dimanche 28 novembre 2021

Solution à l'énigme biblique : saint Jacques le Mineur, mangeant ou se curant les dents !

Le village de Bondo fait partie du val Bregaglia, une de ces pittoresques petites vallées des Grisons (CH) tournées vers le Sud. Celle-ci a la particularité d’être à la fois italophone et protestante. 

Son église romane date du 13e siècle et est dédiée à saint Martin. 

A l’intérieur une grande peinture murale médiévale présente la Cène dans la disposition habituelle. Les apôtres et Jésus au centre, tous du même côté de la table. Pourtant quelques éléments sont très originaux. Le nom des apôtres est inscrit sur la nappe devant eux. C’est ainsi qu’on reconnait Jacobus Minor, Jacques le Mineur (non pas le terrassier mais le petit, le plus jeune par rapport au Majeur !) 




Ce qui est aussi frappant, c’est qu’un des arcs de l’église tombe à droite de Jésus et défigure la composition, mais sans déranger outre mesure Jean qui dort sur les genoux de Jésus. Comme si l’église a connu après la peinture un remaniement architectural. On aurait dû faire autrement !

Ce qui est aussi très singulier c’est le contenu des mets de cette table très chargée. Outre de la viande, du pain, des fruits, les verres et les carafes diverses,  on voit un nombre impressionnant de petits crustacés (genre écrevisses). Les apôtres se sustentent à cœur joie avec leurs mains et leur couteau. Rien n’empêche de penser que Jacques le mineur se laisse aller à se curer les dents, au grand dam ou à la grande joie du peintre qui « découvre » la scène, la Cène ! 


PS : l’église recèle aussi un magnifique Christ en gloire dans la plus pure tradition du Haut Moyen Age.

mercredi 24 novembre 2021

le Christ Roi



Un ami me fait parvenir une photo magnifique de la croix de l’Aboillon. Dans la région valaisanne d’Émosson, la pointe d’Aboillon domine des vallées enchanteresses qui languissent dans les lumières de l’automne. Et le regard de ceux qui l’ont conquise s’émerveille des crénelures grises et blanches de l’horizon lointain. La montagne telle qu’on l’aime. 

Comme sur de nombreux pics de nos Alpes catholiques, une croix signe le paysage. Même contestées par quelques idéologues du laïcisme pur-sang, la plupart de ces croix sont en fer forgé ou en bois très massif, capables de résister aux rigueurs des climats d’altitude et de certaines rognes anti-chrétiennes. 

La croix de l’Aboillon  porte sur elle un crucifié, qui au premier abord, semble mal en point. Un des bras s’est détaché du Corps du Christ et semble comme projeté en avant. Non, ici le Christ n’est pas défiguré, au contraire il semble tellement désireux d’embrasser le monde que ses bras précèdent et accompagnent le désir. L’effet est saisissant. 

Il n’y a pas toujours lieu de polémiquer sur la présence de signes chrétiens sur des hauteurs qui sont à tous. Mais justement ici, le crucifix de l’Aboillon semble tellement humble et candide avec son bras déchiqueté qu’on lui pardonne de vouloir embrasser l’univers entier. Il le fait avec une telle délicatesse désintéressée que même un alpiniste athée en reste bouche close. « La neige et les rochers s’étaient unis pour l’arracher... », mais peut-on ôter un si simple désir d’aimer. 

lundi 22 novembre 2021

la solution de l'énigme : Janus


Il s'agit d'une représentation du dieu Janus, dans le baptistère de Parme.

Le baptistère de Parme qui se trouve sur la place de la Cathédrale est une œuvre exceptionnelle par son architecture, mais aussi par les sculptures et les peintures qui s’y trouvent. 

Alors que l’extérieur présente une construction à 8 côtés, l’intérieur en a le double : 16 côtés avec presque l’aspect d’un cercle entourant  la cuve baptismale centrale. Tout est fait pour que les baptisés et ceux qui les accompagnent bénéficient d’une large catéchèse et d’une belle méditation.

Un programme de décoration extrêmement sophistiqué fait défiler des thèmes liés au baptême mais aussi liés au déroulement des mois, des saisons et aux travaux des champs. 

Cette statue-ci est intégrée à la présentation du mois de janvier, le mois de Janus. Elle représente le dieu symbolique de l’ouverture et de la fermeture de l’année. Janus a deux visages, un qui regarde vers l’avant et l’autre vers l’arrière. 

Sur la photo nous remarquons qu’on a installé un miroir pour permettre aux visiteurs de voir la face arrière de Janus...

mardi 16 novembre 2021

le Corps de Dieu

Je suis perplexe. Je m’apprête à visiter la petite église de Chandolin, sise parmi les mélèzes du Val d’Anniviers. Près de la porte et de quelques tombes, je lis cette inscription, bien façonnée dans du plomb noir : LE CORPS DE DIEU A SES ANCÊTRES. 


Je ne suis certes pas dans les arcanes profonds de ces hameaux, mais là vraiment je bloque. Qu’est-ce que cela veut dire ? Je pénètre dans l’église et dans mon esprit, pour trouver la solution de cette énigme.

D’abord A est-il le verbe avoir ou la préposition à ? Si c’est le verbe avoir, il est vrai que le corps de Dieu, c’est le corps de Jésus qui a des ancêtres dont la longue et magnifique liste de l’évangile de Mathieu, chapitre 1, témoigne...

Mais les ténèbres s’épaississent si l’on prend en compte que le corps de Dieu, ce n’est pas seulement le corps charnel de Jésus mais aussi son corps mystique, c’est-à-dire l’Eglise. Qui sont les ancêtres de l’Eglise ? Sans doute toute cette foule qui bouillonne dans l’Ancien Testament...

Si A est la préposition à, cela voudrait dire que le corps de Dieu, la communauté paroissiale actuelle rend hommage à ses ancêtres qui reposent en paix autour de l’église.  

De retour chez moi, je trouve la solution. Le « Corps de Dieu » est l’association villageoise chargée d’organiser la Fête-Dieu de Chandolin. Par cette inscription elle veut rendre hommage à ceux qui ont fait vivre ce patrimoine. 

Je me rends compte que les autres interprétations ne sont pas exclues mais au contraire donnent de la force à cette dernière.

lundi 15 novembre 2021

la solution de l'énigme biblique : le baptême de Jésus

Il s’agit d’une représentation du baptême de Jésus, dans le baptistère sis à côté de la magnifique cathédrale de Parme en Italie. 

Sur un seul pan de fresque, le peintre représente plusieurs scènes qui défilent de droite à gauche. D’abord Jean-Baptiste baptisant au bord du Jourdain désigne Jésus qui vient à lui, puis il le baptise alors que le Père au-dessus lui insuffle l’Esprit et que des anges sur la gauche gardent les vêtements du Seigneur. La transition entre les deux scènes est subtilement aménagée par les gens qui se déshabillent pour recevoir eux aussi le baptême de Jean. 




mercredi 10 novembre 2021

la solution de l'énigme : saint François de Sales

 

Oui il s’agit bien de Monsieur de Genève ! Saint François de Sales (1567-1622) est Savoyard à une époque où la Savoie n’est pas en France. Né d’une famille noble des environs d’Annecy, il étudie le droit à Paris, où il découvre la théologie. Prêtre, puis évêque de Genève, il réside à Annecy, car Genève est la "Rome" des calvinistes. Il fréquente les plus grands esprits catholiques de l'époque, notamment saint Vincent de Paul. Lui-même fonde, avec Sainte Jeanne de Chantal, l'Ordre des Visitandines pour mettre la vie religieuse à la portée des femmes de faible santé. Son "introduction à la vie dévote" est un ouvrage qui s'adresse à chaque baptisé. Dans un style tout sauf bigot, il y rappelle que tout laïc peut se sanctifier en faisant joyeusement son devoir d'état, en lequel s'exprime la volonté de Dieu. Ses ouvrages sont écrits dans une langue français savoureuse et restent des monuments de la littérature spirituelle. 

Une pensée : On a besoin de patience avec tout le monde, mais particulièrement avec soi-même.

 

Son influence en Valais, dont les liens avec la Savoie sont immémoriaux, est claire. Le vitrail présenté ici est à l’église de Flanthey dans le Valais central. 

lundi 8 novembre 2021

l'énigme oblique de la semaine

Il n'est pas français. Par contre c'est un écrivain qui écrit dans un français magnifique.
Qui est-ce ? 


vendredi 5 novembre 2021

Solution de l'énigme de la semaine : saint Joseph dans la crèche


Oui pas facile, il s'agissait bien de saint Joseph sur une peinture murale du temple de Villeneuve.

Cette petite ville, au bord du Léman, n’est pas très loin de chez moi et pourtant, resté sur la rive du lac, je n’avais jamais traversé sa grand-rue ni pénétré dans la savoureuse atmosphère de son vieux temple. 

C’est désormais chose faite. L’église a gardé son caractère médiéval et cistercien. Un mélange de roman et de gothique, délicatement sobre. Mais elle s’est permise aussi quelques audaces dont une particulièrement réussie. En 1936, on a demandé à Louis Rivier, un peintre protestant fort fécond en Suisse romande, de décorer toute une chapelle en haut dans le coin droit de l’édifice. Maniant avec une belle élégance le trompe l’œil et la fresque à l’italienne, navigant entre classicisme et art nouveau, Rivier livre une Nativité très originale. Il sort des compositions convenues avec l’enfant de la crèche au milieu, entouré de ses parents, et symétriquement de l’âne et du bœuf et ainsi de suite des personnages secondaires. Ici chaque berger, chaque ange, chaque fleur, chaque objet de l’humble ménage a son histoire propre baignée par une lumière qui vient de partout et de nulle part, ce qui accentue encore la chaleur du Mystère. Marie berce l’enfant Dieu dans un coin de mur ... 


Et alors surgit une évidence. Dans un coin de l’église, dans un coin de la chapelle, dans un coin du mur, l’humilité de Dieu éclate dans toute sa gloire qui illumine Marie, Joseph, les bergers et les anges et finalement toute la création. L’humilité reste pour Dieu la manière la plus efficace de dire sa gloire. Il ne nous est pas interdit de l’imiter.