Mi-mai. Nous avons rendez-vous, sur ma colline
tropicale, avec la saison sèche qui va durer jusqu’à la mi-août. Pour nous dire
adieux, les dernières pluies sont particulièrement drues et abondantes. Par
malheur, c’est aussi le moment où l’eau de notre puits (bien actif pendant 4
ans) a décidé de nous faire faux bond. Nous devons trouver des solutions de
remplacement, envisageons d’aménager une source au flanc de la colline et
surtout d’augmenter la capacité de nos citernes d’eau de pluie.
Pour récolter les dernières eaux des dernières pluies
de la saison, nous faisons venir un ingénieur et un plombier à qui nous
demandons de dévier l’eau d’une gouttière vers une des citernes de nos cours.
Ils installent un tuyau et un coude, puis repartent, après avoir empoché notre
argent.
Les pluies arrivent et l’eau vive, au lieu de se
laisser guider à travers le coude et le tuyau, se déverse verticalement (ce qui
est son chemin habituel). Et va se perdre dans les champs déjà détrempés. C’est que le coude est mal conçu, mal
colmaté, mal soudé... Une petite fente et voilà toute une richesse qui s’égare
dans la nature à notre grand dépit !
Il se trouve que c’est aussi le temps de Pentecôte. Et
je me sens l’âme poétique. Il y a aussi une Richesse qui vient des cieux, que
l’on ne voit pas, qui mystérieusement se déverse sur nous. Quelquefois, il
suffit d’une petite fente, une petite imperfection mal placée pour que la grâce
du moment, comme une pluie généreuse, se déverse dans le vide au lieu
d’alimenter nos réserves de vie.
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