PETIT ROMAN D'ETE. Rapatrié d’urgence de RDC suite à une infection, je vous raconte ici quelques moments mémorables d’une odyssée spéciale en plein coronavirus.
LES CRIS
L’hôpital catholique Saint-Georges de Kananga vient d’être rénové par les soins de l’archevêché et le résultat est tout à fait convaincant. La chambre qui m’accueille est dans les normes sanitaires et l’espace salle de bain est grand. Dans un coin de celui-ci un matelas plastifié est entreposé, qui va être étendu au pied de mon lit pour que mon confrère puisse me veiller pendant la nuit. C’est la coutume, le malade est constamment entouré par sa famille et ses amis ; c’est excellent pour sa psychologie, par contre pour sa physiologie c’est une autre question...
Sans doute perturbé par mes récentes aventures, mon sommeil tarde à venir, surtout qu’il est concurrence avec le système électrique. Des panneaux solaires ont été installés et durant la nuit les batteries correspondantes font un bruit intermittent et néanmoins lancinant. Il agresse ma tête à un point que j’en viens à prier le ciel pour qu’il s’arrête (qu’il tombe en panne, même si je n’ose l’exprimer ainsi à mon Dieu)... Je suis exaucé, mais à un point que je n’aurais imaginé. Dès que le bruit du système solaire a cessé de tourner, voilà que les cris d’un enfant montent du couloir vers mon cœur. Une ligne de pleurs, puis des cris de douleurs, de nouveau des pleurs, puis un petit silence, puis répétition de la même lamentation.
Une bonne leçon que Dieu m’a donnée – inopinément, certes. S’il a écouté ma prière pour le bruit de la machine, c’est qu’il est là... Tout à côté des cris de cet enfant. Jardin des oliviers.