Dans l’après-guerre du Kasaï, les besoins de
la population sont immenses. Des enfants meurent en ville comme à la campagne
des suites infectieuses de la malnutrition. Les parents n’ont plus les moyens
d’envoyer leurs enfants à l’école, ni de nourrir leur famille convenablement.
Les déplacements ont désorganisé le matériel ménager, etc. etc.
Un certain nombre d’ONG sont présentes sur le
territoire du Kasaï, mais leur réelle efficacité est encore à démontrer. On a
l’impression que certaines sillonnent les routes pour évaluer, chiffrer,
décrire et énumérer les besoins mais que cela s’arrête là. Et il y a un côté un
peu désespérant. On raconte aussi des histoires de dons humanitaires
volatilisés, mais cela arrive tellement souvent que personne ne semble s’en
offusquer plus que tant.
Pourtant je peux au moins raconter une
opération réussie. Celle du NRC, le Conseil Norvégien pour les Réfugiés. Cette
ONG a décidé d’assimiler tous les déplacés de la guerre à des réfugiés et a
monté un projet d’aide au retour des familles dans les villages. Elle a
organisé dans notre commune une vaste foire humanitaire, à la pointe de la
technologie.
Après des séances d’information, elle a
distribué méthodiquement des cartes à puces à tous les responsables de famille.
Sur la carte une somme d’argent équitable. Puis elle a invité une trentaine de
commerçants à monter leur boutique sur un champ de foire où étaient proposés
des produits de première nécessité : nourriture, ustensiles, habits...
Les bénéficiaires venaient acheter avec leur carte les produits dont ils avaient besoin et leur carte était débitée sur le téléphone du marchand... Il y avait des contrôleurs des opérations et des bureaux de contentieux. Et cela marchait bien à la satisfaction de tous. Les couacs furent plus rares que je ne l’aurais imaginé.
Les vieilles mamans de notre village, qui
dorment sur une natte posée par terre sous leur toit de chaume, ont été
projetée directement au siècle électronique et ont fait leur emplette avec des
cartes à puces ! Emouvant.
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