Voici un santon de la crèche provençale devant sa maison. Qui est-ce?
Dans la crèche provençale des nouveaux venus sont très bien accueillis! Tel est le cas de cette sainte hors du commun, qui est bien en place dans la tradition des santons qui fait la part belle aux petits et aux humbles.
Pour bien la connaître, on ne peut que recommander le magnifique livre de Véronique Olmi, Bakhita, Albin Michel 2017
C’est une formation des servants de messe qui se déroule dans une bonne ambiance, avec ses aspects tant pratiques que catéchétiques. On passe en revue les parties de l’eucharistie et on en arrive à l’offertoire. « L’offertoire c’est le moment où l’on présente les offrandes à Dieu. Pour que le prêtre puisse faire le geste d’offertoire, que devez-vous lui apporter ? » La dame se demande si les enfants vont répondre : « Le pain et le vin ! » ou alors : «le calice et le ciboire », mais c’est peu probable car les mots semblent un peu techniques pour leur âge. Quelle n’a pas été sa surprise d’entendre : « Le désinfectant. »
Rigoureusement juste, cette réponse, depuis que les consignes contre le coronavirus s’invitent au milieu de la théologie liturgique !
En fait il faut positiver et se dire que ce pauvre pain décliné en quelques hosties dans cette petite coupelle, cette pauvre lampée de vin versé dans cette humble coupe, opèrent la grande purification du monde. Il y faut une bonne dose de foi et d’espérance, mais cette réalité m’habite fortement au fur et à mesure que je deviens plus lucide sur l’état du monde. Car notre humanité en chacun de ses membres a surtout besoin de vraie purification de tous ces virus moraux et sociaux qui tournent autour de nos relations...
On aime poser des symboles au bord de nos crèches. Cette année je mets à côté de l’âne – ou carrément dans les mains de la Toute Pure - une petite bouteille en plastique de désinfectant et je pense à ce virus-là et surtout à tous les autres, de toutes sortes, dont Jésus vient peu à peu nous débarrasser.
Il y a d’abord dans la barque, deux héroïnes de la Camargue, les deux Maries vénérées aux Saintes-Maries-de-la-Mer : Marie Jacobé et Marie Salomé, présentes dans les différents évangiles de la résurrection (par exemple en Mc 16,1). A côté d’elles, débarquant sur le rivage, la célèbre fratrie des amis de Jésus : Lazare, Marthe et Marie, cette dernière étant souvent assimilée à Marie Madeleine, qui est aussi une grande sainte de Provence, à cause de son sanctuaire à la Sainte-Baume.
Cette année 2021 et pour la première fois, les trois saints : Marthe, Marie et Lazare de Béthanie sont célébrés le même jour le 29 juillet. La crèche provençale s’adapte en les présentant tous les trois au moment où, selon la légende, ils arrivent sur le rivage de Gaule après avoir fui la persécution de Palestine.
(En catimini, je remercie le Prieur de l’Abbaye de Saint-Maurice d’offrir à ses confrères, une magnifique crèche provençale avec ses centaines de santons, belle catéchèse de la bible et des traditions populaires !)
Dans la crèche des santons de Provence, qui sont ces cinq personnages, débarquant au Soleil levant, tout droit sortis de la bible et des belles légendes occidentales ?
Il s’agit de Baudelaire peint par Courbet au coin droit d’une immense toile qui se trouve au musée d’Orsay à Paris. L’œuvre s’intitule L’Atelier du peintre, avec comme sous titre : Allégorie réelle déterminant une phase de sept années de ma vie artistique (et morale).
Tout un programme pour une œuvre gigantesque représentant un bric-à-brac social incroyable, qui veut déstructurer les hiérarchies artistiques de son époque, en unissant des approches et des genres différents.
Charles Baudelaire est tout à droite, lisant dans le calme. Il représente la poésie : intégrée au monde, celle-ci en est en même temps séparée, comme pour nous ouvrir à un espace différent.
Un très beau détail : pour une fois c’est la peinture qui donne une bonne définition de la poésie.
Et quelquefois, ce qui se passe devant la toile est en connivence avec le thème même du tableau !
Un petit chemin tout ordinaire me mène devant l’ascenseur de mon monastère. J’appuie sur le bouton et j’attends pour monter. C’est bizarre : quand on veut monter en ascenseur, on regarde en l’air alors qu’on sait bien qu’il ne faut pas voir mais écouter vers le haut...
J’attends. J’écoute des bruits de ferrailles qu’il faut décrypter pour savoir si la cage va bientôt arriver. Il y a surtout des silences, puis les câbles en coulissant semblent se rapprocher, mais s’arrêtent à un autre étage ! Et il faut tout recommencer de ce guet impatient qui écoute les bruits de câbles ou de portes qui s’ouvrent et se referment...
Un confrère m’a assuré qu’en fait c’était tout à fait voulu que les ascenseurs soient si lents. Ils participent à la coalition sociale qui veut encourager les gens à bouger, à marcher et à monter les escaliers. Les entreprises d’ascenseurs règlent l’ouverture et la fermeture des portes, les réactions à la pression du bouton, dans une longueur juste assez exaspérante pour nous faire préférer l’escalier, pour nous convaincre de bouger, parce que c’est bon pour la santé.
On croit que les ascenseurs et les escaliers sont des ennemis. Que nenni ! Ils sont complices pour nous obliger à faire du sport, même quand on sort du repas et qu’on veut aller lire l’Écho Magazine tranquille dans sa chambre... Et voilà que je deviens complotiste. Je résiste encore un moment...
Bon, d’accord, je monte l’escalier et, lorsque je suis arrivé à mon étage, j’entends l’ascenseur qui arrive en bas et qui rigole de ne plus me voir.
Il s’agit bien d’un vitrail représentant les disciples d’Emmaüs.
Au premier abord, ce vitrail semble non figuratif et pourtant il illustre une scène biblique. Laquelle? Référence ?
Mon compagnon de route et moi, nous nous classons parmi les touristes, visant les belvédères et contemplant de haut l’eau émeraude qui glisse entre les parois vertigineuses. Tout en bas les amateurs de rafting s’en donnent à cœur joie.
Cela nous donne l’occasion de nous rappeler une parabole chère à un confrère commun : L’Eglise d’avant c’était une galère, tous alignés regardant en arrière, tirant les rames en cadence forcée, faisant confiance à celui qui, à l’avant, voyait la direction et imprimait le rythme...
L’Eglise d’aujourd’hui c’est plutôt un raft, canot-bouée en plastique, engagé en terrain très accidenté et en eaux tumultueuses, où chacun doit y mettre du sien (sa bonne condition physique, psychique et spirituelle) pour ne pas chavirer et garder le cap.
Je dis que l’image est ingénieuse mais un peu brute. Car le raft est un bateau de loisir qui ne sert à rien tandis que la galère peut transporter des marchandises... - Surtout du matériel de guerre, me réplique mon confrère...
Je cherche pour mon Eglise une image de bateau qui ne soit ni une galère, ni une bouée de vacances. Peut-être une barque de pêcheurs à Tibériade ?
Il s’agit d’une pelle à neige ! A quelques lacets de route au bas du col du Grand-Saint-Bernard, du côté italien, se trouve la chapelle de Notre-Dame des Neiges qui recèle cette peinture de la Vierge à l’enfant, avec l’attribut qui lui est attaché. Cette dévotion est liée aux travaux de déblaiement de la neige au printemps pour permettre l’ouverture du col aux voitures... Les travailleurs de la voirie, bravant le froid et les dangers d’avalanche, y demandent protection, même si les pelles et pelleteuses d’hiver ont actuellement une autre allure !
Collonges est un charmant village au bord du Rhône près de Saint-Maurice. On vient d’y restaurer la petite église paroissiale et le résultat est si magnifique qu’on ne peut qu’encourager les promeneurs du dimanche à aller faire une petite halte ravigotante dans la sereine atmosphère de ce joyau.
En plus de tout un travail d’assainissement des structures et de simplification de l’espace intérieur, la collaboration entre historiens et restaurateurs d’art, architectes et entrepreneurs, a permis de mettre en valeur quelques merveilles artistiques et d’en découvrir d’autres sous les revêtements que les restaurations antérieures avaient reléguées dans l’ombre des enduits.
C’est ainsi qu’une petite alcôve arquée est miraculeusement remontée à la lumière. Peinte d’un bleu délicat et ornée d’étoiles, elle s’est trouvée là, toute étonnée, candide et simple sur le blanc de l’arc principal, parfaite dans son humilité pour apporter une touche de bon sens paysan dans les décors peints et semer ses étoiles comme le semeur de l’évangile...
A elle seule cette petite excavation est déjà tout un message de délicatesse et de vérité. Mais on lui a redonné sa vocation première. On y a mis une belle Vierge, Notre-Dame de Liesse, présentant son fils aux visiteurs et aux priants.
Tout autour, des étoiles dansent, comme elles dansaient, il y a quelques lustres, lorsque les paysannes venaient lâcher sous elles quelques prières et quelques soucis... Et le coin est si vrai qu’on a envie de faire de même aujourd’hui.