J’ai mieux compris les problèmes de la parole
chrétienne dans la société technologique l’autre matin à la messe dominicale. Une
église de la ville voisine de ma Colline, ambiance africaine, chorale
enthousiaste, jeunesse, cohue et affluence autour des 80 séminaristes du Grand
Séminaire qui recevaient la soutane ou le ministère de lecteurs et d’acolytes.
Tout était là pour bien célébrer. Sauf qu’il fallait aussi pouvoir écouter,
accueillir une parole et entendre un commentaire autorisé : c’est l’Archevêque
soi-même qui présidait...
Or l’Eglise locale manque de moyens et la sonorisation
était particulièrement approximative. De jeunes techniciens – plus jeunes que
techniciens – manipulaient et inter-changeaient quelques micros, appuyaient sur
des boutons incertains et déplaçaient des fils piétinés. Le résultat était
déplorable. Le son commençait en sourdine, puis se réglait plus ou moins, puis un
effet Larsen déséquilibrait le tout, puis un moment de répit, puis des
grésillements qui dégénéraient en vrombissements inexplicables, puis une trêve
passable, puis une mort subite, puis une résurrection inopinée au milieu d’une
phrase qui en devenait bancale. Et ainsi de suite pendant trois heures – on est
en Afrique !
N’est-ce pas une parabole de l’audibilité de la Parole
de Dieu dans notre monde ? Le trésor est là mais porté par un matériel
fragile : les Chrétiens ! Dont les humeurs font sourdine, dont les
incohérences de vie créent des grésillements agaçants, dont les querelles de clochers
provoquent des effets Larsen, dont les scandales engendrent des surdités
totales etc. etc.
Mais en fait le miracle reste entier : Dieu
parle ! Et c’est déjà pas mal.
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