Les pluies tropicales apportent leur cortège d’insectes de tout poil et de toute couleur : la plupart n’ont pas de noms pour moi ; alors je me les nomme au hasard : petits hannetons, scarabées gris, scolopendres (parce que le nom est joli), mouches rieuses, cafards du petit coin, charançons débonnaires...
Pour ne pas être trop dégoûté par cette litanie, je concentre regards et cœur sur les papillons et il y a bien à faire. Je vois surtout qu’ils sont fragiles et délicats quelles que soient leurs grandeurs : gros noirs mouchetés, petit gris nocturnes, princes colorés occupés à faire leur cour aux fleurs...
Quelle que soit leur allure, ce qui frappe c’est leur fragilité ; c’est surtout elle qui fait leur beauté et leur caractère. Je me rends compte que leur évolution millénaire, pour trouver une parade, a développé deux stratégies opposées : se montrer orgueilleusement ou se fondre dans le décor. Sur les murs de la maison j’ai déniché deux exemples de ma théorie esthétique et scientifique : une petite feuille verte et rainurée, c’est un papillon ; un masque vénitien à grands yeux colorés et effrayants, c’est un papillon.
Et je peux rapporter cela à l’espèce humaine. Nous sommes tous faibles et fragiles. Face à cela chacun met en avant sa stratégie, certains se font discrets pour prendre de la vie le moins de coups possibles. D’autres bombent orgueilleusement le torse et le cœur, et impressionnent... un temps.
Mais fragiles tous nous restons. N’est-ce pas la grandeur de l’humaine condition ?
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