Les hasards de la canicule d’août m'ont poussé à visiter l’ombre et la fraîcheur relatives du temple d’Yverdon, et cela vaut vraiment le détour. Le bâtiment est typique de l’architecture réformée qui veut rompre résolument avec le décorum catholique.
C’est une belle halle bien proportionnée avec des bancs en amphithéâtre autour de la chaire. Le message premier est clair : il faut se laisser pénétrer par la parole de Dieu et du pasteur. Pourtant après cette entrée en matière, les clins d’œil œcuméniques sont nombreux : une immense composition picturale en cinq panneaux de Louis Rivier - un peintre du cru, qui a eu ses heures de gloire au milieu du XXe - veut rien moins que dépeindre le Mystère de la Rédemption. Pour cela il faut voir large, au sens propre et au sens figuré.
Ainsi le peintre a rassemblé autour de la croix du Christ tout un concours de personnalités diverses et variées comme les grands réformateurs protestants, les grands figures de la sainteté catholique, les prophètes et les philosophes des temps antiques : pendant que Calvin et Luther semblent fouiller ensemble une bible, le pape Pie XII esquisse un geste de bénédiction et Pascal médite et saint Vincent de Paul croise les bras en attendant une action charitable à faire, pendant que des philosophes ou sages en turban attendent l’éclosion de la vérité finale. Ce peuple est si compact que le spectateur se demande si une place autour de la rédemption se libérera pour lui ! Mais qu’il ne s’inquiète pas, qu’il tourne la tête et sur le mur opposé du temple se trouvent les anciennes stalles médiévales récupérées et presqu’ajustées long du mur. Presque parce qu’au milieu des apôtres et des prophètes sculptés reste une place est vide et chacun peut s’y voir logé.
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