Jean était un des balami (assistants pastoraux) de la paroisse. Un bon type, un type bon. Une maladie des yeux lui a imposé d’abandonner progressivement toute activité tant professionnelle (il est cultivateur comme la plupart de nos paroissiens) que pastorale. Il a une grande famille avec des enfants encore jeunes et des grands dont certains sont déjà mariés, d’autres ont migré soit à Kananga, capitale provinciale, soit à Kinshasa, capitale nationale. Ses garçons qui sont au loin l’ont d’ailleurs fait venir et payé les frais d’une thérapie ophtalmique à Kin qui malheureusement n’a pas eu les effets escomptés et Jean est revenu sur la colline, désormais aveugle.
Ce dimanche matin, premier de l’Avent, je concélèbre la messe. Peu après l’introduction, la chorale chante « Mfumu utufuile luse », « Seigneur prends pitié de nous »... La porte de l’église est ouverte et je vois depuis ma place au chœur, en vue plongeante dans la lumière d’un clair matin, Jean arriver à la messe d’un pas mal assuré, tenu par les mains d’un côté par un vieux papa (un voisin) et de l’autre par un enfant (son petit fils ?)... Le groupe entre lentement dans l’église et s’installe, chacun des acolytes guidant le malvoyant dans les bancs... C’est la prière d’ouverture : « Seigneur, donne-nous d’aller avec courage sur les chemins de la justice... » Jean est immobile, il prie. C’est l’Avent.
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