La cathédrale de Soissons pourrait rivaliser avec ses voisines d’Amiens ou de Laon. Mais elle semble être le vilain petit canard, le kalimero de la famille gothique.
Tous les malheurs de l’histoire sont tombés sur elle. Pillée presque tous les siècles depuis sa construction, ravagée par la Révolution et dévastée par la première guerre mondiale, elle n’a même pas été tranquille durant ce début du troisième millénaire qui pourtant sait soigner son patrimoine.
En janvier 2017, une tempête mémorable éventre la façade ouest entraînant l’écroulement de la rosace et de l’orgue. Depuis, le porche d’entrée, à l’opposé du chœur « orienté », panse ses plaies sous les immenses sparadraps que sont les échafaudages entoilés.
Une fois entré, le touriste ou le fidèle fait allégeance à la beauté sévère de ce gothique si noble et digne. Puis il lui faut s’approcher d’un chantier de restauration qui occupe tout le fond de la nef. Des pierres s’ajustent en un immense puzzle rond posé sur le pavement de la cathédrale protégé à cet endroit par une estrade de bois aggloméré. Avec des pierres délicatement sculptées, on est en train de recomposer la rosace d’abord au sol puis en son endroit propre. Elle s’épanouit ainsi sous nos pieds dans une ampleur majestueuse qu’on a peine à imaginer lorsqu’elle sera en place.
Bientôt elle illuminera la nef de ses couleurs.
Nous sommes des rosaces - ou de petits vitraux - de la lumière éternelle ; pour le moment sur terre, nous sommes petit à petit composés et ajustés.
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