J’arrive au
bout d’une épopée magnifique, d’une aventure extraordinaire, d’une odyssée
hors du commun, dont je suis particulièrement fier : je viens de finir la
lecture in extenso des MEMOIRES D’OUTRE-TOMBE
de CHÂTEAUBRIAND.
Je
connaissais le monument par bribes. En éditions françaises (et surtout
scolaires) il n’est la plupart du temps accessible qu’en extraits. Il fallait
un peu de courage de se lancer sur cette face nord de la culture française,
sans tricher, sans prendre de télécabine, sans se faire héliporté.
Je vous
assure que cela vaut la peine. Châteaubriand est le témoin d’un temps parmi les
plus cruciaux de l’aventure humaine : l’effondrement de l’Ancien Régime et
le surgissement chaotique d’un Monde nouveau. Il porte sur ce temps son regard
aiguisé mais poétique, lucide mais chaleureux, très engagé mais éminemment
libre.
Je trouve
dans ce grand frère chrétien, décomplexé dans une époque peu tendre pour les
chrétiens, un modèle à admirer et à imiter... de loin... si tant est que ce
soit possible. Notre époque, bouleversée et bouleversante a beaucoup de traits
de la sienne. Comme j’aimerais avoir son regard, sa verve passionnée et sa
distance dépassionnée.
Je lui
rends ici hommage en citant deux phrases :
On s’endort
au bruit des royaumes tombés pendant la nuit, et que l’on balaye chaque matin
devant notre porte.
(Chateaubriand,
Les Mémoires d’outre tombe, 3,10,11)
Et surtout
l’adieu des dernières phrases :
Je vois les
reflets d’une aurore dont je ne verrai jamais se lever le soleil. Il ne me
reste qu’à m’asseoir au bord de ma fosse ; après quoi je descendrai
hardiment, le crucifix à la main, dans l’éternité.
(Chateaubriand,
Les Mémoires d’outre tombe, 4, 10, 9)
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