Fidèle, dernier né de la paroisse, est arrivé
dans la vie, tout en courage pour lutter contre l’adversité !
Et de l’adversité il y en a : sa maman
est toute jeune, elle a accouché chez elle, presque seule, elle avait été abandonnée
par son père du bébé, elle n’a aucun moyen et est venue pleurnicher à la
paroisse pour qu’on l’aide. Ce qu’on a fait. Dans l’ambiance de l’après-guerre
où la malnutrition et le manque de tout font rage, nous faisons au mieux pour
rendre effective notre vocation chrétienne de solidarité, mais ce n’est pas
toujours facile.
Notre père économe a donné à la maman le drap
blanc des nouveaux nés... et quelques sous pour acheter de la nourriture pour
nourrisson.
Sous prétexte qu’il était blanc comme moi
(nourrissons se dit « bébés blancs » en tshiluba, parce qu’ils
naissent avec la peau claire, qui fonce avec les semaines), on est venu me
présenter Fidèle, non sans arrière-pensées...
Ainsi demain est déjà moins sombre. Mais que
sera après-demain ? Pourvu que son destin ne s’assombrisse pas au même
rythme que son teint !
Il y a trois jours, un autre enfant (de moins
de 2 ans) du village est mort des suites infectieuses de la faim. Son papa
venait travailler au terrain de foot avec cet enfant dans un bras (et une bêche
dans l’autre !), car la mère devait s’occuper d’un autre plus jeune
qu’elle venait de mettre au monde. Je trouvais tellement incongru qu’il ait un
enfant et une bêche dans chaque main et qu’il veuille travailler ainsi, que je
n’ai pas remarqué l’état déplorable de l’enfant. On l’a envoyé trop tard à
l’hôpital... Cela pleure au-dedans de moi !