samedi 10 février 2018

la souffrance

Je sors de ma première crise de malaria depuis mon arrivée au Congo en 2012. La maladie m’a littéralement mis à genoux au sens propre comme au sens figuré... Mais actuellement je l’ai dépassée grâce à du repos et aux bons soins reçus.

La hideuse fièvre m’a tourné autour sans que je m’en rende compte vraiment. Et lorsqu’il a bien fallu s’avouer vaincu, juste avant de sombrer, j’ai été conduit au dispensaire des Sœurs de Saint Joseph de Tarbes qui m’ont soigné et accueilli comme hôte chez elles avec un autre prêtre de l’archidiocèse qui était aussi malade.

Dès mon arrivée, une doctoresse m’a reçu immédiatement avec la sœur infirmière responsable. Le Dr Florence est laïque consacrée congolaise tandis que la Sœur Molly est indienne (la communauté des sœurs de Tarbes est très internationale).

Comme j’arrivais transporté à moto-taxi, il a fallu attendre un moment que je me calme pour me prendre la tension (elle était finalement normal), puis faire une prise de sang qui a diagnostiqué officiellement la malaria.

Pendant ce « temps mort », nous discutons avec la doctoresse et l’infirmière qui sont très alarmées de l’état sanitaire de la population surtout des enfants et de leurs mamans. La situation a encore empiré depuis la guerre du Kasaï de l’an dernier. De façon un peu désabusée et fataliste elles m’avouent qu’elles savent bien que l’aide internationale a peine à arriver à destination des plus démunis. Les denrées acheminées par l’UNICEF se volatilisent (détournées pour être vendues) et les ONG diverses brassent beaucoup d’air pour peu de résultats concrets sur le terrain des petits dispensaires de proximité. Il faut beaucoup lutter pour obtenir un sac de soja pour une bouillie indispensable à sauver des vies.

Cette situation est clairement le résultat de la politique d’un pays qui s’effondre. C’est le sauve-qui-peut général  et la débrouille immorale au détriment des plus petits.


De nombreux enfants, l’avenir de ce pays, meurent. Heureusement des Dr Florence et des sœurs Molly sont là comme des veilleurs, persévérants et tenaces pour faire ce que l’Eglise catholique doit faire être du côté des petits qui souffrent.

PS : après trois jours de soin chez les sœurs de Tarbes et un peu repos, me voilà rétabli, et plus solidaire de la souffrance des autres, même si je ne m’y habitue pas.  

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