mardi 15 février 2022

l'art et la vie

 



C’était l’automne dernier. En dernière minute, à quelques heures de la fermeture, je file voir l’exposition « Caillebotte, impressionniste et moderne » à la Fondation Gianadda de Martigny. Elle est vraiment magnifique, mais cela sent la fin :  des ouvriers se glissent avec des marteaux et des clous au milieu des esthètes et, nonchalamment comme pour ne pas trop déranger, montent des tréteaux pour préparer un concert de gala qui partagera prochainement les lieux avec les tableaux....

Cela donne lieu à des connivences étonnantes et magiques. J’avais eu un coup de cœur, au Musée d’Orsay, pour une grande composition du peintre qui s’appelle « Les Raboteurs de plancher » : un subtil jeu de perspectives, allié à une immense tendresse pour ces métiers de bas-étage qui en deviennent princiers. Avec la bouteille de rouge dans le coin et les copeaux de bois semés sur le plancher comme du pain pour des rossignols imaginaires. 

Je fus très heureux de retrouver ces Raboteurs en Valais, avec en prime un dialogue muet avec les ouvriers de la Fondation qui ajustent des planches de scène juste devant le tableau. On avait l’impression qu’ils faisaient le même travail...

Une œuvre est géniale quand elle dit le réel et plus que le réel... Ici tout était transfiguré : les rabots, les tournevis, les salopettes, le verre de vin, et même mes lunettes !

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