Dans un terminal de l’aéroport de Kinshasa
trône une publicité en faveur de la conservation des grands singes. De magnifiques
photos de chimpanzés et gorilles encadrent trois slogans : La douane de la RDC lutte contre le trafic
illicite d’espèces sauvages. Sauvons les derniers grands singes sauvages.
Soyons le rempart entre leur survie et leur disparition.
Il y a là quelque chose de pathétique. Il faut
conserver les espèces animales et la biodiversité ; une lutte constante
contre les dégats que l’homme inflige à la nature est plus que nécessaire. Et
pourtant on ne peut s’empêcher de mettre en relation le massacre des singes et
le massacre des humains : sur ce dernier, aucun slogan nulle part... On tue
si allégrement en RDC que cela devient de la routine.
Dans l’est du pays, près des « sanctuaires »
des grands singes, des hommes se font massacrer, des femmes se font violer, des
enfants se font exploiter dans des mines gérées par des espèces sauvages qui
n’ont pas toutes la peau noire et dont certaines portent cravate et attaché-caisse.
La lutte contre les trafics illicites doit
s’opérer inlassablement, mais il est malheureusement possible d’être plus
touché par le massacre des gorilles que par celui des êtres humains. Peut-être
en imaginant, par un cynime inconscient, que l’espèce humaine est si féconde en
RDC qu’elle n’est pas en train de disparaître... Dès que le caractère sacré de
la nature humaine n’estompe dans la pensée, celle-ci dérape facilement. Et la
conservation des grands singes est la peau de banane de la pensée écologique.
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