Ce matin, il pleut à verse lorsque je commence
la messe dans la petite communauté des sœurs où je me suis replié
provisoirement après les violences dont ma Colline a été le théâtre.
Pendant la lecture de l’évangile, je vois une
moto transportant trois messieurs passant devant la fenêtre sous la pluie
battante, puis à l’offertoire un groupe de six ou sept femmes cheminant
rapidement dans la même direction. Mon étonnement augmente : comment
peut-on sortir par un pareil déluge... L’explication vient au moment de l’Agnus lorsque tout ce monde et d’autres
personnes reviennent en poussant des cris de deuil.
C’est qu’un vieux papa était tombé devant sa
maison. On l’a transporté au dispensaire des sœurs à moto et sa famille suivait
à pieds. Trop tard. Le monsieur est décédé à la porte du Centre de soin. On a
aidé avec un brancard la famille qui est retournée à la maison en grand deuil
avec toutes les larmes du ciel.
Agneau
de Dieu qui enlève le péché du monde, prends pitié de nous !
Cela fait remonter à ma mémoire la messe de
dimanche. C’était la lecture magnifique de la rencontre de Jésus avec la
Samaritaine. Peu avant l’évangile, je vois deux femmes passer sur la route avec
d’immenses bidons jaunes sur la tête. Elles marchent allégrement, discutent et
rient, leurs récipients sont donc vides. Elles vont à la source, là bas derrière, vers
le grand ravin qui borde le quartier. Elles reviendront suant sous leurs lourdes
charges d’eau. Puissent-elles y avoir rencontré un peu de cette Eau vive que moi, tranquille dans une douillette chapelle, je suis en train de célébrer !
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