Je promène mon dimanche à travers la Drôme des collines, la partie nord du département de ce nom. Chabeuil est un gros bourg adossé à une petite pente proche de Valence. Depuis le bord d’une verdâtre rivière nonchalante, on passe par un rempart et une porte médiévale, et tout de suite on respire le Midi dans les ocres et les gris joyeux des petites maisons serrées les unes contre les autres. Puis on monte par des venelles et des escaliers de pierre, vers une église fortifiée... malheureusement fermée !
L’intérêt de la visite de Chabeuil et de la promenade à travers ses rues doit être ailleurs. Il semble en effet qu’un luron, gai et facétieux, furette dans ce village : sur les murs qui se dorent au soleil ou dorment à l’ombre, s’étalent des tags très lyriques et décalés qui font nécessairement sourire. Toujours le même style quant à la forme et au fond poétiques. Un génie anonyme a frappé !
Il y a ainsi : LEVANT SEUL EVE et l’on se retrouve avec Adam dans un frais matin des débuts du monde... MERE VEILLE EUX et l’on pense au miracle des sourires de nos mamans penchés sur des berceaux éternels... Et ainsi de suite et cela donne envie de parcourir les ruelles du village de cette chasse au trésor, ou plutôt aux TREIZE ORS.
Malgré le TROP 2 FOTE (d’un contradicteur nettement moins inspiré) et le NIK L’OR TÔT GRAF final (dont j’apprécie la pépite centrale), je décide de ne pas me ranger du côté des grincheux de l’ordre et de la propreté. Dans cet air dominical et vivifiant, je me réconcilie un peu avec ces mots de la rue et des nuages. Je me dis que la poésie est assez géniale pour aller se loger là où on ne l’attend pas et mettre dans le quotidien une pincée de sel et une brindille de piment qui changent tout !
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