C’était il y a quelques semaines...
Je flâne dans l’ouest de la France. Passant par les vignobles bordelais à quelques encablures de Saint-Emilion, je me réjouis d’une étape depuis très longtemps désirée : le château de Montaigne. A la limite entre les départements de la Gironde et de la Dordogne, la propriété du grand écrivain est comme sertie dans un vert écrin de prairies, de vignes et de forêts. Un endroit idéal pour penser et écrire, si son époque avait été aussi idyllique que les paysages d’aujourd’hui.
A l’accueil où se vendent les billets de la visite, je suis seul. C’est un jour tranquille de mai, les affluences estivales sont encore loin. J’ai un sympathique jeune guide pour moi tout seul. Il va me faire visiter le clou du spectacle, la fameuse tour où Michel de Montaigne a écrit ses Essais, un des monuments phares de la culture européenne.
La première chose que mon compagnon de découverte culturelle me dit : « Attention, veuillez bien baisser la tête ! » Je ris, parce qu’en fait c’est le seul et unique commentaire qu’il convient de faire ici. Bien sûr l’escalier est bas et les élancés risquent de se fracasser le front dans les colimaçons et les pas de portes... Mais il s’agit aussi de baisser la tête devant le génie d’un homme de stature magnifique, dont le corps n’était pas grand mais dont l’esprit aiguisé était vaste comme l’univers. Baisser humblement la tête devant un homme qui avait aussi l’humilité de s’accepter comme il était, et le monde aussi. N’avait-il pas fait inscrire sur le plafond de sa bibliothèque (« levez la tête », dit mon guide !), en latin et comme sorti des proverbes de la bible dont il était pétri : Le sommet de la science humaine, c’est de prendre les choses comme elles sont.
Chapeau bas, Sieur Montaigne !
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