jeudi 9 juillet 2020

SOINS SANS FRONTIERES - 1/8

PETIT ROMAN D'ETE. Rapatrié d’urgence de RDC suite à une infection, je vous raconte ici quelques moments mémorables d’une odyssée spéciale en plein coronavirus. 
 
Le fleuve Lulua depuis le pont au bas de notre Colline
LE MASQUE

Punaise ! Une chique ! Petite, installée dans mon orteil. Lorsqu’elle se met à me chatouiller, l’infirmier de ma Colline au Kasaï me l’enlève. Cela se cicatrise. Mais voilà que l’orteil se rebiffe, rougit, s’infecte, m’agace, me fait boîter.
L’infirmier fait une moue si perplexe que je décide d’aller voir ailleurs, chez les sœurs de Saint Joseph, des amies qui gèrent un petit centre de santé de bonne tenue en banlieue de Kananga. Je réquisitionne un ami et sa moto, mais j’emporte une inquiétude : va-t-on me refouler à la barrière ?  
D’habitude, sur la grand-route, policiers et militaires tiennent un péage et se remplissent les poches. Mais en ce temps de pandémie, la barrière a été installée au pont de la Lulua, la grande rivière du bas de notre colline, pour éviter que des malins contournent à travers la brousse. Officieusement cela assure mieux les recettes, mais officiellement toute personne qui entre en ville sera sanitairement contrôlée! A côté de la barrière, une ONG a installé des tentes en plastique (pour isoler les fiévreux ?)... J’ai peut-être raison d’être inquiet, avec mon pied en pagaille et mes sueurs...
Arrivés sur place, personne ne semble vouloir s’occuper de nous... Tout à coup surgit d’une case un quidam en blouse blanche, essoufflé et suant, avec son pistolet (blanc pour la température), il s’approche, se ravise, va chercher un masque, le place devant la bouche mais pas derrière les oreilles et me met en joue : « Ok, passez ! ». Nous passons  et lui retourne à sa bière...

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