lundi 2 septembre 2019

la rentrée



La rentrée scolaire a eu lieu hier. Mais ici rien n'est simple et le jour de la rentrée est surtout le signal qu'il faut " commencer à préparer le matériel de la rentrée" : acheter l'uniforme, les cahiers, les stylos...
Et la rentrée se fait progressivement jusqu'à la semaine prochaine. Hier mes confrères avaient 2 ou 4 élèves dans l'école secondaire qui nous est confiée ! 

UN ARTICLE DE LA CROIX SUR L'ECOLE PRIMAIRE CONGOLAISE 

(Caroline Vinet, le 30/08/2019)


LA CHIMERIQUE GRATUITE DE L’ECOLE PRIMAIRE EN RD-CONGO
Analyse Le gouvernement de Kinshasa veut rendre effective la gratuité de l’enseignement primaire public prévue par la Constitution dès la rentrée scolaire.
Estimé à 2,38 milliards d’euros, le coût d’une telle mesure laisse toutefois planer le doute sur la faisabilité de cette annonce.

La gratuité de l’école primaire devrait entrer en vigueur le 2 septembre en République démocratique du Congo… treize après son inscription dans la Constitution. Promesse de campagne du président Félix Tshisekedi, cette mesure doit permettre aux Congolais les moins fortunés d’offrir à leurs enfants un enseignement jusque-là inaccessible.

Les frais de scolarité à la charge des parents

Ce sont en effet les parents qui paient le salaire des enseignants. « En principe, nous touchons à peine 100 000 francs congolais (l’équivalent de 60 dollars) en plus d’une prime d’encouragement de 20 dollars tout au plus. Soit 80 dollars par mois (72 € NDLR) », témoigne un enseignant d’école privée. Les parents doivent également payer les fournitures scolaires.

En RD-Congo, un gouvernement ubuesque

L’éducation est inabordable pour beaucoup dans un pays où le PIB moyen par habitant est de 495 dollars par an (l’équivalent de 448 €), soit 1,35 dollar par jour. Selon les derniers chiffres du gouvernement qui datent de 2014, l’État « dépense environ 57 dollars par an pour chaque élève de primaire. En guise de comparaison, le Cap Vert dépense environ 1 157 dollars par tête chaque année », souligne Nicole Bella, statisticienne en charge de l’analyse des politiques éducatives à l’Unesco.

La crainte d’un effet d’annonce

La gratuité supposerait donc une hausse drastique des dépenses étatiques. Réunis en « table ronde sur la gratuité dans l’enseignement de base » le 24 août, les experts ont estimé à près de 4 200 milliards de francs congolais (2,38 milliards d’euros) le budget qu’elle représenterait pour la seule année 2020. Soit 40 % du budget total de l’État. Malgré l’assurance du gouvernement de commencer l’opération dès la rentrée, son coût n’a pas été inscrit dans le budget 2019.

« J’ai peur que cela ne reste qu’un vœu pieu et que ça mette du temps à se mettre en place », confie à La Croix la déléguée générale de SOS enfant, Christel Rocheteau. À la veille de la rentrée, difficile en effet d’imaginer les 3,5 millions d’enfants « en âge de fréquenter le primaire », recensés par le Partenariat mondial de l’éducation (PME) et qui ne sont pas scolarisés, reprendre tous ensemble le chemin de l’école.

« C’est un engagement politique important qui ne tient pas compte de certaines réalités », poursuit Jean-Mobert Senga, spécialiste de la RDC à Amnesty International. « Il faut aussi noter le problème de la qualité de cet enseignement. Les écoles sont dans un très mauvais état. »

Une qualité d’enseignement dépendante d’un retour à la paix

Entre 2002 et 2014, le PME notait pourtant une nette amélioration de l’enseignement primaire, estimant à 70 % le nombre d’élèves achevant le primaire, contre 29 % près de dix ans plus tôt. Mais pour Jean-Mobert Senga, cette période correspond à un retour « relatif » à la stabilité dans le pays. Or, la situation s’est dégradée depuis, et les chiffres n’ont pas été actualisés.

L’Unicef relève dans un rapport d’août 2019 que plus de 1,9 million d’enfants d’Afrique de l’Ouest et centrale ont été chassés de leur école ces deux dernières années à cause de conflits armés. La RDC ne fait pas exception. La région du Kivu dans l’est du pays, en particulier, connaît une recrudescence des violences.

Sud-Kivu, la troisième guerre du Congo a-t-elle commencé ?

Pour Nicole Bella, cela ne veut pas forcément dire qu’il y a moins d’enfants scolarisés. « Il peut y avoir fermeture d’école, et en même temps une augmentation des effectifs et un entassement des enfants dans les écoles disponibles. Mais la qualité de l’éducation peut en pâtir. »

Tous saluent donc une volonté louable du gouvernement, mais bien peu se font des illusions. Ce n’est pas la première fois que la RDC promet de rendre gratuite l’école primaire. En 2016, une première table ronde avait déjà été réunie, mais elle n’avait pas été suivie d’effet.

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