Je fais une petite promenade de délassement à travers les fourrés de mon réseau social habituel. Après quelques clics et quelques défilements, je rencontre un « minimaliste ». Un minimaliste est une bête rare dans notre humanité contemporaine, mais c’est une rareté qui interroge.
Il s’agit d’un individu qui fait partie d’une mouvance rebelle qui pense qu’on peut vivre, et vivre bien, avec beaucoup moins de choses autour de soi et à soi. C’est d’abord un mouvement de réflexion sur le nécessaire et le superflu, qui tend à développer un vrai art de vivre avec peu, avec presque rien.
Mon minimaliste - celui que j’ai rencontré au hasard de mon réseau social - a décidé de ne vivre qu’avec cent objets. Oui, vous avez bien lu, il ne possède que cent choses. Au début je me disais que cent c’est déjà pas mal, mais j’ai déchanté humblement quand j’ai compté que sur ma table de travail, où j’écris cet article à l’ordinateur, j’avais déjà 42 objets sans compter les papiers rangés dans les chemises, parce que je me flatte d’être assez ordré. Je me lève, regarde ma bibliothèque, puis bifurque vers mon lavabo, et je me sens complètement largué malgré mes aspirations à la sobriété.
Le plus intéressant de l’affaire n’est pas de compter ses objets mais de leur donner une importance. Pour ne pas dépasser cent possessions, il faut remplacer chaque objet usé par un autre vraiment utile. Alors on regarde mieux son univers, on se l’approprie mieux. Et on arrive à cette conclusion paradoxale : quand on a moins, on possède plus ! parce qu’on possède mieux.