Il s’agit d’un prosopophorion, littéralement un porte-masque. Cette pochette contenait un masque contre la peste.
Il replacer cet objet liturgique dans son contexte historique. Le début du siècle XXI est très tourmenté en Europe ainsi que dans le monde entier. Entre l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris (MMXIX) et la Grande Guerre Slave (MMXXII), une peste amenée de l’Empire oriental par la Route de la soie décime les populations d’Europe puis du monde entier. En quelques mois des millions de morts sont comptés. Les Eglises chrétiennes sont prises entre deux feux : il faut prier plus et en même temps éviter de contaminer les fidèles en les rassemblant. Après des semaines d’hésitations, s’établissent quelques règles liturgiques simples : ablutions à l’entrée des églises, ports de masque antipeste, distanciation sociale, contingentement. Notons que c’est à cette date qu’a disparu de la liturgie catholique le très traditionnnel geste de paix. Il n’a pas survécu à la peste.
En matière de prévention et d’hygiène, les prélats présidant les cérémonies montrent l’exemple. Mais, comme ils doivent parler, ils ne portent pas le masque antipeste durant toute la cérémonie, mais le mettent seulement au moment de la distribution eucharistique (la gestion de celle-ci quant aux récipiendaires est assez chaotique, malgré les incitations du pontife romain François Ier de communier sur la main...). Quand il n’est pas utilisé, le masque pour rester hygiénique est glissé dans une petite pochette dont s’occupe le servant géloféraire...
C’est ainsi qu’est apparu dans certains lieux d’avant-garde ce petit sac au liséré violet, signe qu’il appartient à un prélat (ici le Père Abbé de l’Abbaye territoriale de Saint-Maurice). Par contre l’énigme continue : pourquoi y a-t-il des sapins comme symbole sur le prosopophorion ?
(NB : Vu sa rareté, cet objet n’est pas montré dans le trésor de l’Abbaye de Saint-Maurice, il faut faire une demande écrite au Père Abbé actuel pour le voir !)
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