samedi 8 janvier 2022

des mésanges en hiver



En Haute-Savoie, près de la vallée de l’Arve, pas très loin de la Suisse, se trouve la petite ville de Taninges qui s’étend sur un plateau rural et touristique. C’est dans ce cadre que se trouvait la chartreuse de Mélan. Il n’en reste plus grand chose : une église, un cloître et quelques communs, le tout rassemblé en un espace culturel dernier cri. J’y fais un tour, mais préfère les extérieurs. 

De belles pelouses accueillent une exposition permanente de sculptures d’art moderne. L’esprit et le cœur y vagabondent. Une installation attire particulièrement mon attention. C’est un bosquet d’herbes hautes d’où émergent de longues perches de métal sur lesquelles sont perchés des passereaux. Ils ont l’air de monter, de descendre et de s’y accrocher vigoureusement.

Ce serait simplement joli, si cela n’évoquait une tragédie. Car cette œuvre est un mémorial. Après la fermeture du monastère à la Révolution, la chartreuse est devenue un collège puis un orphelinat départemental. Le 6 mars 1967, un incendie éclate faisant dix-huit jeunes victimes et détruisant la majeure partie des bâtiments. 

Il y a une résilience dans l’histoire des hommes ; ainsi a-t-on relevé ce qui pouvait l’être et le site est devenu un magnifique centre culturel départemental.  Mais il reste le cri du destin de ces 18 enfants...  

Y a-t-il une résilience possible ? Les petites mésanges de bronze sur leur perche rappellent que chaque vie humaine fauchée par le malheur est une mélodie de moins dans le chant de l’histoire. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire