vendredi 2 mars 2018

la patience

En parcourant les actualités de la RDC sur le web, je suis tombé sur une nouvelle à peine croyable et pourtant vraie, révélatrice d’un pays qui s’effondre sur tous les plans :

« Le commissaire provincial de la police du Kasaï-Central appelle à la patience les éléments de la police qui ne touchent pas leurs salaires depuis trois ans. Fidel Caumba affirme que ce dossier est en cours de traitement à Kinshasa. »

Non, ce n’est pas une faute de frappe, le paiement des salaires de ces policiers de ma province a un retard, non de trois jours (nous sommes le 2 du mois !) ni de trois semaines, ni de trois mois, mais de trois ans ! Suit dans l’article on-line de la radio de l’ONU (Radio Okapi), l’explication de ce chaos : il y a eu de fausses inscriptions sur le registre du personnel et le serveur informatique a de la peine à pointer et à résoudre les irrégularités, etc., etc...

Sans salaire depuis 3 ans, ces policiers ont des familles à nourrir et des enfants à scolariser. Ils rançonnent donc à qui-mieux-mieux les gens sur les routes, qui eux-mêmes sont là pour nourrir leur famille et scolariser leurs enfants et qui se voient dépouiller du peu qu’ils peuvent gagner...

Poursuivons la radiographie du chaos. Ces jours des voitures blanches banalisées mais impressionnantes sèment la terreur à Kananga et dans ses environs, jusque sur ma colline. Elles enlèvent des jeunes mal habillés ou malpropres et les emmènent à des destinations inconnues. En effet la rumeur insistante parle de militaires qui recrutent de force des jeunes et les conduisent dans des casernes éloignées. On raconte qu’un de ces jeunes a pu avertir sa famille qu’il se trouvait près de Goma, dans un camp militaire, à 800 km...

Face à l’oppression qui frappe aveuglément, la patience et l’endurance ont un sens... Alors qu’en Europe on râle quand le concert de la fanfare commence avec 10 minutes de retard parce que le directeur est bloqué sur la route enneigée...

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