mercredi 16 mai 2018

l'eau dans le vide

Mi-mai. Nous avons rendez-vous, sur ma colline tropicale, avec la saison sèche qui va durer jusqu’à la mi-août. Pour nous dire adieux, les dernières pluies sont particulièrement drues et abondantes. Par malheur, c’est aussi le moment où l’eau de notre puits (bien actif pendant 4 ans) a décidé de nous faire faux bond. Nous devons trouver des solutions de remplacement, envisageons d’aménager une source au flanc de la colline et surtout d’augmenter la capacité de nos citernes d’eau de pluie.

Pour récolter les dernières eaux des dernières pluies de la saison, nous faisons venir un ingénieur et un plombier à qui nous demandons de dévier l’eau d’une gouttière vers une des citernes de nos cours. Ils installent un tuyau et un coude, puis repartent, après avoir empoché notre argent.

Les pluies arrivent et l’eau vive, au lieu de se laisser guider à travers le coude et le tuyau, se déverse verticalement (ce qui est son chemin habituel). Et va se perdre dans les champs déjà détrempés.  C’est que le coude est mal conçu, mal colmaté, mal soudé... Une petite fente et voilà toute une richesse qui s’égare dans la nature à notre grand dépit !


Il se trouve que c’est aussi le temps de Pentecôte. Et je me sens l’âme poétique. Il y a aussi une Richesse qui vient des cieux, que l’on ne voit pas, qui mystérieusement se déverse sur nous. Quelquefois, il suffit d’une petite fente, une petite imperfection mal placée pour que la grâce du moment, comme une pluie généreuse, se déverse dans le vide au lieu d’alimenter nos réserves de vie.

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