vendredi 19 juin 2020

un passager clandestin

Fraîchement débarqué du Congo où le confinement se vivait à la manière souple du Sud, je m’étonne des méthodes de déconfinement de ma Suisse. Je fais ma convalescence en mon Abbaye de Saint-Maurice et c’est là que je vis ma première messe de l’après-pandémie. La messe de la Fête-Dieu. Tout est organisé pour respecter à la lettre les prescriptions tant gouvernementales qu’ecclésiales. A la porte de l’église, un novice veille au grain, compte les fidèles... Tout se passe bien et la procession du Saint-Sacrement dans la basilique se révèle une alternative positive à la grande parade de la Fête-Dieu dans les rues de la ville.
Au repas, on discute de tout cela. Le novice nous raconte que des policiers en civil se sont arrêtés devant notre basilique, ont sorti un appareil sophistiqué qu’ils ont dirigé vers l’église, y ont lu le nombre de fidèles présents à l’intérieur grâce aux signaux de leur portable, ont vu que tout était en ordre (pas de dépassement du nombre autorisé) et sont partis.
Je suis ébahi. A la fois émerveillé devant une telle prouesse technique et un peu inquiet sur les capacités de « traçabililité » de nos personnes... En fait cela ouvre un abîme de perplexité. Où vons-nous ? dit-on ironiquement au Congo !
Puis je me souviens que j’avais oublié mon portable dans ma chambre. Et donc j’étais à cette messe comme un passager clandestin sur la grande Nef eucharistique qui va sa route sur la mer du Temps. Les sbires humains ne m’ont pas repéré. Mais celui qui tient le gouvernail m’a compté. En secret !


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