mardi 29 mai 2018

Ninive

Je reviens de ma retraite annuelle faite dans le noviciat des carmélites apostoliques en ville de Kananga. C’était très bien…
J’ai bien prié avec des soeurs qui priaient beaucoup et bien : office de heures en entier, adoration, chapelet, litanies diverses et variées. La totale. Je n’avais qu’à me laisser faire! Et ce fut efficace !

Comme méditation j’avais pris à tout hasard le petit livre de Francine Carillo sur Jonas (Labor et fides 2017). C’était plus que bien ! Une écriture assez ramassée et poétique. Un de ces livres plutôt petits mais pas légers!

Juste une phrase (p. 54), qui m’a fait méditer un jour et qui prend un certain relief quand on sait ce qu’il advient aujourd’hui de la plaine de Ninive (Iraq) :

« Aller à Ninive... C’est quelque chose comme se cogner au réel, endurer les coups et les bleus, affronter ce qui résiste, se confronter à son impuissance à changer le monde comme soi-même. En somme, vivre la vraie vie! C’est aller là-dedans et ne pas désespérer, ce qui est l’exact appel du chemin spirituel ».




lundi 21 mai 2018

un grand classique


J’arrive au bout d’une épopée magnifique, d’une aventure extraordinaire, d’une odyssée hors du commun, dont je suis particulièrement fier : je viens de finir la lecture in extenso des MEMOIRES D’OUTRE-TOMBE  de CHÂTEAUBRIAND.

Je connaissais le monument par bribes. En éditions françaises (et surtout scolaires) il n’est la plupart du temps accessible qu’en extraits. Il fallait un peu de courage de se lancer sur cette face nord de la culture française, sans tricher, sans prendre de télécabine, sans se faire héliporté.

Je vous assure que cela vaut la peine. Châteaubriand est le témoin d’un temps parmi les plus cruciaux de l’aventure humaine : l’effondrement de l’Ancien Régime et le surgissement chaotique d’un Monde nouveau. Il porte sur ce temps son regard aiguisé mais poétique, lucide mais chaleureux, très engagé mais éminemment libre.

Je trouve dans ce grand frère chrétien, décomplexé dans une époque peu tendre pour les chrétiens, un modèle à admirer et à imiter... de loin... si tant est que ce soit possible. Notre époque, bouleversée et bouleversante a beaucoup de traits de la sienne. Comme j’aimerais avoir son regard, sa verve passionnée et sa distance dépassionnée.

Je lui rends ici hommage en citant deux phrases :

On s’endort au bruit des royaumes tombés pendant la nuit, et que l’on balaye chaque matin devant notre porte.
(Chateaubriand, Les Mémoires d’outre tombe, 3,10,11)

Et surtout l’adieu des dernières phrases :

Je vois les reflets d’une aurore dont je ne verrai jamais se lever le soleil. Il ne me reste qu’à m’asseoir au bord de ma fosse ; après quoi je descendrai hardiment, le crucifix à la main, dans l’éternité.

(Chateaubriand, Les Mémoires d’outre tombe, 4, 10, 9)