Au Kasaï, il y a une lutte incessante entre le béton et le climat. Pluies abondantes et grosses chaleurs se coalisent volontiers pour affaiblir, fragiliser et détruire le béton des murs et surtout des parterres. Des fissures apparaissent et s’agrandissent, des trous se forment. A mon grand dépit. Il faut donc observer attentivement les surfaces et déceler les petits fosses à boucher avant qu’elles ne deviennent des gouffres et des abîmes. Je profite de la présence de notre maçon attitré et d’un sac de ciment en surplus pour faire une tournée d’inspection.
Comme c’est beau, le béton ! Je vois des surfaces polies par des milliers de coups de balais, par des centaines de passages de torchons ; elles présentent un irisement subtil de gris et de bruns, absolument somptueux. Une carte de géographie lunaire se dessine, sur laquelle les petites lignes du maçon originel se lisent encore et où s’écrivent de nouvelles histoires rayées ou moirées. Magnifique.
Et voilà qu’un papillon fourbu se pose, étale ses grandes ailes noires avec leurs délicates taches claires. Et mon béton devient un Versailles pour un Roi éphémère...
La beauté se cache partout. Il faut la guetter avec patience et naïveté. Enlever ses a priori négatifs pour accueillir la possibilité d’un miracle, jusque sur une surface en ciment.
Et si c’était vrai aussi pour les bétons affectifs, les bétons intellectuels et culturels, les bétons spirituels ?
Merveilleuse photo...et merveilleux commentaire! Merci!
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