors », confiait Pauline, une habitante, fin mars.

Dès la mi-mars, plusieurs pays comme le Rwanda ont adopté des mesures de confinement partiel. Elles se sont répandues en Afrique de l’Est, australe, centrale, de l’Ouest, du Sahel et en Afrique du Nord : déplacements limités, fermeture des restaurants et des cafés, instauration du couvre-feu le soir.

Le confinement total

Un nouveau tournant a été pris ce week-end avec l’adoption du confinement total. Depuis le 28 mars, 57 millions de Sud-Africains ne sont plus autorisés à sortir de chez eux pendant une période de trois semaines. Les habitants du Zimbabwe et des villes-monde comme Lagos et Abuja au Nigeria, sont également confinés depuis lundi 30 mars tandis qu’en Côte d’Ivoire, le gouvernement a interdit la circulation des personnes entre Abidjan et l’intérieur du pays.
Adoptée, cette mesure n’est pas nécessairement respectée. Au total, 31 pays ont fermé leurs frontières et 12 ont suspendu leurs liaisons aériennes internationales.

L’Union africaine à la manœuvre

De son côté, l’Union africaine (UA) tente d’apporter une réponse globale à la pandémie à travers son agence, le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CACM). Dirigé par le microbiologiste camerounais John Nkengagsong, le CACM est mobilisé depuis le 28 janvier.
En coordination avec l’OMS, il entend renforcer la coopération entre les pays africains en créant des réseaux régionaux, sur le modèle de ce qui a été fait pour lutter contre Ebola. Le CACM a également activé le Centre des opérations d’urgence (COE), une équipe d’intervention rapide engagée en Afrique de l’Ouest en 2014 et en République démocratique du Congo en 2017.

Les obstacles

Cependant, cette mobilisation nationale et panafricaine se heurte à de nombreux obstacles pour contenir l’épidémie. En premier lieu, les mesures barrières. « Se laver les mains régulièrement dans un continent où l’accès à l’eau est difficile pour la majorité de la population ne va pas être simple », souligne Augustin Augier de l’ONG Alima.
La distanciation sociale, comme le souligne la romancière camerounaise Hemley Boum sur sa page Facebook, est un vrai problème : « Dans les villes, la plupart des gens vivent en cour commune, partagent les mêmes douches, les mêmes toilettes. La plupart des gens gagnent leur vie au jour le jour. D’où l’expression « rationner », le père de famille laisse l’argent pour la ration du jour. Et il sort pour gagner celle du lendemain. On ne se rend pas compte à quel point un frigo, avec 2-3 jours de stock de nourriture est un privilège. »
Le 29 mars, le président du Bénin, Patrice Talon, a déclaré que son pays n’a pas les « moyens des pays riches » de confiner sa population. Plus grave, les infrastructures sanitaires dont dispose le continent sont très insuffisantes pour accueillir les 15 % de patients du Covid-19 qui vont requérir une hospitalisation. L’Afrique de l’ouest compte 0,3 lit d’hospitalisation pour 1 000 habitants là où la France en compte 6,6.

La crainte d’une catastrophe

Pour toutes ces raisons, Denis Mukwege, le Prix Nobel de la Paix, dit redouter une terrible catastrophe pour l’Afrique. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres évoquait, le 27 mars, l’hypothèse de « millions de morts ». L’OMS ou la France en appellent à une mobilisation urgente et internationale pour le continent.
Un appel qui commence à être entendu par les partenaires de l’Afrique. Alors qu’au début de l’année, seuls deux pays africains disposaient de laboratoires capables de diagnostiquer le Covid-19, désormais, ils sont plus d’une quarantaine.
Des particuliers et des entreprises se mobilisent aussi pour appuyer le continent. L’entreprise d’infrastructure panafricaine Arise a commencé à livrer des millions de masques et de vêtements de protection, des thermomètres sans contact, des caméras thermiques et du gel désinfectant.
Enfin, le milliardaire chinois Jack Ma - fondateur et président du site de commerce en ligne Alibaba -, a offert 1,5 million de kits de diagnostic en laboratoire et 100 tonnes de produits de prévention des infections à l’Union africaine.

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