dimanche 15 septembre 2019

les migrants

La situation est quasi-explosive à Kananga, capitale de la province du Kasaï central où je vis.
Le retour des Kasaïens de l’Angola se fait dans des conditions assez catastrophiques à cause de l’imprévoyance (pour employer un euphémisme) des autorités politiques.

Lors de la guerre civile de Kamuina Nsapu en 2017, un certain nombre de Congolais s’est réfugié de l’autre côté de la frontière et y croupit actuellement dans des conditions assez difficiles (mais, depuis que la guerre est finie, pas nécessairement pires que du côté congolais). 

Certaines autorités politiques semblent avoir incité ces réfugiés à revenir au Kasaï et à retrouver leurs villages et leurs familles. On leur aurait promis une somme d’argent de réinsertion... On a affrété des camions qui ont déversé, ces derniers jours,  un flot ininterrompu de familles dans le centre de Kananga, où 5000 personnes s’entassent dans des concessions catholiques près de l’église Notre-Dame, dans des conditions hygiéniques déplorables, tenant compte surtout que les enfants et les bébés y sont nombreux !

Presque rien n’a été vraiment prévu pour les accueillir. Les autorités semblent vouloir les disperser dans leurs clans et villages, mais les nouveaux arrivés ne partent pas, pour ne pas manquer la fameuse somme de réinsertion qu’on leur aurait promis et qui ne vient pas pour le moment. 

La situation est d’autant plus difficile que la famine menace parmi la population de la province en général. La rentrée scolaire et la situation agricole de semailles (basse saison de récoltes qui ne viendront qu’en décembre) mettent les gens aux abois. Les vols et les pillages se multiplient partout (notre communauté a été volée 3 fois en 15 jours). Cette situation n’aide pas à l’accueil des nouveaux venus !

Un témoignage de « retournés » sur « actualité.cd »
« Nous vivions en Angola. Le gouverneur est venu nous dire que Kabila n'est plus président et que Tshisekedi l'a remplacé. Le gouverneur a affirmé que le président Tshisekedi l'a envoyé nous chercher pour retourner dans notre pays.  Il a même dit que le président nous a envoyé 500.000$ et aujourd'hui nous ne voyons rien. Qu'on nous retourne en Angola », ajoute un autre retourné qui brandit sa carte HCR.

Les conclusions d’une telle aventure sont faciles à tirer, je n’en dirais donc rien, pour ce qui est des autorités, dont on espère qu’elles seront à la hauteur de leur conscience civique et humaine. Pour ce qui est des réfugiés, nous allons voir ce qui se passe, en essayant d’aider à notre place, puisque notre communauté a de la famille dans les retournés...

AINSI les Européens qui se plaignent de la situation de la migration sur leur continent ne se rendent pas toujours compte de ce qui se passe sur les autres continents...



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